Département d’état des États-Unis
Antony J. Blinken, secrétaire d’État
Le 12 mai 2021
LE SECRÉTAIRE D’ÉTAT ANTONY BLINKEN : Ned, je vous remercie vivement. Bonjour à tous. Je tiens en premier lieu à vous souhaiter tous une bonne matinée, et un Eid Moubarak à tous ceux qui célèbrent cette fête.
Avant de parler du rapport, je voudrais prendre une minute pour discuter de ce qui se passe en Israël, en Cisjordanie et à Gaza. Nous sommes profondément préoccupés par ce que nous voyons là-bas. Les images qui nous sont parvenues au cours de la nuit sont atroces, et la perte de toute vie civile est une tragédie. J’ai demandé au sous-secrétaire d’État adjoint Hady Amr de se rendre immédiatement dans la région pour s’entretenir avec les dirigeants israéliens et palestiniens. Il mettra à profit ses dizaines années d’expérience et, en particulier, il demandera instamment en mon nom et au nom du président Biden la désescalade de la violence. Nous sommes très concentrés sur ce point.
Les États-Unis demeurent attachés à la solution de deux États. Cette violence nous éloigne encore plus de cet objectif. Nous soutenons entièrement le droit légitime d’Israël de se défendre. Nous avons condamné, et je condamne de nouveau, les attaques à la roquette dans les termes les plus forts possibles. Nous sommes convaincus que les Palestiniens et les Israéliens méritent tous deux de vivre une vie sûre dans la sécurité et nous continuerons de dialoguer avec les Israéliens, les Palestiniens et d’autres partenaires régionaux pour encourager vivement la désescalade et appeler au calme.
Maintenant, je voudrais revenir à ce qui nous rassemble ce matin, et c’est le rapport. Aujourd’hui, le département d’État rend public le Rapport 2020 sur la liberté de religion. Cela fait maintenant 23 ans que nous produisons annuellement ce document. Il dresse l’état des lieux de la liberté religieuse dans près de 200 pays et territoires à travers le monde, et il reflète l’effort collectif de centaines de diplomates américains aux quatre coins de la planète et de notre Bureau sur la liberté de religion dans le monde ici, à Washington. Il est dirigé par Dan Nadel, qui répondra aujourd’hui à quelques-unes de vos questions sur le rapport.
Permettez-moi de dire quelques mots sur ce qui fait que ce rapport est important. La liberté de religion est un droit humain ; en fait, cela à voir avec ce qui définit fondamentalement le fait d’être humain : penser librement, suivre sa conscience, changer de croyance quand son cœur et son esprit nous y conduisent, exprimer ces croyances en public et en privé. Cette liberté est inscrite dans la Déclaration universelle des droits de l’homme. Elle fait également partie du Premier amendement à la Constitution des États-Unis. L’engagement de notre pays à défendre la liberté de religion et de conviction remonte à plusieurs siècles. Il continue aujourd’hui.
La liberté religieuse, comme tout droit humain, est universelle. Chaque personne, partout, y a droit, quel que soit le lieu où elle vit, ce qu’elle croit ou ce qu’elle ne croit pas. La liberté de religion a la même valeur que les autres droits humains parce que les droits humains sont indivisibles. La liberté religieuse n’est pas plus, ou pas moins, importante que la liberté de s’exprimer et de se réunir, de participer à la vie politique de son pays, de vivre à l’abri de la torture ou de l’esclavage, ou de tout autre droit humain. De fait, ceux-ci sont tous interdépendants. La liberté religieuse ne peut pas être pleinement réalisée sans le respect des autres droits humains, et lorsqu’un gouvernement viole le droit de son peuple de croire et de pratiquer un culte librement, il met en péril tous les autres droits. Et la liberté de religion est un élément essentiel d’une société ouverte et stable. Sans elle, les gens ne peuvent pas contribuer pleinement à la réussite de leur pays. Et chaque fois que les droits de l’Homme sont niés, cela créer des tensions, cela fait naître des divisions.
Comme l’indique le rapport du département d’État sur la liberté de religion dans le monde cette année, pour beaucoup de gens, ce droit demeure hors de portée. En fait, selon le Pew Research Center, 56 pays qui regroupent une grande majorité de la population mondiale ont des restrictions fortes ou sévères contre la liberté religieuse.
Pour ne citer que quelques exemples tirés du rapport de cette année, l’Iran continue d’intimider, de harceler et d’arrêter des membres de groupes religieux minoritaires comme les bahaïs, les chrétiens, les juifs, les zoroastriens et les musulmans sunnites et soufis.
