Les autorités de la République populaire de Chine (RPC) ainsi que les médias d’État et du parti communiste chinois (PCC) amplifient régulièrement la propagande, les théories du complot et la désinformation du Kremlin. Cette amplification rationalise la guerre injustifiée et non provoquée du président Poutine contre l’Ukraine tout en sapant la confiance dans les États-Unis et les autres pays, les institutions démocratiques et les médias indépendants. Par le biais de plateformes de médias sociaux interdites en RPC, les médias de la RPC et du PCC et les « loups guerriers » de la diplomatie de la RPC transmettent les arguments biaisés du Kremlin au public en plusieurs langues et à travers le monde. Parallèlement, à l’intérieur de la RPC, le PCC et les entités soutenues par l’État censurent les reportages crédibles sur les atrocités commises par la Russie en Ukraine, tout en accusant l’OTAN et les États-Unis d’être responsables de la guerre brutale que Poutine a choisi de mener. La ligne de « neutralité pro-russe » des responsables de la RPC évite toute approbation ou condamnation publique explicite de l’invasion par la Russie et de sa conduite en Ukraine, et continue d’insister sur le fait que Beijing est une partie prenante neutre qui respecte « la souveraineté et l’intégrité territoriale de toutes les nations ». En réalité, le fait que les médias et les responsables de la RPC et du PCC continuent d’amplifier sans critique les messages de Moscou démontre le soutien de Beijing à la Russie.
LA BOÎTE À OUTILS DE LA RPC POUR INFLUENCER L’OPINION PUBLIQUE SUR L’UKRAINE
- Les médias de la RPC et du PCC présentent des informations et des allégations non vérifiées provenant des médias d’État et de responsables russes. Comme dans un cercle vicieux, les médias d’État russes citent ensuite les médias de la RPC et du PCC pour illustrer le fait que la position de la Russie est largement soutenue.
- Les médias de la RPC et du PCC relaient de manière favorable les faux récits de la Russie, tout en censurant et en coupant considérablement les propos des responsables des États-Unis et d’autres pays démocratiques ainsi que des médias indépendants, de même que des voix critiques au sein de la RPC, concernant la guerre de la Russie contre l’Ukraine et les atrocités commises par les forces russes.
- Les « loups guerriers » de la diplomatie de la RPC renforcent les récits du Kremlin en amplifiant et en repostant le contenu de médias marginaux et d’influenceurs anti-OTAN et anti-États-Unis qui s’alignent sur les récits de Beijing. Ce contenu est fréquemment repris dans la propagande de la RPC, du PCC et du Kremlin.
CHRONOLOGIE DU SOUTIEN DE LA RPC AU NÉGATIONNISME RUSSE ET AU REJET DE LA RESPONSABILITÉ SUR L’OUEST
FÉVRIER 2022 – LE SOUTIEN DE LA RPC DANS LA PRÉPARATION ET LA PRÉSENTATION INITIALE DE L’INVASION PAR LA RUSSIE: Juste avant l’invasion massive de l’Ukraine par la Russie le 24 février 2022, les médias et les responsables de la RPC et du PCC ont qualifié de campagne de « désinformation » ratée et de « terrorisme de l’information » les propos tenus par des responsables américains et d’autres sur l’invasion imminente par la Russie – faisant ainsi écho aux déclarations antérieures du ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, Sergueï Lavrov, et de la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova. Depuis, les médias et les responsables de la RPC et du PCC refusent ostensiblement de qualifier de « guerre » la nouvelle invasion non provoquée de l’Ukraine par la Russie, parlant plutôt de « crise » ou reprenant le terme officiel du Kremlin d’« opération militaire spéciale ». En revanche, ils privilégient le mot « invasion », une technique qui vise à noyer le poisson et à rediriger l’indignation vers l’Occident, l’OTAN et les États-Unis.
