Département d’État des États-Unis
Antony J. Blinken, secrétaire d’État
Le 13 septembre 2023
Allocution
LE SECRÉTAIRE D’ÉTAT BLINKEN : Merci. Bonjour à tous.
LE PUBLIC : Bonjour.
LE SECRÉTAIRE D’ÉTAT BLINKEN : Monsieur le Directeur Steinberg, Jim, merci pour cet honneur qui m’est donné de vous rejoindre à la SAIS et participer à l’inauguration de ces nouveaux locaux absolument magnifiques.
Jim a fait beaucoup pour les autres au cours de sa remarquable carrière, mais sa contribution la plus durable est la génération de penseurs, d’acteurs qu’il a formés, conseillés et inspirés. Moi y compris.
Zbigniew Brzeziński était également convaincu que l’une de ses contributions les plus durables aux affaires internationales était la formation des universitaires et des praticiens américains en devenir, dont le président Carter, qui se décrivait comme un « élève enthousiaste » de Zbig ; et Ian, Mark, Mika – tous ceux qui ont cherché à nous rapprocher de ce que Zbig appelait la fusion pragmatique de la puissance américaine et des principes américains.
Il y a 80 ans, Paul Nitze s’est associé à Chris Herter, alors représentant au Congrès, pour créer cette institution, et ils cherchaient un endroit pour l’abriter.
Ils ont opté pour une vieille maison qui tombait en ruines, sur Florida Avenue (rires), qui était autrefois une école de filles. C’est sur un vieux terrain de basket qu’a été érigée la première bibliothèque de la SAIS. Comme Jim l’a mentionné, j’ai eu l’occasion de travailler dans le bâtiment original de la SAIS, et j’ai aussi eu l’immense et unique honneur d’occuper temporairement le bureau qui avait été celui de Paul Nitze.
Mais comme Nitze et Herter le savaient tous les deux, les bâtiments, qu’ils soient très modestes ou très majestueux, ne sont que ça : des bâtiments. Ce sont les gens qui les imprègnent d’idées et de vocations.
À l’époque, le monde était encore sous le choc de la Seconde Guerre mondiale. L’ancien ordre était en ruines, et Nitze et Herter étaient convaincus que cette institution avait un rôle essentiel à jouer dans la construction d’un nouvel ordre. Les diplômés de la SAIS ont tenu cette promesse depuis lors.
Aujourd’hui, nous nous trouvons de nouveau à un moment charnière de l’histoire, aux prises avec la question fondamentale de la stratégie, telle que Nitze l’a définie : « Comment passer de là où nous sommes à là où nous voulons être, sans être frappés par une catastrophe en cours de route ? »
Aujourd’hui, ce que je veux faire, c’est vous présenter la réponse de l’administration Biden à cette question profonde et vitale.
Commençons donc par là où nous en sommes.
Le paysage international que vous étudiez tous est complètement différent de celui que j’ai connu lorsque j’ai commencé ma carrière dans le gouvernement, il y a 30 ans, aux côtés de M. Steinberg.
La fin de la Guerre froide portait en elle la promesse d’une avancée inexorable vers davantage de paix et de stabilité, de coopération internationale, d’interdépendance économique, de libéralisation politique et de droits de la personne.
Et en effet, la période de l’après-Guerre froide a vu arriver des progrès remarquables : plus d’un milliard de personnes sorties de la pauvreté ; le nombre de conflits entre États à un niveau historiquement bas ; des maladies mortelles en recul, voire éradiquées.
Bien sûr, tout le monde n’a pas profité de la même manière des avantages extraordinaires de cette période. Et l’ordre établi a connu de sérieux défis : les guerres dans l’ancienne Yougoslavie, le génocide au Rwanda, le 11-Septembre et la guerre en Irak, la crise financière mondiale de 2008, la Syrie, la pandémie de COVID, pour n’en citer que quelques-uns.
Mais ce que nous vivons aujourd’hui va au-delà d’une simple mise à l’épreuve de l’ordre de l’après-Guerre froide. Il s’agit de sa fin.
