Département d’État des États-Unis
Antony J. Blinken, secrétaire d’État
Le 17 mars 2022
MONSIEUR LE SECRÉTAIRE BLINKEN : Bonsoir tout le monde.
Il y a trois semaines, la Russie a déclenché sa guerre non provoquée contre l’Ukraine.
Chaque jour qui passe, le nombre de civils, y compris d’enfants, tués et blessés ne cesse d’augmenter.
La Russie continue à attaquer des sites civils, dont – cette semaine seulement – un hôpital, trois écoles, un internat pour enfants malvoyants dans la région de Louhansk, en Ukraine.
Hier, les forces russes ont bombardé un théâtre où des centaines de personnes s’étaient réfugiées à Marioupol.
Le mot « enfants » avait été écrit en russe en lettres blanches géantes sur le trottoir à l’extérieur du bâtiment, de sorte que l’on pouvait voir depuis les airs qu’il y avait des enfants à l’intérieur.
Les forces russes ont également ouvert le feu sur 10 civils qui faisaient la queue pour du pain.
Ces incidents viennent s’ajouter à une longue liste d’attaques contre des sites civils – et non militaires – partout en Ukraine, notamment des immeubles résidentiels, des places publiques et, la semaine dernière, une maternité à Marioupol.
Je doute que quiconque parmi nous a vu ces images ne les oublie un jour.
Nous avons déjà vu la Russie utiliser des tactiques similaires à Grozny et à Alep. Elle a intensifié ses bombardements dans le but de briser la volonté du peuple.
Hier, le président Biden a déclaré que, selon lui, des crimes de guerre ont été commis en Ukraine.
Personnellement, je suis d’accord.
Cibler intentionnellement des civils constitue un crime de guerre.
Après toutes les destructions des trois dernières semaines, j’ai du mal à conclure que les Russes agissent autrement.
Les conséquences de la guerre de Moscou se font sentir dans le monde entier – augmentation des prix des denrées alimentaires, inquiétudes concernant l’approvisionnement en carburant, et plus largement inquiétudes quant à l’impact de cette guerre sur l’économie mondiale et la lutte contre la COVID-19.
Ce sont des problèmes graves auxquels la communauté mondiale doit faire face de toute urgence. Cette guerre complique beaucoup cette tâche.
Les actions de la Russie ont ainsi un impact sur chaque personne sur la planète, où qu’elle vive.
Nous ressentons également l’impact ici même dans cette salle.
Il devrait y avoir un siège réservé ici aujourd’hui pour Benjamin Hall de Fox News, qui a été grièvement blessé dans l’attaque de son véhicule près de Kiev.
Beaucoup d’entre nous, moi y compris, ont très bien connu Ben, membre de la presse itinérante.
C’est un journaliste incroyablement talentueux, qui pose toujours des questions difficiles. C’est aussi une personne charmante.
Nos pensées – mes pensées – sont avec lui et sa famille, notamment ses trois enfants en bas âge.
Deux des collègues de Fox News de Ben, Pierre Zokchefski et Sasha Koofshenova, ont été tués dans l’attaque. Et Brent Renaud, un journaliste en mission pour Time Magazine a été tué dans une autre attaque la veille.
Je sais que chacun dans cette salle, en particulier, ressent profondément ces pertes.
Les correspondants de guerre effectuent un travail vital. Ils s’assurent que le monde sait ce qui se passe réellement lorsque les armées arrivent et que les bombes commencent à tomber.
Il faut aussi un courage incroyable ; ils se rendent dans des zones de guerre alors que d’autres, naturellement, en partent aussi vite que possible.
Il s’agit de pertes énormes, bien sûr, pour les familles, pour les amis, mais aussi pour leurs collègues, leur profession, leurs lecteurs et téléspectateurs qui comprennent les événements du monde grâce à eux.
Nos experts sont en train de documenter et d’évaluer les crimes de guerre potentiellement commis en Ukraine.
Beth Van Schaack, que le Sénat a finalement confirmé cette semaine au poste d’ambassadrice itinérante pour la justice pénale dans le monde, prendra la tête de ce dossier au sein du département d’État.
Nous veillerons à ce que nos conclusions contribuent aux efforts internationaux visant à enquêter sur les crimes de guerre et à faire en sorte que les coupables en rendent compte.
