Mission des États-Unis auprès des Nations unies
Madame l’ambassadrice Linda Thomas-Greenfield
Représentante des États-Unis auprès des Nations unies
Le 25 février 2022
Chers collègues, nous sommes ici aujourd’hui à cause de la guerre non provoquée, injustifiée et inadmissible de la Russie contre l’Ukraine. N’oublions jamais qu’il s’agit d’une guerre choisie. Le choix de la Russie. La Russie a choisi d’envahir son voisin. La Russie a choisi d’infliger des souffrances indicibles – au peuple ukrainien et à ses propres citoyens. La Russie a choisi de violer la souveraineté de l’Ukraine. De violer le droit international. De violer la Charte des Nations unies.
Aujourd’hui, partout en Ukraine, des gens fuient pour sauver leur vie. Les habitants de Kiev et de Kharkiv n’ont quitté leurs maisons qu’avec les affaires qu’ils pouvaient fourrer dans leurs sacs à dos pour se réfugier dans les stations de métro – qui sont maintenant devenues des abris anti-bombes. Nous avons vu des informations relatives à des attaques contre des jardins d’enfants et des orphelinats. Des bébés – des nouveau-nés dans une unité de soins intensifs – ont également été évacués dans des abris anti-bombes de fortune. Nous avons vu des images déchirantes de pères sangloter en disant au revoir à leurs jeunes enfants alors qu’ils envoient leurs familles en lieu sûr pendant qu’ils restent pour défendre leur pays.
À Kiev aujourd’hui, des milliers de personnes se sont entassées dans une gare locale, des mères faisant passer leurs enfants au-dessus de la foule, suppliant les gens de les aider à faire monter leurs bébés dans les trains pour les conduire en sécurité. Selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, plus de 50 000 personnes ont fui l’Ukraine en moins de 48 heures. Nous avons également vu des Russes ordinaires s’exprimer courageusement et manifester dans des villes, partout en Russie, contre la décision du président Poutine de les plonger dans une guerre avec leur voisin. Ils ne veulent pas sacrifier des vies russes à l’ambition de Poutine.
Cet organe – chargé de préserver la paix et la sécurité internationales – a été créé précisément pour empêcher que ce type d’agression ne se reproduise. L’attaque la plus récente de la Russie contre nos principes les plus fondamentaux est si audacieuse, si éhontée, qu’elle menace notre système international tel que nous le connaissons. Nous avons l’obligation solennelle de ne pas détourner le regard. Nous croyons profondément que les nobles intentions de cette institution doivent toujours avoir leur place dans la résolution des problèmes du XXIe siècle et pour la protection de nos enfants et de nos petits-enfants contre les horreurs de la guerre. Les horreurs de la guerre sont exactement ce que nos frères et sœurs ukrainiens vivent aujourd’hui. Le peuple ukrainien aura bientôt besoin de nourriture, d’eau, d’abris et d’aide médicale. Il sera confronté au déplacement et perdra tout ce qu’il a construit.
Pour ces raisons, l’Albanie et nous – en consultation avec nos alliés et partenaires – avons proposé ce projet de résolution qui fait assumer par la Russie la responsabilité de son agression contre l’Ukraine. Cette résolution condamne l’agression de la Russie. Elle réaffirme la souveraineté, l’indépendance, l’unité et l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Et elle demande à la fédération de Russie de procéder immédiatement – immédiatement – complètement et sans condition au retrait de ses forces. Elle appelle également à la facilitation de la mise à disposition rapide, sûre et sans entrave d’une aide humanitaire à ceux qui en ont besoin en Ukraine, et à la protection des civils – y compris ceux qui font partie du personnel humanitaire.
Aujourd’hui, nous adoptons une position de principe contre l’agression de la Russie au sein de ce Conseil, mais beaucoup d’entre nous prennent des mesures dans nos capitales pour défendre le droit international, y compris la Charte des Nations unies, et pour imposer de graves conséquences à la Russie pour son invasion de l’Ukraine. En coordination avec nos alliés et partenaires, nous imposons des coûts économiques graves et immédiats à la Russie. Ces mesures comprennent des sanctions financières radicales qui auront un impact immédiat sur son économie et des contrôles à l’exportation qui couperont l’accès de la Russie à des intrants technologiques vitaux, atrophieront sa base industrielle et affaibliront les ambitions stratégiques de la Russie d’exercer une influence sur la scène mondiale. De plus, comme cela vient d’être annoncé, le président Biden sanctionnera le président Poutine ainsi que le ministre des Affaires étrangères Lavrov et les membres de l’équipe de sécurité nationale de la Russie. Ces actions sont destinées à compléter le travail important que nous faisons au sein du Conseil de sécurité – et la résolution que nous avons présentée aujourd’hui.
L’histoire nous jugera pour nos actions – ou leur absence. Et tant que nous aurons un Conseil de sécurité, je pense que nous devons nous efforcer de veiller à ce qu’il soit à la hauteur de notre mission la plus noble – prévenir les conflits et éviter les guerres inutiles. La Russie a déjà subverti cette mission, mais au minimum – au minimum – le reste d’entre nous a l’obligation de s’y opposer et de défendre la Charte des Nations unies.
À ceux qui disent que « toutes les parties » sont coupables, je dis qu’ils se dérobent clairement à leurs responsabilités. Un pays – un seul pays – en envahit un autre. La Russie est l’agresseur ici. Il n’y a pas de juste milieu. Des doutes ? Je vous demande de regarder le jardin d’enfants qui a été bombardé ce matin. Regardez attentivement. À ceux qui disent qu’il y a une « histoire particulière » entre la Russie et l’Ukraine qui excuse en quelque sorte la guerre, je dis que nous devrions tous réfléchir attentivement à qui cet argument pourrait s’appliquer la prochaine fois.
Et comme je l’ai dit lundi soir, le président Poutine a affirmé que la Russie avait une revendication légitime sur tous les territoires de l’Empire russe. Et il y a quelques heures à peine, la Russie a menacé la Finlande et la Suède de « répercussions militaires et politiques ». Les États membres responsables n’envahissent pas leurs voisins. Ils ne commettent pas de violence contre leurs voisins simplement parce qu’ils en ont la capacité. C’est tout l’objet de notre système international. C’est, fondamentalement, l’objectif du Conseil de sécurité et des Nations unies.
Alors, chers collègues, le vote d’aujourd’hui est simple. Permettez-moi de le dire clairement : votez oui si vous croyez au respect de la Charte des Nations unies. Votez oui si vous soutenez le droit de l’Ukraine – ou de tout autre État – à la souveraineté et à l’intégrité territoriale. Votez oui si vous pensez que la Russie devrait assumer la responsabilité de ses actes. Votez non ou abstenez-vous si vous ne respectez pas la Charte et vous alignez sur les actions agressives et non provoquées de la Russie. Tout comme la Russie avait le choix, vous aussi avez le choix.
Merci.
Voir le contenu d’origine : https://usun.usmission.gov/explanation-of-vote-by-ambassador-thomas-greenfield-before-a-vote-on-a-un-security-council-resolution-condemning-russias-aggression-against-ukraine/
Nous vous proposons cette traduction à titre gracieux. Seul le texte original en anglais fait foi.