Cette fin n’est pas arrivée du jour au lendemain. Et ce qui nous y a conduits sera le sujet d’études et de débats pendant encore des dizaines d’années. Mais il est de plus en plus admis que plusieurs des hypothèses fondamentales ayant façonné notre approche de l’ère de l’après-Guerre froide ne sont plus valables.
Les décennies de stabilité géopolitique relative ont laissé place à une compétition de plus en plus intense avec des puissances autoritaires, des puissances révisionnistes. La guerre d’agression de la Russie en Ukraine constitue la menace la plus immédiate, la plus grave pour l’ordre international consacré dans la Charte des Nations unies et pour ses principes fondamentaux de souveraineté, d’intégrité territoriale et d’indépendance des nations, ainsi que des droits humains universels et indivisibles de chacun.
Quant à la république populaire de Chine, elle représente le défi à long terme le plus important, non seulement parce qu’elle aspire à remodeler l’ordre international, mais aussi parce qu’elle dispose de plus en plus du pouvoir économique, diplomatique, militaire et technologique pour y parvenir.
Et Pékin et Moscou œuvrent de concert pour protéger l’autocratie dans le monde par le biais de leur partenariat « sans limites ».
Cette compétition est en train de s’intensifier, mais de nombreux pays avancent avec précaution. L’influence des acteurs non étatiques augmente – des entreprises dont les ressources rivalisent avec celles des gouvernements nationaux aux ONG qui fournissent des services à des centaines de millions de personnes, en passant par des terroristes qui ont la capacité d’infliger des dégâts catastrophiques et des organisations criminelles transnationales qui se livrent au trafic de drogues, d’armes et d’êtres humains.
Forger une coopération internationale est devenu plus complexe. Non seulement en raison de la montée des tensions géopolitiques, mais aussi en raison de l’ampleur colossale des problèmes mondiaux comme la crise climatique, l’insécurité alimentaire, les migrations massives et les déplacements.
Les pays et les citoyens perdent confiance dans l’ordre économique international. Leur confiance est ébranlée par des problèmes systémiques :
Une poignée de gouvernements qui ont utilisé des subventions au mépris des règles, qui se sont livrés au vol de la propriété intellectuelle et à d’autres pratiques de distorsion du marché pour obtenir un avantage injuste dans des secteurs clés.
La technologie et la mondialisation ont vidé de leur substance et déplacé des industries entières, et les politiques n’ont pas fait suffisamment pour aider les travailleurs et les populations qui se sont retrouvés sur le carreau.
Et les inégalités sont montées en flèche. Entre 1980 et 2020, les 0,1 % les plus riches ont accumulé la même richesse que les 50 % les plus pauvres.
Plus ces disparités persistent, plus elles nourrissent la méfiance et le désenchantement chez les personnes qui estiment que le système ne leur offre aucunes chances, et plus elles exacerbent d’autres facteurs de polarisation politique, amplifiés par des algorithmes renforçant nos préjugés au lieu de permettre aux meilleures idées de prévaloir.
De plus en plus de démocraties sont menacées. Elles sont menacées de l’intérieur par les élus qui exploitent les mécontentements et attisent les peurs ; qui sapent l’indépendance de la justice et des médias ; qui enrichissent leurs amis ; qui répriment la société civile et l’opposition politique. Et elles sont menacées de l’extérieur par les autocrates qui propagent la désinformation ; qui instrumentalisent la corruption ; qui s’ingèrent dans les élections.
N’importe lequel de ces phénomènes aurait constitué un défi sérieux pour l’ordre de l’après- Guerre froide. À eux tous, ils l’ont renversé.
Nous nous trouvons donc à un point d’inflexion, comme le dit le président Biden. Une ère se termine, une nouvelle ère commence, et les décisions que nous prenons maintenant façonneront l’avenir pour des dizaines d’années à venir.
En cette période décisive, les États-Unis se trouvent en position de force. Une force basée à la fois sur de l’humilité et sur de la confiance.