Je mentionnerais également qu’il y a plusieurs autres nominations devant le Sénat qui ont une incidence directe sur notre capacité à aider l’Ukraine, notamment pour les postes de secrétaire d’État adjoint chargé de la Population, des Réfugiés et des Migrations ; de secrétaire d’État adjoint à la Sécurité internationale et à la Non-prolifération ; et de coordinateur pour la Politique de sanctions.
J’exhorte donc le Sénat à confirmer rapidement ces nominations, afin que ces personnes puissent se mettre au travail le plus tôt possible.
Il y a quelques semaines, quelques jours seulement avant le début de l’invasion russe, je me suis rendu au Conseil de sécurité des Nations unies pour exposer ce que nous pensions être sur le point de se produire.
Aujourd’hui encore, nous avons une idée précise de ce que la Russie pourrait faire maintenant.
Nous pensons que Moscou est peut-être en train de préparer le terrain pour utiliser une arme chimique, avant d’en faire porter le blâme à tort sur l’Ukraine pour justifier l’intensification de ses attaques contre le peuple ukrainien.
Fabriquer des événements de toutes pièces et inventer de faux récits de génocide pour justifier un recours accru à la force militaire est une tactique à laquelle la Russie a déjà eu recours, en particulier en Géorgie.
Nous pensons que la Russie amènera ses mercenaires de groupes militaires privés et de pays étrangers en Ukraine.
Le président Poutine l’a reconnu au cours du week-end lorsqu’il a autorisé le recrutement de forces supplémentaires en provenance du Moyen-Orient et d’ailleurs – une indication de plus que son effort de guerre ne se déroule pas comme il l’espérait.
Il est également possible que les Russes kidnappent systématiquement des responsables locaux et les remplacent par des dirigeants à leur botte.
Encore une fois, cela a déjà commencé.
Le maire de Melitopol a été arrêté dans la rue il y a quelques jours et relâché hier lors d’un échange de prisonniers.
Le maire d’une autre ville du sud de l’Ukraine a également été enlevé ; il n’a pas encore été relâché.
Il s’agit d’une tactique terroriste – enlever des responsables locaux, déposer les gouvernements locaux, mettre des gens à leur botte à leur place.
Après avoir dévasté les villes ukrainiennes, Moscou pourrait faire venir des fonctionnaires russes pour occuper des postes de fonctionnaires locaux et apporter ce qu’ils décrivent comme un « soutien économique » dans le but de rendre la population dépendante de Moscou pour sa survie.
Encore une fois, c’est quelque chose que la Russie a fait en Géorgie.
L’invasion de l’Ukraine par le président Poutine ne se déroule pas comme prévu.
Le peuple ukrainien n’a pas accueilli l’armée russe les bras ouverts. Il ne s’est pas soumis.
Au contraire. Il se bat avec un courage extraordinaire pour protéger sa maison, sa famille, son pays.
La Russie a été frappée par des sanctions sans précédent et coupée de l’économie mondiale.
Sa propre économie est en chute libre.
Des centaines d’entreprises ont fermé leurs portes.
En quelques semaines, le président Poutine a anéanti 30 ans d’ouverture au monde et d’opportunités économiques pour le peuple russe.
Des dizaines de membres de la base de pouvoir corrompue du Kremlin ont été sanctionnés ; plusieurs ont perdu leurs énormes yachts et leurs villas.
Le président Poutine a tourné en dérision ces sanctions, et s’est moqué lors de récentes diatribes publiques des Russes vivant à l’étranger qu’il dit trop dépendants du « foie gras et des huîtres ».
Pendant ce temps, il vit dans des manoirs et a accumulé des milliards en s’appropriant les richesses du peuple russe, alors que celui-ci fait la queue pour accéder à son argent et regarde les magasins fermer et le cours du rouble chuter.
Il n’est pas étonnant que de courageux Russes continuent de protester contre la guerre et soient battus et arrêtés en conséquence.
Et les journalistes russes démissionnent de leur travail dans les médias d’État, car ils ne peuvent plus supporter de répéter les mensonges du Kremlin.
Le président Poutine ne cède pourtant pas et, en fait, il est peut-être de plus en plus désespéré.
Et donc hier, le président Biden a autorisé – annoncé, excusez-moi, pas autorisé – 800 millions de dollars supplémentaires d’aide militaire à l’Ukraine.
