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Département d’État des États-Unis
Antony J. Blinken, secrétaire d’État
Siège de l’ONU, New York
Le 3 août 2023
Allocution

MONSIEUR LE SECRÉTAIRE BLINKEN : Je remercie Mme Salem pour son exposé. En fait, je remercie nos trois intervenants pour leurs contributions convaincantes et importantes à notre débat de ce matin. Merci.

Je voudrais attirer l’attention des intervenants sur le paragraphe 22 de la note 507 qui encourage tous les participants aux réunions du Conseil à limiter la durée de leur intervention à cinq minutes, le Conseil de sécurité s’étant engagé à faire meilleur usage des séances publiques. Je vais maintenant faire une déclaration en ma qualité de secrétaire d’État des États-Unis d’Amérique.

Encore une fois, merci à nos intervenants. Et merci de ne pas perdre de vue ce qui est vraiment en jeu ici, c’est-à-dire l’élément humain de nos discussions. Il est facile de se laisser prendre aux chiffres et aux statistiques, aux grands concepts, mais en fin de compte, il s’agit de gens. Il s’agit d’enfants. Je vous remercie donc de ne pas l’oublier, et de rester focalisé sur des solutions pratiques au problème qui nous occupe. Donc, à nos trois intervenants, encore une fois, vous avez puissamment illustré le défi auquel nous sommes confrontés ; mais surtout, vous nous avez donné de très bonnes idées sur les moyens de le relever.

En septembre dernier, le président Biden a déclaré à l’Assemblée générale, et je cite : « Dans tous les pays du monde… si les parents ne peuvent pas nourrir leurs enfants, rien d’autre n’a d’importance. » À certains égards, c’est aussi simple et aussi net que cela. Trop de familles vivent l’urgence écrasante, conséquence d’une crise alimentaire mondiale sans précédent qui, comme nous l’avons entendu, a été alimentée par le climat, par la COVID également et, comme nous en discutons aujourd’hui, par les conflits.

La faim et les conflits sont inexorablement liés. La rareté des ressources accentue les tensions entre les communautés et les nations. Les belligérants instrumentalisent les denrées alimentaires à des fins militaires pour soumettre les populations locales. En effet, les conflits sont le principal moteur de l’insécurité alimentaire, et la violence et les troubles ont fait basculer 117 millions de personnes dans une situation d’extrême privation l’année dernière.

Au Soudan, les combats ont perturbé la saison des semis d’été et conduit à une hausse du coût des denrées alimentaires.

Au Myanmar, où une personne sur cinq, une personne sur cinq, est gravement sous-alimentée, le régime militaire aggrave le problème pour resserrer son emprise, notamment en bloquant les convois d’aide. La détérioration des conditions empêche le retour en toute sécurité de près d’un million de réfugiés rohingyas qui ont fui leur patrie et vivent maintenant au Bangladesh sur des rations réduites à environ 27 cents par jour.

Au Yémen, on a signalé que certaines familles ont recours à des feuilles bouillies pour rester en vie. C’est ce que l’on appelle des aliments de famine.

Si le monde n’agit pas, le Burkina Faso, le Soudan du Sud et la Somalie pourraient tous connaître la famine l’année prochaine.

Et encore une fois, je demande à chacun de nous de s’arrêter pour y réfléchir un instant. Pensez à ce que cela signifie réellement. Imaginez juste une minute que cela soit votre enfant, votre fils, votre fille. Vous avez entendu la description irréfutable de ce dont il s’agit réellement. Et j’espère, au minimum, que la présence de cette image dans nos esprits, le fait de faire le lien avec nos propres vies et expériences, sera une motivation supplémentaire pour nous inciter à l’action.

Depuis janvier 2021, les États-Unis ont mis à disposition plus de 17,5 milliards de dollars pour lutter contre la famine et l’insécurité alimentaire. En 2021, en 2022, nous avons convoqué ce conseil pour y discuter spécifiquement de l’intersection entre la faim et les conflits. Nous avons présidé la réunion ministérielle sur la sécurité alimentaire de l’année dernière, au cours de laquelle nous nous sommes associés à plus de trente-six pays pour publier une feuille de route mondiale qui nous engage à fournir des denrées alimentaires à ceux qui en ont besoin et à œuvrer pour favoriser la résilience à l’avenir. À ce jour, plus de 100 pays ont signé cet engagement et commencé à prendre des mesures concrètes pour le mettre en œuvre.

Mais à mesure que cette crise s’aggrave, nous devons intensifier nos efforts en conséquence. Ce conseil a pour mission de préserver la paix et la sécurité internationales, et nous ne pouvons tout simplement pas le faire sans renforcer la sécurité alimentaire. Chacun de nous a la responsabilité d’agir.