De l’humilité, parce que nous sommes confrontés à des défis qu’aucun pays ne peut relever à lui seul. Parce que nous savons que nous devrons gagner la confiance de nombreux pays et citoyens pour qui l’ancien ordre n’a pas tenu toutes ses promesses. Parce que nous reconnaissons que le leadership commence par l’écoute et la compréhension du point de vue des autres sur nos problèmes communs, de façon à pouvoir trouver un terrain d’entente. Et parce que nous sommes confrontés à des défis profonds chez nous, que nous devons surmonter si nous voulons être un chef de file à l’étranger.
Et de la confiance, parce que nous avons prouvé à maintes reprises que lorsque l’Amérique agit d’une seule voix, elle peut tout faire. Parce qu’aucune autre nation sur Terre n’est aussi capable de mobiliser les autres pour une cause commune. Parce que nos efforts continus pour former une union plus parfaite nous permettent de corriger nos défauts et de renouveler notre démocratie de l’intérieur. Et parce que notre vision de l’avenir, à savoir celle d’un monde ouvert, libre, prospère et sûr, cette vision n’est pas seulement celle de l’Amérique, mais aussi ce à quoi aspirent sans relâche les peuples de tous les pays sur tous les continents.
Un monde où chacun est libre dans sa vie quotidienne, et libre de façonner son avenir, sa collectivité, son pays.
Un monde où l’économie mondiale est définie par la concurrence équitable, l’ouverture, la transparence, et où la prospérité se mesure non seulement par la croissance économique des pays, mais aussi par le nombre de personnes qui en bénéficient.
Un monde qui génère une course vers le haut en matière de normes de travail, d’environnement, de santé, d’éducation, d’infrastructures, de technologie, de sécurité et d’opportunités.
Un monde où le droit international et les principes fondamentaux de la Charte des Nations unies sont respectés, ainsi que les droits humains universels.
Nous défendrons cette vision, guidés par un intérêt personnel éclairé, celui même qui a toujours animé le leadership américain au plus fort de son efficacité. Nous avons contribué à construire l’ordre international après la Seconde Guerre mondiale et investi dans le progrès d’autres pays et d’autres peuples parce que nous avons compris que c’était dans l’intérêt de l’humanité, mais aussi dans le nôtre. Nous avons compris que, même en étant le pays le plus puissant sur Terre, le fait de forger des règles mondiales communes — d’accepter certaines contraintes — et de soutenir la réussite des autres finirait par rendre le peuple américain plus prospère, plus pacifique, plus en sécurité.
C’est toujours le cas. L’intérêt personnel éclairé de l’Amérique à préserver et à renforcer cet ordre n’a certes jamais été aussi grand.
Mais nos concurrents ont une vision fondamentalement différente. Ils conçoivent un monde défini par un seul impératif, à savoir la préservation et l’enrichissement des régimes. Un monde où les personnalités autoritaires sont libres de contrôler, de contraindre et d’écraser leur peuple, leurs voisins et quiconque se trouve sur leur chemin pour atteindre cet objectif auquel ils consacrent tous leurs efforts.
Nos concurrents affirment que l’ordre existant a été imposé par l’Occident, alors que les normes et les valeurs qui le sous-tendent reflètent une aspiration universelle et qu’elles sont consacrées dans le droit international auquel ils ont adhéré. Ils prétendent que ce que font les gouvernements à l’intérieur de leurs frontières ne regardent qu’eux, et que les droits de la personne sont des valeurs subjectives qui varient d’une société à l’autre. Ils estiment que les grands pays ont droit à des sphères d’influence – que leur puissance et leur proximité leur donnent le privilège de dicter leurs choix aux autres.
Le contraste entre ces deux visions ne pourrait pas être plus clair. Et les enjeux de la compétition à laquelle nous sommes confrontés ne pourraient pas être plus élevés, pour le monde et pour le peuple américain.
Quand le président Biden m’a demandé de devenir secrétaire d’État, il a clairement indiqué que mon travail consistait à servir en premier lieu le peuple américain. Et il a insisté sur le fait que nous devions répondre aux deux questions fondamentales suivantes : Comment l’engagement de l’Amérique à l’étranger peut-il nous rendre plus forts ici, chez nous ? Et comment pouvons-nous tirer parti du renouveau de l’Amérique chez nous pour devenir plus forts dans le monde ?