Cela porte notre soutien aux défenseurs ukrainiens de première ligne à plus de 2 milliards de dollars sous cette administration – un milliard la semaine dernière seulement.
Nous sommes reconnaissants de pouvoir compter avec un partenaire aussi déterminé et généreux que le Congrès qui a fourni cette semaine plus de 13 milliards de dollars d’aide d’urgence à l’Ukraine.
Et nous continuerons à travailler avec les législateurs pour soutenir l’Ukraine et demander des comptes au Kremlin.
Comme l’a décrit le président Biden, ce nouveau programme d’assistance à la sécurité comprend 800 systèmes anti-aériens, pour mettre fin aux frappes aériennes par avion et hélicoptère avant qu’elles ne détruisent davantage l’Ukraine ; 9 000 systèmes anti-blindés pour détruire les chars et les véhicules blindés ; 7 000 armes légères, dont des mitrailleuses et des lance-grenades ; et 20 millions de cartouches.
Nous aidons également l’Ukraine à acquérir des systèmes antiaériens et des munitions à plus longue portée, à la demande du président Zelensky.
Et je suis en contact presque quotidien avec le ministre des Affaires étrangères Kuleba, pour coordonner une réponse rapide aux besoins les plus urgents de l’Ukraine.
Nos alliés et partenaires continuent d’intensifier leurs propres envois importants d’aide à la sécurité.
J’ai autorisé plus d’une douzaine de pays à fournir du matériel d’origine américaine, et des dizaines d’autres dans le monde ont mis à disposition leur propre assistance en matière de sécurité.
J’aimerais également signaler qu’en plus de l’aide du département de la Défense, nous envoyons l’aide d’autres agences, notamment 10 millions de dollars de véhicules blindés en provenance de notre propre service de sécurité diplomatique.
Et hier, j’ai annoncé une aide humanitaire supplémentaire de 186 millions de dollars pour les plus de 3 millions de réfugiés qui ont fui l’Ukraine au cours des trois dernières semaines – la crise des réfugiés en croissance la plus rapide en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale – ainsi que les personnes déplacées à l’intérieur du pays qui se trouvent toujours en Ukraine.
Cela porte notre aide humanitaire totale depuis le mois dernier à 293 millions de dollars.
Et sur les plus de 13 milliards de dollars pour l’Ukraine proposés par le Congrès, plus de 4 milliards iront à l’aide humanitaire.
Les voisins européens de l’Ukraine accueillent et aident généreusement les réfugiés. Les États-Unis contribueront aussi à l’aide à ces gouvernements et aux organisations humanitaires sur le terrain pour faire face à cet immense besoin.
Toutes les mesures que nous prenons, ainsi que nos alliés et partenaires, visent un seul objectif : mettre fin à la guerre.
Le soutien que nous apportons à l’Ukraine, ainsi que nos mesures financières et économiques contre Moscou, permettront à l’Ukraine d’être mieux positionnée dans la perspective des négociations diplomatiques.
Et nous nous félicitons que l’Ukraine persiste sur la voie de la diplomatie alors que l’agression brutale du Kremlin se poursuit.
Nous soutiendrons les efforts diplomatiques de l’Ukraine dans toute la mesure du possible.
Nous continuons à appeler toutes les nations, en particulier celles qui ont une influence directe sur la Russie, à utiliser tous les moyens de pression dont elles disposent pour contraindre Moscou à mettre fin à cette guerre choisie.
Nous pensons que la Chine en particulier a la responsabilité d’user de son influence auprès du président Poutine et de défendre les règles et principes internationaux qu’elle prétend soutenir.
Au lieu de cela, il semble que la Chine prenne la direction opposée en refusant de condamner cette agression tout en cherchant à se présenter comme un arbitre neutre – et nous craignons qu’elle n’envisage d’aider directement la Russie avec du matériel militaire à utiliser en Ukraine.
Le président Biden s’entretiendra demain avec le président Xi et indiquera clairement que la Chine assumera la responsabilité de toute action qu’elle entreprendra pour faciliter l’agression de la Russie, et nous n’hésiterons pas à imposer des coûts.
Permettez-moi de conclure en disant que le message du président Zelensky au Congrès et au peuple américain hier était incroyablement fort.
Il a demandé plus d’aide, que nous fournissons et continuerons à fournir.
