Département d’État des États-Unis
Antony J. Blinken, secrétaire d’État
Le 19 avril 2021
Discours
Philip Merrill Environmental Center
Annapolis, Maryland
MONSIEUR LE SECRÉTAIRE BLINKEN : Eh bien, bonjour à tous. Et Will, merci pour cette merveilleuse présentation. Et je vous remercie de nous avoir prêté ce cadre et cette toile de fond absolument spectaculaires – certainement les meilleurs que j’ai eus au cours de mon bref mandat en tant que secrétaire. Et merci beaucoup à la Fondation Chesapeake Bay pour votre engagement durable à sauver la baie.
La baie de Chesapeake a été formée il y a près de 12 000 ans par la fonte des glaciers. Aujourd’hui, elle s’étend sur 320 kms et abrite plus de 3600 espèces de plantes et d’animaux. Cent mille rivières et ruisseaux déversent chaque jour près de 2 milliards d’hectolitres d’eau dans la baie. Plus de 18 millions de personnes vivent dans le bassin versant et beaucoup en dépendent pour leur subsistance. L’industrie locale des fruits de mer est à elle seule à l’origine de quelque 34 000 emplois et de près de 900 millions de dollars de revenus annuels.
Et pourtant, comme Will l’a mentionné, le réchauffement des températures causé par l’activité humaine transforme la baie. Son eau monte. Et la terre – y compris là où je me trouve actuellement – est en train de s’enfoncer à cause de la fonte des glaciers qui ont formé la baie. Si cela continue au rythme actuel, dans seulement 80 ans, la baie s’étendra sur des kilomètres à l’intérieur des terres, et engloutira les maisons de 3 millions de personnes, détruira des routes, des ponts, des fermes. De nombreuses plantes et animaux de la baie disparaîtront. Il en sera de même pour l’industrie de la pêche. Pour les enfants de mes enfants, le paysage sera méconnaissable.
Nous devons l’empêcher tant que nous le pouvons encore.
C’est la raison pour laquelle le président Biden a entamé des démarches pour réintégrer l’Accord de Paris juste après son entrée en fonction et a nommé le secrétaire Kerry au poste d’envoyé spécial du président pour le climat, le premier de notre pays, pour qu’il dirige nos efforts dans le monde entier. C’est aussi la raison pour laquelle le président Biden a invité 40 dirigeants du monde entier à Washington cette semaine pour un sommet sur le climat.
Et c’est la raison pour laquelle l’administration Biden-Harris fera plus que toute autre dans l’histoire pour faire face à notre crise climatique. Il s’agit déjà d’un travail tous azimuts au sein de notre gouvernement et dans l’ensemble de notre pays. Notre avenir dépend des choix que nous faisons aujourd’hui.
En tant que secrétaire d’État, mon travail consiste à veiller à ce que notre politique étrangère serve les intérêts des Américains en relevant les plus grands défis auxquels ils sont confrontés et en saisissant les plus grandes opportunités susceptibles d’améliorer leur vie. Aucun défi ne fait intervenir ces deux facettes aussi clairement que le climat.
Si l’Amérique ne parvient pas à jouer un rôle de chef de file dans le monde sur le plan de la lutte contre la crise climatique, il ne restera plus grand-chose du monde. Si elle y parvient, nous profiterons de la plus grande opportunité de création d’emplois de qualité depuis des générations ; nous bâtirons une société plus équitable, plus saine et plus durable ; et nous protégerons cette magnifique planète. C’est le test auquel nous sommes confrontés en ce moment.
Aujourd’hui, je voudrais expliquer comment la politique étrangère américaine nous aidera à relever ce défi.
Il n’y a pas si longtemps, nous devions imaginer l’impact du changement climatique. Personne n’a plus besoin de l’imaginer.
Au cours des 60 dernières années, chaque décennie a été plus chaude que celle qui l’a précédée.