Nos réponses à ces questions ont guidé la stratégie du président Biden depuis le premier jour.
Nous avons commencé par investir en nous-mêmes, ici, afin que les États-Unis soient dans la meilleure position possible pour faire face à la concurrence et être un leader dans le monde. Comme George Kennan nous le rappelle : « Beaucoup de choses dépendent de la santé et de la vitalité de notre propre société. » Et le président Biden et notre Congrès ont réalisé les plus grands investissements en Amérique depuis des générations pour renforcer notre santé et notre vitalité. Nous modernisons les infrastructures, nous stimulons la recherche, nous renforçons les principales industries et technologies du XXIe siècle, nous consolidons les fondations de notre industrie manufacturière, et nous sommes à la tête de la transition énergétique mondiale.
Jamais au cours de ma carrière, au cours de ma vie, nos politiques intérieure et étrangère n’avaient été aussi pleinement intégrées qu’aujourd’hui, en grande partie grâce à Jake Sullivan, le conseiller à la sécurité nationale, qui a joué un rôle de premier plan dans l’élaboration de notre stratégie moderne dans les domaines de l’industrie et de l’innovation et dans l’alignement de cette stratégie avec notre politique étrangère.
Notre renouveau intérieur renforce le leadership américain dans le monde et est renforcé par lui. Et c’est là que le pouvoir et la mission de la diplomatie américaine entrent en jeu. Au cœur de notre stratégie se trouvent le réengagement, la revitalisation et la réimagination de notre plus grand atout stratégique, à savoir les alliances et les partenariats de l’Amérique.
Nous nous employons avec détermination et avec urgence à approfondir, à élargir et à harmoniser nos amitiés d’une nouvelle manière afin de pouvoir répondre aux trois épreuves déterminantes de cette ère nouvelle : une concurrence stratégique farouche et durable, des défis mondiaux qui représentent des menaces existentielles pour la vie et les moyens de subsistance partout dans le monde, et un besoin urgent de rééquilibrer notre avenir technologique et notre avenir économique de façon que notre interdépendance soit une source de force, et non de vulnérabilité.
Pour ce faire, nous avons recours à ce que j’aime appeler la diplomatie à géométrie variable. Nous commençons par le problème à résoudre et à partir de là, nous assemblons le groupe de partenaires qui a la bonne taille et la bonne configuration pour le résoudre. Nous cherchons de manière réfléchie à trouver la combinaison la mieux adaptée à l’objectif visé.
Ces coalitions n’existent pas en vase clos. La création et le renforcement de n’importe lequel de ces groupes apportent des capacités pouvant être exploitées au sein du vaste réseau de partenaires de l’Amérique. Et plus nous construisons de coalitions, plus nous pouvons trouver de nouvelles synergies entre elles, y compris de manières que nous n’aurions pas forcément anticipées. Ensemble, le tout devient beaucoup plus grand que la somme des parties.
Les autres démocraties ont toujours été notre premier choix pour la coopération. Elles le seront toujours. C’est pourquoi le président Biden a organisé deux Sommets pour la démocratie où il a réuni les dirigeants de démocraties grandes et petites, émergentes et établies, afin de relever les défis partagés auxquels nous sommes confrontés.
Mais sur certaines priorités, si nous avançons seuls ou seulement avec nos amis démocratiques, nous ne réussirons pas. De nombreuses questions exigent un ensemble plus large de partenaires potentiels, ce qui a pour atout supplémentaire de renforcer les relations avec davantage de pays.
Nous sommes donc déterminés à travailler avec tous les pays, y compris ceux avec lesquels nous sommes en désaccord sur des questions importantes, dans la mesure où ils sont prêts à agir pour le bien de leurs citoyens, à contribuer à la résolution de nos problèmes communs et à respecter les normes internationales que nous avons établies ensemble. Cela implique non seulement de travailler en partenariat avec les gouvernements nationaux, mais aussi avec les gouvernements locaux, la société civile, le secteur privé, le milieu universitaire et les citoyens, en particulier les jeunes leaders.