Et il a dit que le peuple ukrainien veut pour lui-même les mêmes choses que celles que nous voulons pour nous-mêmes : la démocratie, l’indépendance, la liberté.
Au vu des événements de ces trois dernières semaines, il est impossible de douter de la profondeur de l’engagement de l’Ukraine envers ces idéaux.
Nous continuerons à soutenir l’Ukraine dans la lutte pour son avenir.
Nous continuerons à exercer des pressions supplémentaires sur la Russie jusqu’à ce qu’elle mette fin à cette guerre choisie.
Et nous continuerons à fournir une aide vitale au peuple ukrainien qui subit les conséquences brutales de l’agression russe.
Sur ce, c’est avec plaisir que je répondrai à quelques questions.
M. PRICE : Paul.
QUESTION : Monsieur, que pensez-vous des pourparlers entre l’Ukraine et la Russie ?Est-ce qu’ils progressent ? Le président Zelensky semble suggérer qu’il y a des discussions sur certains points.
MONSIEUR LE SECRÉTAIRE BLINKEN : Nous sommes donc en contact étroit, comme je l’ai dit, avec les dirigeants ukrainiens, en particulier dans mon cas le ministre des Affaires étrangères Kuleba. Nous sommes en contact étroit avec d’autres pays qui, d’une manière ou d’une autre, participent à l’action diplomatique.
Et à ce jour, je dois dire, d’une part, que nous félicitons l’Ukraine de demeurer à la table des négociations, en dépit de bombardement incessants. Parallèlement, je n’ai constaté aucun effort significatif de la part de la Russie pour mettre fin, par la voie diplomatique, à cette guerre qu’elle a déclenchée.
Nous soutenons les efforts de l’Ukraine pour essayer de désamorcer les tensions par la voie diplomatique, pour parvenir à un cessez-le-feu et, bien sûr, au retrait des forces russes. Nous apprécions les efforts d’autres pays, dont la France, l’Allemagne, Israël, la Turquie et d’autres. Mais encore une fois, de mon point de vue, la diplomatie exige que les deux parties s’engagent de bonne foi à procéder à une désescalade, et je ne vois aucune indication pour le moment selon laquelle Poutine serait prêt à s’arrêter.
Au contraire, si vous écoutez, juste à titre d’exemple, son discours d’hier, il suggère qu’il prend la direction opposée. Mais peu importe les mots. Ce sur quoi nous nous concentrons vraiment, ce sont les actions, et les actions que nous voyons de la part de la Russie chaque jour, pratiquement chaque minute de chaque jour, sont totalement aux antipodes de tout effort diplomatique sérieux pour mettre fin à la guerre.
Nous voulons donc voir la Russie prendre des mesures significatives pour désamorcer les tensions, mettre fin à la violence qu’elle exerce contre l’Ukraine et s’engager dans des pourparlers de bonne foi. Nous soutiendrons tous les efforts déployés par l’Ukraine à cet effet. Nous faisons certes tout ce que nous pouvons pour les soutenir, mais aussi pour nous assurer qu’elle soit en position favorable dans l’éventualité de véritables négociations et si la diplomatie progresse effectivement – d’où le soutien que nous apportons à l’Ukraine ainsi que la pression que nous continuons à exercer et même que nous intensifions sur la Russie.
M. PRICE : Kylie.
QUESTION : Merci, Monsieur le secrétaire. Ce département confirme qu’un Américain est mort en Ukraine aujourd’hui, donc je me demande si vous pouvez nous en dire plus sur les circonstances, sur l’identité de cette personne, et s’il y aura des conséquences spécifiques pour la Russie puisqu’un Américain est mort.
Et puis deuxièmement, vous avez dit cette semaine sur CNN que d’une manière ou d’une autre, l’Ukraine existera et qu’à un moment donné, Poutine n’existera pas. Mais nous sommes chaque jour témoins de l’assassinat d’Ukrainiens. Leurs villes sont détruites. Alors, comment pouvez-vous dire quelque chose comme ça avec une telle confiance ? Et suggérez-vous que Poutine devrait être démis de ses fonctions de dirigeant de la Russie ? Merci.
MONSIEUR LE SECRÉTAIRE BLINKEN : Kylie, premièrement, en ce qui concerne le citoyen américain, je peux confirmer qu’un citoyen américain a été tué. Je n’ai pas plus de détails pour vous, mais je peux le confirmer.