MARS 2022 – FORTE AMPLIFICATION DES MESSAGES DU KREMLIN CONCERNANT LES LABORATOIRES BIOLOGIQUES PARRAINÉS PAR LES ÉTATS-UNIS EN UKRAINE: Le 8 mars, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères de la RPC, Zhao Lijian, a commencé à amplifier les désinformations démystifiées de la Russie selon lesquelles les États-Unis auraient parrainé des laboratoires d’armes biologiques en Ukraine, amplifiant notamment directement la désinformation propagée par Dilyana Gaytandzhieva, qui contribue régulièrement à South Front et à News Front, des médias pro-Kremlin sanctionnés par les États-Unis. Ces accusations fabriquées de toutes pièces s’appuient sur des années de messages opportunistes véhiculés par la Russie et la RPC. Selon un partenaire de recherche du GEC, l’amplification par la RPC de la désinformation au sujet des prétendus laboratoires américains d’armes biologiques en Ukraine a évolué au point d’être l’une des plus grandes campagnes de désinformation de la RPC depuis 2018, avec des messages ciblant le public en plusieurs langues et à travers le monde.
AVRIL 2022 – DÉNI DE LA RESPONSABILITÉ DE KREMLIN POUR LES ATROCITIES À BOUTCHA: Après que l’Ukraine a accusé la Russie de crimes de guerre contre des civils à Boutcha, près de Kyiv, les autorités de la RPC ont supprimé toute discussion sur le sujet en Chine et des responsables ont appelé à l’ouverture d’une enquête sans reconnaître les preuves qui discréditent le négationnisme de la Russie. Le 3 avril, le ministère des Affaires étrangères et le ministère de la Défense de la Russie ont affirmé que « les images de Boutcha [étaient]… une provocation mise en scène par le régime [de Kyiv] ». Dans les jours qui ont suivi la déclaration de la Russie, les médias d’État et du parti chinois ont amplifié les théories du complot de la Russie selon lesquelles les États-Unis et l’Ukraine auraient fabriqué des preuves des atrocités, tandis que les responsables de la RPC ont appelé « toutes les parties » à s’abstenir de toute « politisation » et de toute « accusation infondée ».
AVRIL 2022 – REFUS DE FAIRE PORTER AU KREMLIN LA RESPONSABILITÉ DE L’ATTAQUE DE KRAMATORSK: Les responsables de la RPC et les médias d’État chinois se sont gardés de rapporter des faits qui impliqueraient la responsabilité de la Russie dans des attaques contre des cibles civiles, même lorsque, le 8 avril, un missile balistique Tochka-U a frappé la principale gare ferroviaire de Kramatorsk, en Ukraine, faisant plus de 50 morts, dont cinq enfants, et des centaines de blessés. Le ministère russe des Affaires étrangères a nié toute responsabilité dans cette frappe, affirmant que seule l’Ukraine utilisait le missile en question, et ce, malgré les preuves du déploiement de ces armes par la Russie dans le passé. Comme dans le cas de Boutcha, les responsables de la RPC ont réagi à l’attentat de Kramatorsk en demandant qu’une enquête approfondie soit menée et que « toutes les parties » s’abstiennent de toute « politisation » et de toute « accusation infondée ». Les médias de la RPC et le consul général de la Chine à Osaka, au Japon, Xue Jian, sont allés jusqu’à reprendre la théorie du complot russe selon laquelle l’Ukraine serait responsable du bombardement de ses propres civils à Kramatorsk.
Pour de plus amples informations sur les moyens mis en œuvre par la RPC et le PCC pour amplifier la désinformation du Kremlin, nous vous suggérons les sources suivantes: le New York Times, The Atlantic, The Diplomat, la BBC, le groupe Alliance for Securing Democracy et le DoubleThink Lab.
Voir le contenu d’origine : https://www.state.gov/disarming-disinformation/prc-efforts-to-amplify-the-kremlins-voice-on-ukraine/ Nous vous proposons cette traduction à titre gracieux. Seul le texte original en anglais fait foi.