Voilà le cœur de notre stratégie pour passer de là où nous sommes à là où nous devons être. Et nous la poursuivons de quatre manières principales.
Premièrement, nous renouvelons et approfondissons nos alliances et nos partenariats, et nous en forgeons de nouveaux.
Il y a seulement quelques années, certaines personnes remettaient ouvertement en question les capacités et la pertinence de l’OTAN ainsi que l’engagement de l’Amérique à son égard. Aujourd’hui, l’Alliance est plus grande, plus forte et plus unie que jamais. Nous avons ajouté un nouveau membre extrêmement compétent, à savoir la Finlande. La Suède va bientôt nous rejoindre, et les portes de l’OTAN restent ouvertes. Nous avons renforcé notre dissuasion et notre défense, notamment en ajoutant quatre nouveaux bataillons multinationaux sur le flanc est de l’OTAN, et en augmentant les investissements dans la défense pour faire face aux défis émergents allant des attaques cybernétiques au changement climatique.
Nous faisons du G7 le comité directeur des démocraties les plus avancées du monde, en unissant nos puissances politique et économique non seulement pour résoudre les problèmes qui touchent nos populations, mais aussi pour offrir aux pays extérieurs au G7 de meilleurs moyens de répondre aux besoins de leurs populations.
Nous avons relevé le niveau d’ambition dans notre relation avec l’Union européenne. Ensemble, nous représentons 40 % de l’économie mondiale. Nous utilisons cette force pour façonner notre avenir technologique et économique de manière qu’il reflète nos valeurs démocratiques communes.
Nous élevons nos relations bilatérales à un nouveau niveau.
Notre alliance de plusieurs décennies avec le Japon est plus forte et plus importante que jamais, ayant atteint de nouveaux horizons allant du domaine de l’espace à celui de l’informatique quantique.
Nous avons signé la Déclaration de Washington avec la Corée du Sud, qui renforce notre coopération pour décourager les menaces posées par la Corée du Nord ; et la Déclaration de Jérusalem avec Israël, qui réaffirme notre engagement à l’égard la sécurité d’Israël – et à employer tous les éléments de la puissance américaine pour empêcher l’Iran d’acquérir l’arme nucléaire.
Nous avons convenu de nouveaux accords de positionnement et de déploiement avec nos alliés de l’Australie et des Philippines.
Le partenariat stratégique entre les États-Unis et l’Inde n’a jamais été aussi dynamique, comme le démontrent nos associations dans tous les domaines, des semi-conducteurs avancés à la coopération en matière de défense.
Et il y a quelques jours à peine, à Hanoï, le président Biden a scellé un vaste partenariat stratégique avec le Vietnam.
Nous encourageons l’intégration régionale. Au Moyen-Orient, nous avons approfondi des relations récentes et vieilles de plusieurs dizaines d’années entre Israël et les États arabes, et nous nous employons à favoriser de nouvelles relations, y compris avec l’Arabie saoudite.
Dans notre hémisphère, qui connaît la plus grande migration de masse et le plus grand déplacement de population de son histoire, nous avons rallié 20 pays – et ce n’est qu’un début – autour d’une stratégie régionale visant à garantir une migration sûre, ordonnée et humaine, tout en abordant également les causes profondes qui poussent les gens à quitter leur pays.
Et le président Biden a organisé des sommets avec des dirigeants des Amériques, de l’Asie du Sud-Est, de l’Afrique et des pays insulaires du Pacifique pour promouvoir des partenariats transformateurs.
Deuxièmement, nous tissons nos alliances et nos partenariats de manière innovante et qui nous renforcent mutuellement – sur des questions et sur des continents variés.
Pensez un instant à toutes les manières dont nous avons rallié des groupes d’alliés et de partenaires variés pour soutenir l’Ukraine face à l’agression massive de la Russie.