Ce matin, pour la première fois en trois ans, ce conseil a placé à l’unanimité les conflits, la faim et la famine, ainsi que le changement climatique, au centre de son ordre du jour. C’est une étape remarquable et bienvenue. Maintenant, tirons parti de cet élan pour lutter davantage contre l’insécurité alimentaire et la famine dans le monde afin de passer des discours à des actions concrètes.

Il y a cinq ans, comme vous l’avez entendu, ce conseil a adopté la résolution 2417 qui fait de la famine intentionnelle de civils un crime de guerre potentiel. Aujourd’hui, nous pouvons nous appuyer sur ces efforts. Près de 90 pays, dont les États-Unis, ont déjà signé un nouveau communiqué conjoint que nous avons rédigé et diffusé, et dans lequel nous nous engageons à mettre fin à l’utilisation de la faim, de la famine et des denrées alimentaires comme armes de guerre. La faim ne doit pas être utilisée comme une arme. J’exhorte tous les États membres à se joindre à ce communiqué.

Nous devons également augmenter considérablement l’aide à la lutte contre la faim extrême pour éviter la famine. L’année dernière, des gouvernements et des donateurs privés ont apporté des contributions record, sous la forme d’aide directe, d’engrais pour les agriculteurs, d’imagerie satellite pour maximiser les rendements. On a enregistré une augmentation spectaculaire de 48 % des dons au Programme alimentaire mondial. Les États-Unis ont à eux seuls fourni plus de 7,2 milliards de dollars, et financé environ la moitié, la moitié, du budget du Programme alimentaire mondial. Ces efforts parmi d’autres ont permis au monde d’éviter de justesse la famine l’année dernière. Mais cette année, comme nous l’avons entendu, le Programme alimentaire mondial estime qu’il doit dépenser 25 milliards de dollars pour venir en aide à 171 millions de personnes.

À ce jour, les pays n’ont mobilisé que 4,5 milliards de dollars ; en d’autres termes, 18 pour cent de ce qui est nécessaire. Le coût de ce déficit se mesurera en retard de croissance et en vies perdues.

Nous nous félicitons que des petits pays contribuent de manière disproportionnée, mais les plus grandes économies du monde devraient être les plus grands donateurs au monde. Pour les États membres qui se considèrent comme des leaders mondiaux, voici l’opportunité d’en faire la preuve. Nous pouvons tous, tous, faire plus.

Mais, bien sûr, nous savons que si c’est nécessaire, ce n’est pas suffisant pour répondre aux besoins immédiats. Nous devons également accroître la productivité agricole. Nous devons investir dans l’adaptation. Nous devons acquérir une plus grande résilience face aux chocs futurs, en particulier dans les régions touchées par des conflits.

Partout dans le monde, les agriculteurs sont confrontés à la hausse rapide des températures, à l’érosion des sols, à la disparition des nappes phréatiques. Cela réduit les rendements. Cela rend les récoltes moins nutritives. D’ici 2050, le changement climatique pourrait réduire la production de 30 % alors même que la demande alimentaire mondiale augmente de plus de 50 %. Nous avons donc une planète qui se dirige dans les décennies à venir vers une population pouvant atteindre 10 milliards de personnes et une demande qui augmente en conséquence, et pourtant l’offre est au contraire en baisse.

Ainsi, aussi difficile et urgente que soit la situation actuelle, nous pouvons également prévoir ce qui se passera si nous ne prenons pas les mesures nécessaires pour y remédier. L’atténuation des impacts climatiques est au cœur de l’initiative américaine Feed the Future, un partenariat public-privé qui vise à renforcer les systèmes alimentaires, à étendre les filets de sécurité sociale et à améliorer la nutrition dans 40 pays du monde entier.

Nous avons consacré plus d’un milliard de dollars chaque année à cet effort. L’année dernière, nous avons élargi le programme à huit autres pays cibles en Afrique. Pour tirer parti de ce travail, nous avons maintenant lancé ce que nous appelons la Vision pour des cultures et des sols adaptés, en février, aux côtés de l’Union africaine et de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, VACS en abrégé. Dans le cadre de ce programme, nous identifions les cultures africaines indigènes les plus nutritives, évaluons l’impact probable du changement climatique sur celles-ci, et investissons dans la sélection des variétés les plus résistantes au climat et les plus résilientes, ainsi que dans l’amélioration du sol ans lequel elles seront cultivées.

Cet accent mis sur la qualité des semences et la qualité du sol peut avoir un impact considérable sur la productivité agricole durable dans toute l’Afrique. J’annonce également aujourd’hui 362 millions de dollars supplémentaires pour lutter contre les facteurs d’insécurité alimentaire et renforcer la résilience en Haïti et dans 11 pays africains, comme l’offre d’aliments nutritifs aux femmes enceintes et l’aide aux agriculteurs en vue de cultures plus nutritives et plus diversifiées.