Les phénomènes météorologiques sont de plus en plus extrêmes. Pendant la vague de froid de février, les températures du Nebraska au Texas étaient de plus de 40 degrés en dessous de la normale. Rien qu’au Texas, des milliers de personnes se sont retrouvées sans abri, plus de 4 millions de personnes privées de chauffage et d’électricité, et plus de 125 personnes sont mortes. Il peut sembler contre-intuitif que le réchauffement climatique entraîne un temps froid. Mais à mesure que l’Arctique se réchauffe, l’air froid est poussé vers le sud. Et cela peut contribuer à entraîner des vagues de froid sans précédent comme celle du Texas.
La saison des feux de forêt en 2020 a brûlé plus de 40 000 km2. C’est plus que la superficie de l’État du Maryland. Nous avons été témoins de cinq des six plus grands incendies de forêt de l’histoire de la Californie et du plus grand de l’histoire du Colorado.
Les catastrophes naturelles en 2020 ont coûté en tout aux États-Unis environ 100 milliards de dollars.
Simultanément, 2019 a été l’année la plus humide jamais enregistrée pour les 48 États au Sud. De fortes pluies et des inondations ont empêché les agriculteurs du Midwest et des Grandes Plaines de cultiver 7,7 millions d’hectares.
Et de 2000 à 2018, le sud-ouest américain a connu sa pire sécheresse depuis le 16ème siècle – le 16ème siècle.
Bientôt, il n’y aura plus de records à battre.
Les coûts – en dommages monétaires, en moyens de subsistance, en vies humaines – ne cessent d’augmenter.
Et à moins d’inverser la tendance, cela ne va qu’empirer.
Des orages plus fréquents et plus intenses, des périodes de sécheresse plus longues, des inondations plus importantes, une chaleur plus extrême et un froid extrême, l’élévation plus rapide du niveau de la mer, plus de personnes déplacées, plus de pollution, plus d’asthme.
Des coûts de santé plus élevés, des saisons moins prévisibles pour les agriculteurs. Et tout cela affectera le plus durement les communautés à faible revenu, noires et de couleur.
La dernière partie est importante. Les coûts de la crise climatique pèsent de manière disproportionnée sur les personnes de notre société qui peuvent le moins les assumer. Mais il est également vrai que la lutte contre le changement climatique offre l’un des outils les plus puissants dont nous disposons pour lutter contre l’iniquité et le racisme systémique. La façon dont nous réagissons peut aider à briser le cycle.
Ce sont toutes des raisons pour lesquelles nous devons réussir à prévenir une catastrophe climatique. Mais le monde a déjà pris du retard sur les objectifs que nous nous sommes fixés il y a six ans avec l’Accord de Paris. Et nous savons maintenant que ces objectifs n’étaient déjà pas assez ambitieux. Aujourd’hui, la science ne laisse aucun doute : nous devons maintenir le réchauffement de la Terre à 1,5 degré Celsius pour éviter une catastrophe.
L’Amérique a un rôle clé à jouer pour atteindre cette cible. Nous ne représentons qu’environ 4 % de la population mondiale, mais nous sommes responsables de près de 15 % des émissions mondiales. Cela fait de nous le deuxième plus grand émetteur de gaz à effet de serre au monde. Si nous faisons notre part du travail chez nous, nous pouvons apporter une contribution significative à la résolution de cette crise.
Mais cela ne suffira pas. Même si les États-Unis parviennent à la neutralité carbone demain, nous perdrons la lutte contre le changement climatique si nous n’arrivons pas à régler le problème des 85 % d’émissions provenant du reste du monde.
Tout cela aura des répercussions majeures sur notre sécurité nationale.
Prenez n’importe quel problème de sécurité qui touche les États-Unis. Le changement climatique ne fera que l’empirer.
Le changement climatique exacerbe les conflits existants et accroît la probabilité de l’émergence de nouveaux conflits – en particulier dans les pays où les gouvernements sont faibles et les ressources rares. Sur les 20 pays que la Croix-Rouge considère comme les plus vulnérables au changement climatique, 12 sont déjà le terrain de conflits armés. À mesure que les ressources essentielles comme l’eau s’amenuiseront, que les gouvernements s’efforceront de répondre aux besoins d’une population croissante, nous verrons plus de souffrances et de conflits.