Sous la direction du secrétaire à la Défense Austin, plus d’une cinquantaine de pays s’emploient ensemble à soutenir la défense de l’Ukraine et à construire une armée ukrainienne suffisamment forte pour dissuader et repousser de futures attaques.
Nous avons rallié des dizaines de pays autour de la mise en place d’un ensemble sans précédent de sanctions, de contrôles des exportations et d’autres coûts économiques à l’encontre de la Russie.
À de multiples occasions, nous avons amené 140 nations aux Nations unies – plus des deux tiers de tous les États membres – à affirmer la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine et à condamner l’agression et les atrocités commises par la Russie.
Nous avons rallié des donateurs, des philanthropes et des groupes humanitaires pour apporter une aide vitale à des millions d’Ukrainiens déplacés.
Nous avons coordonné le G7, l’Union européenne et des dizaines d’autres pays pour soutenir l’économie ukrainienne et reconstruire son réseau énergétique, dont plus de la moitié a été détruite par la Russie.
C’est à cela que ressemble la géométrie variable : pour chaque problème, nous rassemblons une coalition adaptée.
Grâce à la bravoure et à la résilience remarquables du peuple ukrainien et à notre soutien, la guerre de Poutine continue d’être un échec stratégique pour la Russie. Notre objectif est de faire en sorte que l’Ukraine ne se contente pas de survivre, mais qu’elle s’épanouisse en tant que démocratie dynamique et prospère, afin que les Ukrainiens puissent être les artisans de leur avenir – et se suffire à eux-mêmes.
Il fut un temps où d’aucuns considéraient que les menaces pesant sur l’ordre international se limitaient à une région ou à une autre. Ce n’est plus le cas. L’invasion russe a clairement montré qu’une attaque contre l’ordre international, où qu’elle se produise, nuit aux populations du monde entier. Nous avons profité de cette prise de conscience pour rapprocher nos alliés transatlantiques et indopacifiques au service de la défense de notre sécurité, de notre prospérité et de notre liberté communes.
Lorsque la Russie a coupé les livraisons de pétrole et de gaz à l’Europe pendant l’hiver dans l’espoir de dissuader les pays de soutenir l’Ukraine, le Japon et la Corée ont rejoint les principaux producteurs américains de gaz naturel liquéfié pour veiller à ce que les pays européens puissent continuer de chauffer leurs logements tout au long de l’hiver. Le Japon, la Corée, l’Australie et la Nouvelle-Zélande participent désormais régulièrement et activement aux réunions de l’OTAN.
Parallèlement, les pays européens, le Canada et d’autres ont rejoint nos alliés et partenaires en Asie pour affûter leurs outils de riposte contre la coercition économique exercée par la république populaire de Chine. Et les alliés et les partenaires des États-Unis dans toutes les régions travaillent d’urgence à la mise en place de chaînes d’approvisionnement résilientes, notamment en ce qui concerne les technologies clés et les matériaux essentiels nécessaires à leur fabrication.
Nous avons créé un nouveau partenariat de sécurité, l’AUKUS, avec l’Australie et le Royaume-Uni, pour construire des sous-marins modernes à propulsion nucléaire et pour faire avancer nos travaux communs sur l’intelligence artificielle, l’informatique quantique et d’autres technologies de pointe.
Dans le prolongement du tout premier sommet trilatéral des dirigeants qui s’est tenu à Camp David le mois dernier entre les États-Unis, le Japon et la Corée, nous poussons chaque volet de nos relations à un niveau supérieur, qu’il s’agisse d’intensifier les exercices militaires conjoints et le partage de données de renseignement ou d’aligner nos investissements dans les infrastructures mondiales.
Nous avons rehaussé le partenariat quadripartite avec l’Inde, le Japon et l’Australie afin d’obtenir des résultats pour nos pays et pour le monde entier dans des domaines aussi variés que la fabrication de vaccins, le renforcement de la sécurité maritime et la lutte contre les défis climatiques.
L’année dernière, lorsque j’ai présenté la stratégie de l’administration à l’égard de la Chine, intitulée « investir, s’aligner et se concurrencer », nous nous sommes engagés à agir avec notre réseau d’alliés et de partenaires dans un but commun. À l’aune de toute mesure objective, nous sommes aujourd’hui plus alignés et agissons de manière plus coordonnée que jamais auparavant.