Les États-Unis continueront de faire leur part du travail, mais il s’agit par définition d’un défi mondial qui fait appel à des ressources mondiales. Et nous nous tournerons vers les gouvernements, les entreprises, les philanthropies, pour nous aider à continuer à améliorer la nutrition et à investir dans des systèmes alimentaires durables et résilients.

Enfin, nous devons faire face à la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine et l’attaque qui en résulte contre le système alimentaire mondial. L’année dernière, l’Initiative céréalière de la mer Noire négociée par les Nations unies et la Turquie a permis de livrer plus de deux, excusez-moi, 32 millions de tonnes de denrées alimentaires ukrainiennes au monde. Les exportations de blé à elles seules équivalaient à 18 milliards de miches de pain – 18 milliards de miches de pain. N’oubliez pas que cette initiative n’aurait jamais dû être nécessaire en premier lieu. Elle ne l’a été qu’en raison de l’invasion de l’Ukraine par la Russie et de son blocus des ports ukrainiens. Mais cette initiative a produit des résultats concrets, démontrables et incontournables et permis de faire en sorte que ces produits alimentaires puissent continuer à être distribués sur les marchés mondiaux à ceux qui en avaient besoin.

Et soyons très clairs sur les bénéficiaires de cette initiative. Plus de la moitié des produits alimentaires exportés grâce à cet effort et les deux tiers du blé sont allés aux pays en développement. Ces expéditions ont contribué à faire baisser les prix alimentaires mondiaux pour tout le monde d’environ un quart depuis l’invasion à grande échelle de la Russie.

Depuis que la Russie s’est retirée de l’accord le 17 juillet, et a ignoré les appels du monde à revenir sur cette décision, les prix des céréales ont augmenté de plus de 8 % dans le monde. Le ministère des Affaires étrangères du Kenya a qualifié la décision de la Russie de, je cite : « Un coup de poignard dans le dos ».

Le Kremlin prétend avoir rompu l’accord parce que les sanctions internationales restreignaient ses exportations agricoles. En réalité, les sanctions excluent explicitement les denrées alimentaires et les engrais. En fait, lorsqu’elle a abandonné l’initiative, la Russie exportait plus de céréales à des prix plus élevés que jamais auparavant.

Et quelle a été la réponse de la Russie à la détresse et à l’indignation du monde ? Bombarder les greniers ukrainiens, miner les entrées des ports, menacer d’attaquer tout navire en mer Noire – sans considération de son pavillon, quelle que soit sa cargaison.

Ces actions s’inscrivent dans la continuité de la décision de la Russie le mois dernier de bloquer le renouvellement de l’autorisation de l’aide humanitaire transfrontalière essentielle à la Syrie – un pays où, après le tremblement de terre dévastateur de février, 12 millions de personnes n’ont pas assez à manger.

Les États-Unis sont prêts à renouveler leurs efforts pour mandater cette bouée de sauvetage vitale si les Nations unies et la Syrie ne parviennent pas à trouver une solution. Nous apprécions également beaucoup le travail de la Turquie et d’autres pour rétablir l’accord sur les céréales. Chaque membre de ce conseil, chaque membre des Nations unies, devrait dire à Moscou : ça suffit ; assez de chantage autour de la mer Noire ; assez de prises en otage des personnes les plus vulnérables du monde ; assez de cette guerre injustifiée et inadmissible.

Le renforcement de la sécurité alimentaire est essentiel à la réalisation de la vision de la Charte des Nations unies. Pour sauver des générations du fléau de la guerre et réaffirmer la dignité et la valeur de chaque être humain.

Cet espoir est incarné par l’une des statues à l’extérieur du bâtiment, d’un personnage œuvrant comme dans la citation de la bible à forger des socs de charrue à partir d’épées. Ces paroles des Écritures sont toujours loin de devenir réalité, mais nous pouvons au moins nous engager à ne pas utiliser nos épées pour détruire les charrues des autres. Nous pouvons fournir une aide vitale à ceux qui en ont un besoin urgent. Nous pouvons faire en sorte que les peuples du monde entier soient nourris maintenant et pour les années à venir. Si nous y parvenons, si nous construisons un monde plus sain, plus stable, plus en paix pour tous, nous aurons au moins commencé à nous hisser à la hauteur de la responsabilité qui nous est confiée, qui est confiée à ce conseil, confiée à cette institution.

Merci.


Voir le contenu d’origine : https://www.state.gov/secretary-blinken-intervention-at-a-united-nations-security-council-open-debate-on-famine-and-conflict-induced-global-food-insecurity/

Nous vous proposons cette traduction à titre gracieux. Seul le texte original en anglais fait foi.

U.S. Department of State

The Lessons of 1989: Freedom and Our Future