Deuxièmement, je pense qu’il est clair non seulement pour moi mais aussi pour le monde entier qu’une Ukraine indépendante existera longtemps après Vladimir Poutine. Et il est également clair que cette situation horrible pourrait durer un certain temps. Mais en fin de compte, une Ukraine indépendante existera, et à un moment donné, ce ne sera pas le cas de Vladimir Poutine. La vraie question est de savoir combien de morts et de destructions interviendront entre-temps. Et nous faisons tout notre possible pour mettre fin le plus rapidement possible à cette guerre perpétrée par la Russie. C’est là qu’intervient le soutien à l’Ukraine ; c’est là qu’intervient la pression sur la Russie ; c’est là qu’interviennent le travail, la coordination que nous mettons en œuvre avec les pays du monde entier.
Mais je pense que le monde en est témoin. Le monde a vu la détermination absolue du peuple ukrainien à s’accrocher à son pays, à s’accrocher à son avenir, à s’accrocher à sa liberté. Et il n’y a rien que Vladimir Poutine puisse faire pour le soumettre à sa volonté. Mais comme je l’ai dit, cela pourrait durer un certain temps, et nous allons continuer à œuvrer pour y mettre un terme le plus rapidement possible.
QUESTION : Et Poutine doit-il rester à la tête de la Russie ?
M. PRICE : Kylie, nous allons essayer de poursuivre.
Conor.
QUESTION : Monsieur le secrétaire, vous avez décrit ce que vous avez appelé les tactiques terroristes de la Russie. Le département d’État envisage-t-il de désigner la Russie comme État parrain – excusez-moi – du terrorisme ?
Et puis deuxièmement, tout ce que vous avez décrit, les mots que le président a utilisés ces derniers jours – criminel de guerre, dictateur meurtrier, pur voyou – pensez-vous qu’il pourra jamais y avoir des relations normales entre les États-Unis et la Russie tant que Vladimir Poutine est au pouvoir ?
MONSIEUR LE SECRÉTAIRE BLINKEN : Notre objectif est donc avant tout de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour aider à mettre fin rapidement à cette guerre, à mettre fin aux souffrances du peuple ukrainien du fait de l’agression de la Russie contre l’Ukraine. C’est notre priorité. À cet effet, et comme je l’ai dit plus tôt, nous examinons également très attentivement ce qui se passe, ce qui est fait, et en particulier nous examinons la question de savoir si des crimes de guerre sont commis.
Et, entre autres, le ciblage intentionnel de civils constituerait un crime de guerre. Vous avez entendu le président Biden en parler hier. Vous avez entendu ce que j’ai dit il y a quelques minutes. Nous documentons. Nous saluons les efforts de divers groupes, institutions, organisations qui se concentrent sur cette question pour rassembler toutes les preuves, pour continuer à documenter les faits, et ensuite pour qu’il y ait reddition de comptes, d’une manière ou d’une autre.
En ce qui concerne d’autres désignations sur la base des actions de la Russie, nous examinons et nous examinerons tout.
M. PRICE : Yulia Yarmolenko.
QUESTION : Sur la deuxième question ? Je suis désolé.
MONSIEUR LE SECRÉTAIRE BLINKEN : Je suis désolé. Rappelez-moi de quoi il s’agit ?
QUESTION : Tant que Poutine est au pouvoir, peut-il y avoir des relations normales entre la Russie et les États-Unis ?
MONSIEUR LE SECRÉTAIRE BLINKEN : Encore une fois, notre objectif est de mettre fin à cette guerre. Je ne veux pas spéculer sur l’avenir, mais il va falloir, d’une manière ou d’une autre, rendre des comptes pour cette guerre d’agression.
M. PRICE : Yulia Yarmolenko, VOA Ukraine.
QUESTION : Merci. Donc, sur d’éventuelles négociations entre l’Ukraine et la Russie, si la Russie accepte de mettre fin aux attaques et de retirer ses forces d’Ukraine, y a-t-il des dispositifs de sécurité qui garantiront que la Russie ne renouvellera pas son agression contre l’Ukraine ? Si ce n’est pas l’adhésion à l’OTAN pour l’Ukraine, alors quoi ?