Cela nous permet de gérer notre concurrence avec la Chine à partir d’une position de force, tout en profitant des canaux de communication ouverts pour exprimer nos préoccupations clairement, avec crédibilité et de concert avec un groupe d’amis, en démontrant notre engagement à coopérer sur les questions qui nous importent le plus dans le monde et en minimisant le risque d’une erreur d’appréciation qui pourrait conduire à un conflit.
Troisièmement, nous créons de nouvelles coalitions pour relever les défis communs les plus épineux de notre époque.
Par exemple, combler les écarts d’infrastructures dans le monde.
Aujourd’hui, pratiquement où que je me rende, les pays me parlent de projets qui sont désastreux pour l’environnement et mal construits, qui importent des travailleurs ou qui les maltraitent, qui favorisent la corruption et qui les accablent d’une dette insoutenable.
Il va de soi que les pays préfèrent des investissements transparents, de haute qualité et respectueux de l’environnement. Mais ils n’ont pas toujours le choix. Nous travaillons avec nos partenaires du G7 justement pour leur donner un choix.
Ensemble, nous nous sommes engagés à générer 600 milliards de dollars de nouveaux investissements d’ici à 2027 dans le cadre du Partenariat pour l’infrastructure et l’investissement au niveau mondial (PGI). Et nous concentrons le soutien de nos gouvernements sur les domaines où la réduction des risques permettra de produire des investissements du secteur privé à hauteur de centaines de milliards de dollars supplémentaires.
Je voudrais vous donner rapidement quelques exemples de la manière dont nous procédons. Nous réalisons une série d’investissements transformateurs dans le Corridor de Lobito – une zone en développement en Afrique reliant le port de Lobito en Angola à la Zambie via la république démocratique du Congo – dotée d’un nouveau port, de nouvelles lignes ferroviaires et de nouvelles routes, de nouveaux projets d’énergie verte, de nouvelles connexions internet à haut débit.
Le projet fournira 500 mégawatts d’énergie, soit suffisamment pour fournir de l’électricité à plus de 2 millions de personnes, réduire les émissions de carbone d’environ 900 000 tonnes par an, créer des milliers d’emplois pour les Africains et des milliers d’autres pour les Américains, et mettre sur les marchés mondiaux des minerais essentiels, comme le cuivre et le cobalt.
Lorsque je suis allé à Kinshasa l’année dernière, le président Tshisekedi a déclaré que Lobito était le choix qu’attendait son pays : une chance de rompre avec les projets d’extraction minière synonymes d’exploitation qu’il avait dû accepter pendant bien trop longtemps.
La semaine dernière, lors du G20, le président Biden et le Premier ministre indien Modi ont annoncé la création d’un autre corridor ambitieux en matière de transport, d’énergie et de technologie qui reliera les ports d’Asie, du Moyen-Orient et d’Europe. L’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, la France, l’Allemagne, l’Italie et l’Union européenne feront équipe avec les États-Unis et l’Inde pour donner un coup d’accélérateur à la production d’énergie propre, à la connectivité numérique et au renforcement des chaînes d’approvisionnement essentielles dans toute la région.
Ces mesures et d’autres encore visant à construire des infrastructures dans les pays en développement sont en fin de compte des investissements dans notre propre avenir parce qu’elles créent des partenaires plus stables et plus prospères pour les États-Unis, davantage de marchés pour les travailleurs, les entreprises et les investisseurs américains, et une planète plus durable pour nos enfants.
Offrir quelque chose de plus robuste à nos partenaires est également une bonne affaire pour les États-Unis.
Il en va de même pour le rôle moteur que nous jouons dans la lutte contre la crise alimentaire mondiale.
Plus de 700 millions de personnes dans le monde sont en situation d’insécurité alimentaire, alimentée par la COVID, le climat et les conflits et exacerbée aujourd’hui par la Russie qui bloque l’acheminement de céréales en provenance de l’Ukraine, le grenier à blé du monde.
