Département d’État des États-Unis
Antony J. Blinken, secrétaire d’État
Le 18 mai 2022
Siège des Nations unies
New York
MADAME L’AMBASSADRICE THOMAS-GREENFIELD : Bonjour à tous. Permettez-moi de remercier chacun d’entre vous de vous être joints à nous aujourd’hui pour ouvrir un dialogue sur un large éventail de questions communes, en particulier sur le climat, les conflits, la prospérité et la sécurité alimentaire. Nous souhaitons également vous parler des modalités du renforcement de notre partenariat ici aux Nations unies.
J’ai récemment eu une série de réunions que j’appelle des tournées d’écoute avec des ambassadeurs africains ici aux Nations unies et lors de ces réunions, j’ai entendu haut et fort que les Africains souffrent de la flambée des prix de la nourriture et du carburant exacerbée par la guerre de la Russie contre Ukraine. Comme vous le savez, les États-Unis placent la sécurité alimentaire au cœur de leur action à la présidence du Conseil de sécurité pour la deuxième année consécutive et nous organisons actuellement une série de journées d’action pour faire de cette crise une priorité.
Lorsque j’ai soulevé cette question pour la première fois au Conseil de sécurité en mars 2021, nous avons discuté de l’impact de la COVID, du climat, des conflits et des tensions au niveau des chaînes d’approvisionnement mondiales sur la faim et la malnutrition de millions de personnes supplémentaires. Ces derniers mois, la guerre en Ukraine, un important fournisseur de blé et d’autres produits agricoles, a davantage perturbé l’approvisionnement alimentaire mondial. Et permettez-moi de noter que nous avons une déclaration très forte, une feuille de route pour l’action, que nous vous encourageons tous à signer aujourd’hui comme résultat concret de la réunion ministérielle.
Cette réunion est une opportunité. C’est l’occasion pour nous de vous entendre directement au plus haut niveau sur ce problème et bien d’autres questions. Nous voulons savoir ce que vous voyez et vivez sur le terrain et comment nous pouvons trouver des moyens de collaborer pour aller de l’avant.
À cette fin, j’ai maintenant le grand privilège de vous présenter le secrétaire d’État des États-Unis, le secrétaire Blinken. Je lui suis très reconnaissante d’avoir pris le temps, malgré son emploi du temps chargé, de nous réunir ici aujourd’hui et je sais qu’il a hâte d’entendre ce que vous avez tous à dire. Secrétaire Blinken, la parole est à vous
MONSIEUR LE SECRÉTAIRE BLINKEN : Linda, merci beaucoup, à la fois pour ces mots d’introduction mais surtout pour tout ce que vous faites chaque jour ici aux Nations unies pour représenter les États-Unis de manière si efficace, en particulier avec tant de partenaires autour de la table aujourd’hui. Et je tiens à adresser les mêmes remerciements à notre secrétaire d’État adjointe pour l’Afrique, Molly Phee, pour son leadership et son engagement constants avec les pays d’Afrique, avec les peuples d’Afrique, avec les institutions d’Afrique.
Et je voudrais juste rebondir sur ce que vous venez de dire, Linda, à savoir que je suis vraiment ici, que nous sommes ici aujourd’hui pour vous écouter, pour vous entendre, parce que nous voulons savoir comment vous vivez ce défi significatif de l’insécurité alimentaire et surtout, nous souhaitons entendre vos idées sur les modalités de collaborer pour y remédier. Je vous suis donc reconnaissant de vous être joints à nous aujourd’hui, ainsi que ceux qui arriveront sous peu. C’est très important d’avoir la possibilité de se rencontrer en personne. J’attends avec impatience la réunion ministérielle qui débutera très bientôt.
Toute conversation sur la sécurité alimentaire doit se concentrer sur ce qui se passe en Afrique. Vos pays supportent certains des fardeaux les plus lourds. C’est quelque chose que nous remarquons, que nous reconnaissons. Personne ne sait mieux que vous quelles solutions seraient utiles et lesquelles sont susceptibles d’échouer. Les causes de la crise alimentaire actuelle sont multiples. Linda a fait allusion à certaines d’entre elles, dont, bien sûr, les ramifications économiques de la COVID-19, la crise climatique accélérée que nous ressentons tous avec acuité et que les peuples d’Afrique subissent en premier lieu depuis longtemps. En ce moment-même, les pays de la Corne de l’Afrique connaissent une brutale quatrième saison de sécheresse consécutive avec, nous le savons, des conséquences dévastatrices.
Et, comme l’a dit Linda, la guerre de la Russie en Ukraine a également eu un effet majeur. Il y avait des conditions préexistantes qui ont été exacerbées par cette agression et l’on pense que 40 millions de personnes supplémentaires sont par conséquent exposées à des risques d’insécurité alimentaire. Nous avons vu des pénuries alimentaires mondiales et une hausse des prix des aliments, des engrais et du carburant. Et tandis que les populations du monde entier doivent faire face à ces pénuries et à la hausse des prix, les populations d’Afrique, nous le savons, ont été particulièrement touchées. Une étude récente de l’Agence des États-Unis pour le développement international a révélé que 32 des 39 pays les plus exposés à cette crise alimentaire aiguë se trouvent en Afrique.