Le changement climatique peut également créer de nouveaux théâtres de conflit. En février, un pétrolier russe a traversé pour la première fois le Nord de l’Arctique. Jusqu’à récemment, cette voie maritime n’était praticable que quelques semaines par an. Mais le réchauffement climatique en Arctique est deux fois plus rapide que celui de la moyenne du reste du monde, de sorte que cette période se prolonge considérablement. La Russie profite de ce changement pour tenter d’exercer un contrôle sur de nouveaux espaces. Elle modernise ses bases dans l’Arctique et en construit de nouvelles, dont une à seulement 480 kms de l’Alaska. La Chine renforce également sa présence dans l’Arctique.
Le changement climatique peut également être un facteur de migration. Il y a eu 13 ouragans dans l’Atlantique en 2020 – le nombre le plus élevé jamais enregistré. L’Amérique centrale a été particulièrement touchée. Des tempêtes ont détruit les foyers et les moyens de subsistance de 6,8 millions de personnes au Guatemala, au Honduras et au Salvador, et anéanti des centaines de milliers d’hectares de cultures, entraînant une augmentation massive de la faim. Des mois après les tempêtes, des villages entiers sont toujours engloutis dans la boue, et les gens découpent des morceaux de leurs maisons enterrées pour les vendre comme ferraille.
Les catastrophes qui frappent les personnes vivant déjà dans la pauvreté et l’insécurité sont souvent la goutte d’eau qui fait déborder le vase, et elles poussent ces gens à abandonner leurs communautés à la recherche d’un meilleur endroit où vivre. Pour de nombreux Centraméricains, cela signifie essayer de se rendre aux États-Unis – même quand nous ne cessons de dire que la frontière est fermée, et même si le voyage s’effectue dans des conditions extrêmement difficiles, en particulier pour les femmes et les filles qui font face à un risque accru de violence sexuelle.
Tous ces défis font peser des menaces supplémentaires sur notre armée. L’Académie navale américaine est à seulement 8 kms au nord d’ici, et la base navale de Norfolk, la plus grande base navale du monde, à environ 320 kms au sud. Ces deux bases – et les missions critiques qu’elles soutiennent – font face à une menace imminente liée au changement climatique. Et ce ne sont là que deux des dizaines d’installations militaires que le changement climatique met en péril. De plus, nos forces armées interviennent souvent face aux catastrophes naturelles qui deviennent de plus en plus fréquentes et destructrices. En janvier, le secrétaire à la Défense Austin a annoncé que l’armée intégrerait immédiatement le changement climatique dans sa planification et ses opérations et dans son évaluation des risques. Comme l’a dit le secrétaire Austin, et je le cite : « Peu d’activités du département pour défendre le peuple américain ne sont pas touchées par le changement climatique ».
Cela dit, ce serait une erreur de ne penser au climat qu’à travers le prisme des menaces. Voici pourquoi. Chaque pays sur la planète doit faire deux choses : réduire ses émissions et se préparer aux effets inévitables du changement climatique. L’innovation et l’industrie américaines peuvent être au premier plan dans les deux cas. C’est ce que le président Biden veut dire quand il dit, je cite, « Quand je pense changement climatique, je pense emplois ».
Pour vous donner une échelle, pensez que d’ici 2040, le monde fera face à un déficit des infrastructures de 4 600 milliards de dollars. La construction de ces infrastructures constitue un enjeu énorme pour les États-Unis. Pas seulement le fait qu’elle débouche ou non sur des opportunités pour la main-d’œuvre et les entreprises américaines, mais aussi son caractère écologique et durable, et la transparente de ses processus, le respect des droits des travailleurs, le doit d’expression des populations locales, et elle ne doit pas non plus enliser les gouvernements et les collectivités en développement dans l’endettement. C’est une opportunité pour nous.
