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Département d’État des États-Unis 
Antony J. Blinken, secrétaire d’État 
Le 7 août 2023 
Interview

QUESTION : Bonjour monsieur le secrétaire d’État.

MONSIEUR LE SECRÉTAIRE BLINKEN : Bonjour.

QUESTION : Merci de répondre aux questions de RFI. Vous avez accusé récemment la Russie de chantage au sujet de cet accord céréalier. Moscou, en effet, pose ses conditions pour la réactivation de l’accord. Les États-Unis sont-ils prêts à négocier ?

MONSIEUR LE SECRÉTAIRE BLINKEN : Tout d’abord, il faut, je crois, mettre ça dans un bon contexte. Cet accord que les Russes, pour l’instant, ont déchiré n’aurait jamais dû être nécessaire dès le premier jour. Cet accord a été seulement nécessaire parce que la Russie a décidé d’envahir l’Ukraine et, après, a procédé à bloquer les exports de céréales de l’Ukraine vers le monde, surtout le port d’Odessa. Alors, la Turquie est intervenue avec les Nations unies. Il y a eu cet accord il y a un peu plus d’un an. Et pendant que cet accord était en jeu et fonctionnait, l’Ukraine a pu exporter plus de 30 milliards de tonnes, millions de tonnes, pardon, de céréales. C’est l’équivalent en blé, par exemple, de 18 milliards de baguettes, si vous voulez. Ça a eu un impact extraordinaire. Même les pays qui ne recevaient pas directement ces céréales, et par ailleurs, 50 % des exports, globalement, deux tiers des exports de blé, allaient vers les pays en voie de développement, mais même les pays qui ne bénéficiaient pas directement, bénéficiaient du fait que les prix étaient gardés plus bas, modérés. Depuis que la Russie a déchiré l’accord, les prix ont monté pour tout le monde entre 10 et 15 % et, évidemment, nous voyons l’impact sur les pays qui recevaient directement ces céréales de l’Ukraine.

QUESTION : Donc cet accord peut être sauvé, il doit être sauvé, si on vous entend bien ? Mais comment ? Quelles concessions les États-Unis sont-ils prêts à faire pour que Moscou réintègre l’accord ?

MONSIEUR LE SECRÉTAIRE BLINKEN : Ce n’est pas une question de concessions. La Russie dit, par exemple, qu’elle a des problèmes pour l’exportation de ses propres céréales, ce qui est faux dans le sens où les exportations des céréales russes au cours de la dernière année excèdent de loin ce que la Russie exportait avant l’invasion de l’Ukraine. Par ailleurs, les exports sont montés à un niveau record pour la Russie. Bon, s’il y a des points spécifiques où il y a un problème, avec les banques, avec les transports, etc., nous avons tout fait pour assurer que justement ces problèmes soient résolus. Moi-même, par exemple, j’ai écrit des lettres à nos banques, leur expliquant que nous soutenons absolument l’exportation des céréales russes et qu’il n’y avait rien à craindre, par exemple, des sanctions qui, de toute manière, mettent à part les céréales russes, les transports, l’assurance, etc. Il y a une proposition maintenant avancée par les Nations unies pour la Russie pour résoudre leurs soi-disant problèmes. Toujours pas de réponse de la Russie. Si ! Réponse de la Russie : ils attaquent le port d’Odessa ; ils attaquent les céréales en Ukraine ; ils ont détruit 220 000 tonnes de ces céréales depuis une semaine. Ça, c’est leur réponse.

QUESTION : La balle est donc dans le camp de Moscou, vous nous dites, Anthony Blinken. La Russie qui a promis de livrer gratuitement des céréales russes à des pays africains, six au total, pour contrer les effets de la fin de cet accord. Comment les États-Unis comptent-ils répondre à cette initiative de Moscou ?

MONSIEUR LE SECRÉTAIRE BLINKEN : Là aussi, il faut être très clair. La Russie, apparemment, a exprimé l’idée d’exporter 50 000 tonnes de céréales à cinq ou six pays. Sous l’accord de, sous l’initiative qui était avancée depuis un an, que les Russes ont déchirée, on a exporté 20 millions de tonnes vers les pays en voie de développement. Alors, 50 000 tonnes proposées par la Russie ; 20 millions de tonnes qui ont été exportées sous l’accord ; il n’y a pas de comparaison. C’est une goutte d’eau, ce que propose la Russie. Ça ne répond pas aux problèmes. Ça ne changera pas la montée des prix. Ça ne changera pas le fait que des millions de tonnes de céréales sont retirées du marché et ne sont pas avec ceux qui en ont besoin, surtout dans les pays en développement.