Et une autre question. Le président Biden a déclaré que les États-Unis accepteraient les réfugiés ukrainiens à bras ouverts, et jusqu’à présent, il n’y a pas de programme de visa officiel ou autre pour les Ukrainiens qui fuient la guerre ou qui veulent venir aux États-Unis ou retrouver leur famille. Le département d’État travaille-t-il sur un programme accéléré spécial pour les réfugiés ukrainiens ? Et si oui, quand pourrait-il être lancé ?
MONSIEUR LE SECRÉTAIRE BLINKEN : Merci.Premièrement, sur la diplomatie, écoutez, je ne vais pas spéculer sur le fond de toute négociation, sur la direction qu’elle pourrait prendre.Comme je l’ai dit, nous appuyons pleinement et fermement tout ce que fait le gouvernement ukrainien – le gouvernement ukrainien démocratiquement élu.Nous nous félicitons vivement des sentiments que nous avons entendus s’agissant d’essayer de mettre fin à cela diplomatiquement aussi rapidement que possible.
Je pense qu’en premier lieu, ce dont l’Ukraine a besoin, c’est d’une désescalade, que les forces russes quittent l’Ukraine. Elle doit retrouver sa liberté et son indépendance fondamentales, mais je laisse aux partenaires ukrainiens le soin de travailler à faire progresser la diplomatie si c’est – s’ils pensent que cela peut être productif. Nous examinerons tout ce que nous pouvons faire pour soutenir cela.
Et s’il y a des questions qui finissent par être négociées et qui exigent d’une manière ou d’une autre notre participation, bien sûr, nous examinerons cette question et verrons où nous pouvons être utiles. Nous voulons pouvoir en premier lieu faire ce que nous faisons, c’est-à-dire soutenir le gouvernement ukrainien, le peuple ukrainien, tout en faisant pression sur la Russie. Si la diplomatie l’emporte enfin et s’il y a des choses que nous pouvons faire pour faciliter cette action diplomatique et pour favoriser tout résultat qui rétablisse l’indépendance de l’Ukraine, nous allons, bien sûr, les examiner et je suis sûr que nous le ferons.
En ce qui concerne les réfugiés, deux ou trois choses. Premièrement, comme je l’ai dit, il s’agit de la plus grande crise de réfugiés en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale. Les chiffres sont stupéfiants. Et, bien sûr, ce qui se perd parfois derrière ces chiffres, ce sont les vraies vies qui sont en jeu et qui changent, peut-être pas pour toujours, mais qui changent profondément. Je l’ai vu de mes propres yeux lorsque j’étais à la frontière entre la Pologne et l’Ukraine avec un certain nombre d’entre vous il y a quelques semaines à peine, en parlant à des personnes qui avaient traversé la frontière, pour y chercher la sécurité face à cette attaque russe. Et dans de nombreux cas – la plupart des cas, des femmes et des enfants – les hommes restent pour se battre.
Et nous voyons l’impact, bien sûr, en Ukraine. On en voit l’impact sur les pays voisins – Pologne, Moldavie, Roumanie, et d’autres – qui accueillent un très grand nombre de réfugiés. Je pense que la générosité est extraordinaire. Mais les chiffres augmentent. Le défi est croissant. J’étais en conférence téléphonique ce matin avec nos partenaires du G7, et c’est l’une des choses dont nous avons parlé – avoir une approche coordonnée pour gérer et aider les réfugiés qui arrivent.
Les États-Unis sont déjà et resteront le plus grand donateur d’aide humanitaire à l’Ukraine. Une partie de l’enveloppe qui figure dans le supplément comprend environ 4 milliards de dollars d’aide humanitaire qui iront directement à l’Ukraine. Elle ira également aux pays voisins et à d’autres – et aux Ukrainiens en dehors de l’Ukraine – pour les aider.
Deuxièmement, nous travaillons en étroite collaboration avec le HCR pour voir comment nous pouvons faciliter cet effort.
Enfin, nous examinons ce que nous pouvons faire nous-mêmes et faire directement – par exemple, des mesures que nous pouvons prendre en matière de réunification familiale et d’autres choses que nous pouvons faire pour apporter notre soutien et vraiment participer à cet effort.
La dernière chose que je dirai, c’est ceci : bien sûr, il y a le processus d’orientation des réfugiés, mais cela prend du temps. Mais si les gens demandent le statut de réfugié et demandent à venir aux États-Unis, bien sûr, nous prendrons des références. Mais nous examinons les mesures que nous pouvons prendre à court terme.