Ou pensez encore aux investissements massifs que les pays réalisent dans les énergies propres. Les énergies renouvelables sont désormais la source la moins chère d’électricité en gros dans des pays où vivent les deux tiers de la population mondiale. Et le marché mondial des énergies renouvelables devrait atteindre 2 150 milliards de dollars d’ici 2025. C’est plus de 35 fois la taille du marché actuel des énergies renouvelables aux États-Unis. Les techniciens de l’énergie solaire et éolienne figurent déjà parmi les métiers qui connaissent la croissance la plus rapide en Amérique.
Il est difficile d’imager que les États-Unis puissent gagner la compétition stratégique à long terme avec la Chine s’ils ne sont pas à l’avant-garde de la révolution des énergies renouvelables. Mais pour le moment, nous sommes à la traîne. La Chine est le plus grand producteur et exportateur de panneaux solaires, d’éoliennes, de batteries et de véhicules électriques. Elle détient près du tiers des brevets mondiaux en matière d’énergies renouvelables.
Si nous ne rattrapons pas notre retard, l’Amérique laissera passer l’occasion de façonner l’avenir climatique du monde en accord avec nos intérêts et nos valeurs, et nous priverons les Américains d’innombrables emplois.
Soyons clairs : le premier objectif de notre politique climatique est de prévenir les catastrophes. Nous souhaitons de tout cœur que chaque pays, chaque entreprise, chaque communauté parvienne à mieux réduire ses émissions et renforcer sa résilience.
Mais cela ne veut pas dire pour autant que l’Amérique est indifférente au développement de ces innovations et à leur exportation dans le monde entier. Et cela ne veut pas dire non plus que nous ne souhaitons pas influencer les modalités de la réduction des émissions des pays et leur adaptation au changement climatique. Alors, comment pouvons-nous y parvenir ?
Nous pouvons commencer par mener par l’exemple. Les principes fondamentaux suivants guideront notre approche de la réalisation de nos objectifs climatiques ambitieux.
Nous augmenterons considérablement nos investissements dans la recherche et le développement d’énergie propre, pour jouer un rôle de catalyseur d’avancées technologiques au profit des communautés américaines et pour créer des emplois aux États-Unis.
Nos investissements climatiques viseront non seulement à promouvoir la croissance, mais aussi l’équité. Nous serons inclusifs, et veillerons à l’offre aux Américains de tout le pays – et de diverses communautés – d’emplois bien rémunérés et de la possibilité d’adhérer à un syndicat.
Nous autonomiserons les jeunes, non seulement parce qu’ils subiront davantage les conséquences du changement climatique, mais aussi en raison de l’urgence, de l’ingéniosité et du leadership dont ils font preuve face à cette crise.
Nous mobiliserons les États, les villes, les entreprises grandes et petites, la société civile et d’autres coalitions à titre de partenaires et de modèles. D’autres font depuis longtemps des travaux novateurs dans ce domaine. Nous allons les soutenir et partager les bonnes pratiques.
Et ceci est important : nous garderons à l’esprit que malgré toutes les opportunités offertes par l’inévitable passage à l’énergie propre, tous les travailleurs américains ne gagneront pas à court terme. Certains moyens de subsistance et les communautés qui dépendaient de vieilles industries seront durement touchés. Nous n’abandonnerons pas ces Américains. Nous offrions à nos compatriotes américains des voies d’accès à de nouveaux moyens de subsistance durables et un soutien tout au long de cette transition.
Juste après son entrée en fonction, le président Biden a créé le groupe de travail interinstitutions sur les communautés liées au charbon et aux centrales électriques et la revitalisation économique. Il travaille avec l’ensemble du gouvernement en vue d’identifier et de mobiliser des ressources fédérales nécessaires à la revitalisation de l’économie locale des communautés du charbon, du pétrole, du gaz et des centrales électriques, ainsi qu’en vue de garantir des avantages sociaux et des protections à leurs travailleurs. Et dans le cadre de son plan pour l’emploi américain, le président a proposé un investissement initial de 16 milliards de dollars pour combler des puits et des mines de pétrole et de gaz abandonnés et donner ainsi à des centaines de milliers de personnes des emplois syndiqués.