QUESTION : Mais est-ce que les États-Unis, en contrepartie, pourraient puiser dans leurs propres stocks de céréales pour les livrer à des pays africains ?

MONSIEUR LE SECRÉTAIRE BLINKEN : C’est ce que nous faisons. Et, par ailleurs, depuis le début de l’invasion russe en Ukraine, nous avons donné plus de 14 milliards de dollars en supplément pour la sécurité alimentaire à travers le monde, surtout dans les pays africains. Et là, la semaine dernière, j’étais aux Nations unies. J’ai pu annoncer encore 350 millions de dollars d’aide supplémentaire pour 11 pays en Afrique et Haïti. Donc, nous faisons le maximum. Le Programme alimentaire mondial, programme très important des Nations unies, nous soutenons 50 % de son budget. La Russie, moins de 1 %. Donc, ça met en contexte ce que nous faisons, ce que nous faisons depuis longtemps, pour assurer la sécurité alimentaire à travers le monde, y compris dans les situations d’urgence, mais également pour l’investissement qui est nécessaire pour que ces pays puissent avoir une capacité productive à long terme, pour eux-mêmes. Des initiatives que j’ai décrites aux Nations unies la semaine dernière. Sachez aussi que, la semaine dernière à New York aux Nations unies, 91 pays ont signé une déclaration pour qu’on n’utilise pas les céréales, l’alimentation, comme arme de guerre. C’est ce que fait la Russie, hélas, en Ukraine.

QUESTION : Une question, M. le secrétaire d’État, au sujet de la situation actuellement au Niger. Quel est le rôle que jouent en ce moment les États-Unis ? Participez-vous aux efforts de négociation ?

MONSIEUR LE SECRÉTAIRE BLINKEN : Nous sommes derrière les efforts de la CEDEAO en Afrique pour essayer de rétablir l’ordre constitutionnel au Niger. Et donc, nous œuvrons de façon diplomatique à soutenir leurs efforts. Je suis en contact régulier avec des leaders en Afrique, avec la CEDEAO elle-même, avec l’Union africaine et puis, évidemment, avec nos partenaires en Europe, y compris la France. Donc, nous, comme d’autres pays, nous essayons d’avancer la diplomatie pour qu’il y ait le retour à l’ordre constitutionnel. Ce que nous voyons au Niger est extrêmement désolant et n’offre rien au pays et au peuple du Niger. Au contraire, l’interruption de cet ordre constitutionnel nous met dans une position, nous et bien d’autres pays, où il faut qu’on arrête notre aide, notre soutien, ce qui n’arrangera pas les choses pour le peuple du pays.

QUESTION : La négociation pour éviter une intervention militaire ?

MONSIEUR LE SECRÉTAIRE BLINKEN : Il est sûr que la diplomatie, c’est le moyen préférable de résoudre cette situation. C’est la démarche actuellement pour la CEDEAO. C’est notre démarche. En tout cas, nous soutenons les efforts de la CEDEAO pour essayer de rétablir l’ordre constitutionnel.

QUESTION : Et est-ce que le millier de soldats américains présents sur le sol du Niger a vocation à rester sur place ou à être retiré ?

MONSIEUR LE SECRÉTAIRE BLINKEN : Écoutez, je ne peux pas rentrer dans l’hypothèse de, en ce qui concerne l’avenir, l’important, l’essentiel, c’est ce retour à l’ordre constitutionnel. C’est pour cela que nous œuvrons en ce moment. La suite, nous verrons.

QUESTION : M. le secrétaire d’État, merci beaucoup.

MONSIEUR LE SECRÉTAIRE BLINKEN : Merci à vous.

QUESTION : Merci beaucoup, M. Blinken, d’avoir répondu à nos questions et d’avoir un petit peu dépassé le temps. Je vous crois déjà parti.

MONSIEUR LE SECRÉTAIRE BLINKEN : Non, non. Je suis toujours là. Et merci à vous.


Voir le contenu d’origine : https://www.state.gov/secretary-antony-j-blinken-with-mikael-ponge-of-radio-france-internationale-rfi/

Nous vous proposons cette traduction à titre gracieux. Seul le texte original en anglais fait foi. 

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The Lessons of 1989: Freedom and Our Future