Je tiens à souligner quelque chose parce que c’est vraiment important et je le sais de source sûre, je peux en témoigner personnellement. Les États-Unis ont organisé des centaines de réunions pour tenter d’empêcher cette guerre insensée contre l’Ukraine. Nous avons tendu la main à plusieurs reprises à nos partenaires russes, à l’OTAN, à l’Union africaine, à l’Union européenne, à d’autres alliés et partenaires. Le président Poutine a tout de même procédé à l’invasion. Les sanctions que des dizaines de pays ont imposées à la Russie après l’invasion prévoyaient des exclusions très claires pour la nourriture, les engrais et les semences. Mais le Kremlin a choisi de retenir délibérément ces exportations de l’Ukraine. Il y a une abondance de céréales, de blé qui a été produite cette année en Ukraine. Ces produits y sont immobilisés parce qu’ils ne peuvent pas sortir du pays. Pourquoi ? Parce que la Russie bloque les ports d’où ils partiraient et cible, en effet, ces ports, cible les fermes et les terres à cultiver. Dans de nombreux cas, les agriculteurs ukrainiens ont été contraints de choisir entre se battre pour la liberté de leur pays ou fuir.
L’association de tous ces facteurs a eu un impact majeur. Et parce que l’Ukraine est l’un des principaux exportateurs mondiaux de cultures essentielles, dont le maïs, ainsi que le blé et les graines pour l’huile de cuisson, le résultat que nous constatons est que les populations du monde entier subissent les conséquences des choix faits par le président Poutine et surtout, encore une fois, les populations d’Afrique. C’est pourquoi il est essentiel que nous nous réunissions aujourd’hui afin que nous puissions entendre directement de vous ce à quoi vos citoyens sont réellement confrontés et comment nous pouvons les aider. Par exemple, si les pays ont besoin d’une assistance spécifique pour s’assurer que les sanctions n’empêchent pas l’acheminement de nourriture ou d’engrais vers vous, nous voulons le savoir. Et nous sommes prêts à agir rapidement pour vous aider.
Lorsque j’ai eu l’occasion de me rendre au Kenya, au Nigéria et au Sénégal en novembre, j’ai expliqué que les États-Unis considèrent les pays d’Afrique comme des partenaires pour résoudre les défis auxquels nous sommes confrontés. La sécurité alimentaire est l’un de ces défis les plus urgents et en termes simples, nous souhaitons travailler en partenariat avec vous pour mettre en œuvre une réponse coordonnée.
Alors, permettez-moi de résumer très brièvement ce que nous nous sommes engagés à faire pour essayer de mettre fin à la crise à court terme et nos priorités à long terme. Ensuite, c’est avec grand plaisir que nous entendrons chacun de vous.
Tout d’abord, nous répondons aux besoins humanitaires causés par la guerre d’agression contre l’Ukraine. Rien que depuis février, les États-Unis se sont engagés à fournir plus de 2,3 milliards de dollars d’aide alimentaire. Et en attendant l’approbation définitive de notre Congrès, nous fournirons plus de 5 milliards d’aide supplémentaire, dont plus de 760 millions de dollars spécifiquement pour la sécurité alimentaire mondiale. De plus, nous annonçons aujourd’hui 215 millions de dollars supplémentaires pour l’aide alimentaire d’urgence en Algérie, au Cameroun, en Ouganda, au Zimbabwe, en Mauritanie, au Nigeria, au Burkina Faso, au Rwanda, en Tanzanie et au Kenya, entre autres pays.
Deuxièmement, nous nous efforçons de remédier à ce qui est également une pénurie mondiale d’engrais, notamment en augmentant notre production nationale. Le président Biden a engagé 250 millions de dollars supplémentaires il y a à peine une semaine pour un total de 500 millions de dollars investis dans la production américaine d’engrais cette année.
Enfin, nous œuvrons en faveur du renforcement de la résilience agricole sur le long terme. Et ici, je tiens vraiment à saluer l’excellent travail de la Banque africaine de développement grâce à son plan d’un milliard de dollars pour aider 40 millions d’agriculteurs africains à utiliser des technologies résistant au climat et accroître les rendements des cultures. De même, nous avons notre initiative Feed the Future dédiée depuis 15 ans à l’amélioration à long terme de la sécurité alimentaire, en particulier avec des partenaires de toute l’Afrique. Nous développons Feed the Future grâce à 5 milliards de dollars supplémentaires prévus au cours des trois prochaines années et l’élargissons à de nouveaux pays, notamment, en effet, principalement en Afrique.
Ces investissements montrent que la sécurité alimentaire mondiale est une priorité pour les États-Unis et nous voulons faire tout notre possible pour nous coordonner et coopérer avec nos partenaires afin d’aider les pays ayant les besoins les plus urgents à obtenir rapidement l’aide dont ils ont besoin tout en investissant dans leur propre production alimentaire.
Et surtout, nous savons que nous n’avons pas toutes les réponses et nous ne sommes certainement pas en mesure de dicter des solutions à distance. Nous sommes impatients d’entendre, encore une fois, ce que nous pouvons faire, ce que nous pouvons faire mieux, comment nous pouvons le faire plus efficacement, comprendre comment la crise affecte réellement vos pays et surtout, encore une fois, de recueillir vos idées sur les moyens d’y remédier et de vous aider.
Donc, cela dit, je suis très, très reconnaissant pour la participation de chacun aujourd’hui et nous pouvons commencer la conversation.
Voir le contenu d’origine : https://www.state.gov/secretary-antony-j-blinken-and-foreign-ministers-from-democratic-republic-of-the-congo-egypt-gabon-ghana-kenya-mauritania-nigeria-south-africa-zambia-and-senegal-before-their-meeting/
Nous vous proposons cette traduction à titre gracieux. Seul le texte original en anglais fait foi.