Si nous pouvons rester fidèles à ces principes tout en atteignant nos objectifs climatiques, nous proposerons un modèle avec lequel d’autres pays voudront s’associer et qu’ils voudront suivre.
Dans le souci de ces valeurs, voici comment le département d’État entend s’appuyer sur notre politique étrangère pour répondre aux besoins du peuple américain en matière de climat.
Premièrement, nous placerons la crise climatique au centre de notre politique étrangère et de notre sécurité nationale, comme le président Biden nous a demandé de le faire lors de sa première semaine de mandat. Cela signifie qu’il faut tenir compte de la façon dont chaque engagement bilatéral et multilatéral – chaque décision politique – aura un impact sur notre objectif de mettre le monde sur une voie plus sûre et plus durable. Cela signifie également veiller à ce que nos diplomates aient la formation et les compétences nécessaires pour prioriser le climat dans nos relations dans le monde entier.
Cela ne veut pas dire pour autant qu’il faut laisser les pays faire valoir leurs progrès en matière de climat pour excuser de mauvais comportements dans d’autres domaines importants pour notre sécurité nationale. L’administration Biden-Harris est unie sur ce point : le climat n’est pas un outil de négociation – c’est notre avenir.
Je suis particulièrement ravi que le président Biden ait nommé mon ami John Kerry au poste d’envoyé spécial du président pour le climat. Personne n’est plus expérimenté ni plus efficace pour convaincre d’autres pays de faire preuve de plus d’ambition en matière climatique. Il faut que le monde entier se concentre sur l’action maintenant, et tout au long de cette décennie, pour promouvoir la réalisation de l’objectif d’émissions mondiales nettes nulles d’ici 2050.
Je suis avec John à 100 % dans cet effort. Les dirigeants de nos autres agences gouvernementales américaines aussi. Et son leadership sera indispensable pour incorporer le climat dans le tissu de tout ce que nous faisons au département d’État.
Deuxièmement, à mesure que d’autres pays se mobilisent, le département d’État mettra en œuvre les ressources, le savoir-faire institutionnel, l’expertise technique de l’ensemble de notre gouvernement, du secteur privé, des ONG et de la recherche universitaire pour les aider. Ne serait-ce que ces dernières semaines, nous avons annoncé un nouveau financement pour l’entrepreneuriat dans le domaine des énergies propres et des marchés plus efficaces des énergies renouvelables au Bangladesh, et pour aider les petites entreprises indiennes à investir dans l’énergie solaire. Ces investissements nous rapprochent de nos objectifs climatiques et permettent à des personnes d’avoir accès à l’énergie pour la première fois.
Troisièmement, nous mettrons l’accent sur l’aide aux pays les plus durement touchés par le changement climatique, dont la plupart n’ont ni les ressources ni les capacités nécessaires pour faire face à ses effets déstabilisateurs. Il s’agit en particulier des petits États insulaires en développement, dont un certain nombre s’enfoncent littéralement dans l’océan en raison de l’élévation du niveau de la mer. En 2020, seulement 3 % du financement climatique était destiné à ces pays. Nous devons résoudre ce problème. L’Amérique déploie pour cela des experts et des technologies dans les îles vulnérables du Pacifique et des Caraïbes pour améliorer les systèmes d’alerte rapide et d’intervention, et nous investissons dans le renforcement de la résilience dans des domaines tels que les infrastructures et l’agriculture.