En Birmanie, les artisans du coup d’État militaire comptent parmi les responsables du nettoyage ethnique et d’autres atrocités commis contre les Rohingyas, pour la plupart musulmans, et d’autres minorités religieuses et ethniques dans le monde.
En Russie, les autorités continuent de harceler et d’arrêter les Témoins de Jéhovah et de saisir leurs biens, un sort qu’ils infligent aussi aux membres de groupes minoritaires musulmans sous prétexte qu’ils seraient extrémistes.
Au Nigeria, les tribunaux continuent de condamner les gens pour blasphème et ils leur imposent des peines d’emprisonnement de longue durée, voire la peine de mort. Par contre, le gouvernement n’a toujours traduit personne en justice après le massacre commis par l’armée en 2015 contre des centaines de chiites.
L’Arabie saoudite reste le seul pays au monde sans église chrétienne, bien que plus d’un million de chrétiens vivent dans le pays. Et les autorités continuent d’emprisonner des militants des droits de l’Homme, comme Raif Badawi, qui a été condamné en 2014 à dix ans de prison et à mille coups de fouet pour avoir parlé de ses convictions.
Et la Chine criminalise largement l’expression religieuse et continue de commettre des crimes contre l’humanité et un génocide contre les Ouïgours musulmans et les membres d’autres groupes religieux et ethniques minoritaires.
Aujourd’hui, j’annonce la désignation de Yu Hui, ancien directeur du prétendu Groupe central de prévention et de traitement des religions hérétiques, de Chengdu, pour sa participation à des violations flagrantes des droits de l’Homme, à savoir la détention arbitraire d’adeptes du Falun Gong. Yu Hui et sa famille ne sont désormais plus autorisés à entrer aux États-Unis.
Je pourrais continuer, les exemples sont bien trop nombreux.
Plus généralement, nous assistons à une montée de l’antisémitisme dans le monde entier, y compris ici aux États-Unis et en Europe. Il s’agit d’une idéologie dangereuse dont l’histoire a montré qu’elle s’accompagne souvent de violence. Nous devons nous opposer vigoureusement à cette idéologie partout où elle se manifeste.
La haine contre les musulmans est encore très répandue dans de nombreux pays, et c’est là aussi un problème grave tant pour les États-Unis que pour l’Europe.
Nous avons du pain sur la planche pour garantir que les personnes de toutes confessions et origines soient traitées avec la même dignité et le même respect.
Comme le note ce rapport, certains pays ont pris des mesures positives, ce qui mérite également d’être signalé. L’année dernière, le gouvernement de transition dirigé par des civils au Soudan a abrogé les lois sur l’apostasie et les lois sur l’ordre public qui avaient été utilisées pour harceler les membres de groupes religieux minoritaires. Le gouvernement de l’Ouzbékistan a libéré des centaines de personnes qui avaient été emprisonnées en raison de leurs croyances. Pas plus tard que samedi dernier, le Turkménistan a libéré 16 Témoins de Jéhovah qui étaient des objecteurs de conscience et avaient refusé de servir dans l’armée. À notre connaissance, les autorités vont désormais proposer aux objecteurs de conscience d’autres moyens de satisfaire aux exigences du service national.
Nous voulons voir davantage de progrès de ce type, et notre promesse au monde est que le gouvernement Biden-Harris protégera et défendra la liberté de religion dans le monde entier. Nous maintiendrons le leadership de longue date de l’Amérique sur cette question. Nous sommes reconnaissants envers nos partenaires, notamment les gouvernements de même sensibilité, le Conseil des droits de l’Homme des Nations unies et les réseaux tels que l’Alliance internationale pour la liberté de croyance religieuse et le Groupe de contact international sur la liberté de religion ou de conviction. Nous continuerons de travailler en étroite collaboration avec les organisations de la société civile, notamment avec les défenseurs des droits de l’Homme et les communautés religieuses, afin de lutter contre toutes les formes de haine et de discrimination motivées par la religion à travers le monde.
Je vous remercie de tout cœur, et nous attendons avec intérêt de pouvoir parler du rapport plus en détail.
Voir le contenu d’origine : https://www.state.gov/secretary-antony-j-blinken-on-release-of-the-2020-international-religious-freedom-report/
Nous vous proposons cette traduction à titre gracieux. Seul le texte original en anglais fait foi.