La dernière chose est la suivante : je pense que ce que nous constatons, du moins au début, c’est qu’un grand nombre de personnes qui sortent d’Ukraine veulent naturellement rester près de chez elles. Elles espèrent – nous espérons – qu’elles pourront rentrer chez elles au plus vite. Elles veulent aussi rester près de chez elles parce que, comme je l’ai dit, ce sont souvent des femmes et des enfants qui ont laissé derrière eux des conjoints, des maris, des pères, des frères, et ils veulent être réunis le plus rapidement possible, donc ils veulent rester aussi près que possible. Mais si cette situation se prolonge, à mesure que les chiffres augmenteront, à mesure que la charge s’alourdira pour les partenaires européens, nous ferons certainement tout ce que nous pourrons pour aider. Je soupçonne donc que nous aurons plus à dire à ce sujet dans les prochains jours. C’est pour nous une priorité en ce moment.
M. PRICE : Nous avons le temps pour une dernière question rapide d’Andrea.
QUESTION : Monsieur le secrétaire, vous avez décrit, énoncé une litanie d’attaques horribles contre des civils.Vous avez dit que vous êtes d’accord avec le commentaire du président [Biden] selon lequel il s’agit de crimes de guerre, comme l’a dit l’ambassadrice [Linda Thomas-Greenfield] auprès de l’ONU la semaine dernière.Je sais qu’il doit y avoir une enquête, mais où sera la responsabilité ?Qu’adviendra-t-il de Vladimir Poutine s’il est reconnu coupable, puisqu’il est l’État ?Que devrait-il arriver à ce (inaudible) ?Dites-le au monde.
MONSIEUR LE SECRÉTAIRE BLINKEN : Alors, Andrea, quelques petites choses. Premièrement, nous voyons tous – et vous montrez, puissamment, à la télévision – ces images effroyables en provenance d’Ukraine, et nous voyons la destruction d’une grande partie du pays par les bombes et l’artillerie russes. Nous voyons des sites civils dévastés ; nous voyons des gens se faire tuer – des centaines, des milliers de personnes, des civils. Et oui, comme je – encore une fois, comme le président l’a dit hier, à son avis, des crimes de guerre sont commis. Je suis d’accord avec ça. Après toutes les destructions que nous avons vues, il est vraiment difficile d’en conclure autre chose.
Mais ce que nous faisons c’est ceci – et j’en viendrai à votre question – nous soutenons en premier lieu le travail très important qui est fait, le processus probatoire pour rassembler les preuves, pour documenter ce qui s’est passé, pour soutenir et travailler avec les militants des droits humains, avec la société civile, avec les médias indépendants ainsi qu’avec les organisations et institutions appropriées qui examinent ces questions. Nous devons donc passer par ce processus de compilation des preuves, de collecte des preuves, de compréhension des preuves. Nous en communiquerons les résultats – et nos alliés et partenaires, j’en suis sûr, feront de même avec toutes les enquêtes en cours – pour favoriser la responsabilisation à l’aide de tous les outils dont nous disposons.
Je ne vais pas prédire, tout d’abord, le résultat ou les conséquences, mais je peux dire avec conviction qu’il y aura des comptes à rendre pour tous les crimes de guerre dont il est déterminé qu’ils ont été commis.
QUESTION : Comment pouvez-vous dire cela après Alep et Grozny ?Il l’a fait à plusieurs reprises.C’est un criminel de guerre récidiviste.
MONSIEUR LE SECRÉTAIRE BLINKEN : Andrea, lorsque nous avons dit avant l’agression de la Russie que cette agression aurait des conséquences massives, y compris des sanctions sans précédent contre la Russie, je sais que certaines personnes avaient des doutes.Je pense que nous avons démontré que nous tenons parole.Lorsque nous avons dit qu’il y aurait un soutien soutenu et puissant à l’Ukraine dans ses efforts pour se défendre, nous avons démontré que nous tenions parole.Donc, quand je vous dis qu’il y aura des comptes à rendre et des conséquences pour tous les crimes de guerre qui ont été commis, j’espère que vous me croirez sur parole, mais les actions sont toujours plus éloquentes que les mots.
M. PRICE : Merci beaucoup à tous.
MONSIEUR LE SECRÉTAIRE BLINKEN : Merci. Merci.
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Nous vous proposons cette traduction à titre gracieux. Seul le texte original en anglais fait foi.