Quatrièmement, nos ambassades montreront la voie sur le terrain. Elles aident déjà les gouvernements à concevoir et à mettre en œuvre des politiques intelligentes face au climat, tout en cherchant des moyens de tirer parti des atouts uniques des secteurs public et privé américains. Le mois dernier seulement, la société américaine Sun Africa a inauguré deux installations d’énergie solaire massives en Angola, dont le site Biopio de 144 mégawatts. Une fois achevée, il s’agira de la plus grande centrale solaire de toute l’Afrique subsaharienne. Le projet fournira suffisamment d’électricité pour 265 000 foyers et éliminera 16655 hectolitres de carburant diesel à forte intensité de carbone que l’Angola importe et brûle chaque année. Ce projet devrait par ailleurs faire appel à environ 150 millions de dollars d’équipement d’énergie solaire qui sera importé des États-Unis. Ce projet est bon pour le peuple angolais, bon pour le climat et bon pour les emplois et le commerce américains. Et il n’aurait tout simplement jamais vu le jour sans les efforts de nos diplomates.
Cinquièmement, nous utiliserons tous les outils à notre disposition pour rendre les innovateurs américains dans le domaine de l’énergie propre plus compétitifs sur le marché mondial. Il s’agit par exemple de l’utilisation d’instruments de financement fournis par l’Export-Import Bank pour encourager les exportations d’énergies renouvelables, l’extension proposée des crédits d’impôt pour la production et le stockage d’énergie propre dans le plan d’emploi américain du président, et la poursuite des efforts de l’administration pour mettre sur un pied d’égalité à l’échelle mondiale les produits et services fabriqués aux États-Unis.
Un soutien comme celui-ci peut avoir un impact démesuré, en particulier parce que le marché actuel des énergies renouvelables ne représente qu’une petite fraction du marché à venir. Au-delà des panneaux solaires, des éoliennes et des batteries, il existe plus de 40 catégories supplémentaires d’énergie propre, notamment l’hydrogène propre, le captage du carbone et les énergies renouvelables de nouvelle génération comme l’énergie géothermique améliorée. Personne ne peut encore revendiquer la domination de ces technologies prometteuses. Et, avec l’aide de notre politique intérieure et étrangère, l’Amérique peut être à l’avant-garde de chacune d’elles et elles peuvent être fabriquées par des Américains.
Une start-up du Massachusetts appelée Boston Metal montre la voie à suivre. Cette entreprise a mis au point un nouveau procédé permettant de produire de l’acier et d’autres métaux plus efficacement et à moindre coût, tout en polluant moins. La majeure partie du secteur sidérurgique américain utilise déjà des technologies propres, mais le PDG de la société, un immigrant brésilien, a vu un marché inexploité dans des pays comme le Brésil, où Boston Metal s’associe à l’industrie pour remplacer des méthodes plus anciennes et plus sales de fabrication de l’acier. Cette entreprise crée des emplois de qualité et bien rémunérés aux États-Unis. L’acier est une industrie mondiale de 2500 milliards de dollars et de nombreux producteurs mondiaux devront franchir ce pas. L’Amérique peut les y aider.
Sixièmement, nos diplomates remettront en question les pratiques des pays dont l’action – ou l’inaction – nous fait prendre du retard. Lorsque des pays continuent de dépendre du charbon pour une part importante de leur énergie, investissent dans de nouvelles centrales à charbon ou autorisent une déforestation massive, les États-Unis et leurs partenaires leur diront à quel point ces actions sont néfastes.
Et enfin, nous saisirons toutes les occasions qui nous sont offertes pour soulever ces questions avec nos alliés et partenaires, et par l’intermédiaire des institutions multilatérales. À l’OTAN, par exemple, il existe un consensus sur le fait que nous devons adapter notre préparation militaire à l’inévitabilité du changement climatique et réduire la dépendance des forces alliées à l’égard des combustibles fossiles, ce qui est à la fois une vulnérabilité et une source majeure de pollution. Je sais que le secrétaire général Stoltenberg, qui a qualifié le climat de « multiplicateur de menaces », prend la lutte contre le changement climatique aussi au sérieusement que nous.
Nous transmettrons un message fort le mois prochain à la réunion du G7 dont les membres produisent le quart des émissions mondiales. Et je représenterai aussi les États-Unis à la réunion ministérielle du Conseil de l’Arctique le mois prochain, où je réaffirmerai l’engagement des États-Unis à atteindre nos objectifs climatiques et encouragerai les autres nations arctiques à faire de même.
Tous ces efforts, chez nous et à l’étranger, nous permettront d’aborder la Conférence des Nations unies sur le climat à Glasgow au mois de novembre en position de leadership favorable.
Je passe une grande partie de mon temps à réfléchir aux menaces à la sécurité et aux intérêts américains – les actions agressives de la Russie ou de la Chine, la propagation de la COVID-19, les défis auxquels sont confrontées les démocraties. Mais une menace tout aussi grave pour le peuple américain – et existentielle sur le long terme – est visible ici, dans la baie de Chesapeake, où les coûts du changement climatique se manifestent déjà.
Pourtant, ici-même, nous pouvons également observer des exemples d’innovation et de leadership américains qui, s’ils sont mis à l’échelle, peuvent empêcher une catastrophe climatique et bénéficier aux travailleurs et aux communautés américains.
Le Maryland s’est engagé à réduire les émissions de l’État d’au moins 40 % d’ici 2030 et à 100 % d’énergie propre d’ici 2040. Le Maryland offre également aux agriculteurs de fortes incitations à planter des cultures de couverture, qui contribuent à piéger le dioxyde de carbone. Plus de 40 % des agriculteurs de l’État cultivent désormais ces plantes. Et d’innombrables autres jouent leur rôle dans la prévention du changement climatique dans la baie – et créent souvent ce faisant des emplois américains.
Il suffit de penser au bâtiment du Centre Merrill ici, d’où je parle. Lors de son ouverture il y a 20 ans, c’était le premier bâtiment LEED Platine au monde, une norme américaine en matière d’efficacité énergétique qui est depuis devenue la référence mondiale. Environ un tiers de son énergie est d’origine solaire. Il consomme 80 % moins d’eau que la plupart des bâtiments de sa taille. Près de la moitié de celui-ci – des matériaux de construction, excusez-moi, viennent de moins de 480 kms. Sa conception permet d’économiser 50 000 dollars par an en coûts d’énergie seulement.
De nouveaux locaux construits par la Chesapeake Bay Foundation en 2014 sont encore plus efficients, grâce aux progrès de la conception et de la fabrication américaines. Ils produisent plus d’énergie qu’ils n’en consomment et toute l’eau qu’ils utilisent est de l’eau de pluie captée. Les panneaux solaires de ce bâtiment proviennent de l’Oregon, ses éoliennes de l’Oklahoma. Ces panneaux solaires et éoliennes sont conçus par des Américains, détenus par des Américains et fabriqués par des Américains. Et des gens du monde entier sont venus étudier ces bâtiments.
Ce sont des changements comme ceux-ci qui aideront à préserver la baie telle que nous la connaissons, ainsi que toutes les communautés et les moyens d’existence qui en dépendent.
Tel est le plan d’ensemble du leadership américain en matière de climat. Associer l’innovation du gouvernement et du secteur privé, des communautés et des organisations. Non seulement atteindre les objectifs de contrôle du changement climatique, mais le faire de manière ouverte, c’est un bon investissement, qui crée des opportunités pour les travailleurs américains.
La crise climatique à laquelle nous sommes confrontés est profonde. L’ignorer aurait des conséquences cataclysmiques. Mais si nous menons par le pouvoir de notre exemple – si nous nous servons de notre politique étrangère non seulement pour amener les autres pays à s’engager à procéder aux changements nécessaires, mais pour faire de l’Amérique leur partenaire dans le cadre de la mise en œuvre de ces changements – nous pouvons transformer le plus grand défi depuis des générations en la plus grande opportunité pour des générations à venir.
Je vous remercie de votre attention.
Voir le contenu d’origine : https://www.state.gov/secretary-antony-j-blinken-remarks-to-the-chesapeake-bay-foundation-tackling-the-crisis-and-seizing-the-opportunity-americas-global-climate-leadership/
Nous vous proposons cette traduction à titre gracieux. Seul le texte original en anglais fait foi.