J’ai eu l’occasion d’écouter les dirigeants des pays les plus durement touchés par cette crise. Ce qu’ils me disent clairement, c’est ceci : oui, ils ont besoin d’une aide d’urgence, mais ce qu’ils veulent vraiment, c’est investir dans la résilience agricole, dans l’innovation, dans l’autosuffisance, afin de ne pas se retrouver à nouveau plongés dans une crise comme celle-ci. Nous travaillons en partenariat avec eux pour y parvenir, en collaboration avec plus de 100 pays qui ont signé une feuille de route mondiale à cet effet.
Et nous montrons la voie par la force de notre exemple.
Les États-Unis sont le plus grand donateur au monde du Programme alimentaire mondial des Nations unies : nous couvrons environ 50 % de son budget annuel. La Russie et la Chine ? Moins de 1 % chacune.
Depuis 2021, les États-Unis ont également fourni plus de 17,5 milliards de dollars pour lutter contre l’insécurité alimentaire et ses causes profondes. Cela comprend plus d’un milliard de dollars par an à Feed the Future, le programme phare de l’USAID, notre partenariat avec 40 pays qui a pour objet de renforcer les systèmes alimentaires. Cela comprend également notre soutien au nouveau programme VACS, que nous avons lancé avec l’Union africaine et les Nations unies afin d’identifier les cultures africaines les plus nutritives, de sélectionner les variétés les plus résilientes au climat et d’améliorer les sols dans lesquels elles poussent.
Plus les pays pourront nourrir leur population, plus ils seront des partenaires prospères et stables ; moins ils risqueront d’être victimes de pays prêts à leur couper les vivres et les priver d’engrais ; moins ils auront besoin du soutien des donateurs internationaux ; et plus l’offre alimentaire mondiale sera abondante, ce qui fera baisser les prix sur tous les marchés, y compris aux États-Unis.
Nous suivons la même démarche en ce qui concerne les technologies émergentes, telles que l’intelligence artificielle.
En juillet, le président Biden a annoncé une nouvelle série d’engagements volontaires de la part de sept grandes entreprises d’intelligence artificielle portant sur le développement de systèmes d’intelligence artificielle sans danger, sécurisés et fiables. Pas plus tard qu’hier, huit autres grandes entreprises ont signé cet engagement.
Ces engagements constituent le fondement de notre collaboration avec un large éventail de partenaires en vue de forger un consensus international sur la manière d’atténuer les risques et de maximiser le potentiel des progrès rapides de l’intelligence artificielle.
Nous commençons par nos partenaires les plus proches, comme le G7, dans le cadre duquel nous élaborons un code de conduite international pour les acteurs privés et les gouvernements qui développent l’intelligence artificielle avancée – ainsi que des principes réglementaires communs – et par des partenaires comme le Royaume-Uni, qui organise un sommet mondial sur la sécurité de l’IA afin de mieux identifier et atténuer les risques à long terme.
Pour que ces normes soient efficaces, nous devrons assurer la participation d’un large éventail de voix et de points de vue dans le débat, y compris ceux des pays en développement. C’est précisément ce que nous nous engageons à faire.
Il est essentiel de modeler l’utilisation de l’intelligence artificielle pour préserver l’avantage concurrentiel de l’Amérique dans cette technologie et pour encourager l’innovation en matière d’IA qui profite réellement à tous, qu’il s’agisse par exemple de prédire le risque de maladie mortelle chez les individus ou de prévoir l’impact de tempêtes plus violentes et plus fréquentes. C’est l’idée qui sous-tend la réunion que j’organiserai la semaine prochaine à l’Assemblée générale des Nations unies pour inciter les gouvernements, les entreprises technologiques et la société civile à utiliser l’IA pour faire progresser les Objectifs de développement durable.
Permettez-moi de vous donner un dernier exemple de la manière dont nous mettons en place une nouvelle coalition pour résoudre un problème que bien des gens n’associaient probablement pas à une question de politique étrangère : les drogues de synthèse.
Rien que l’année dernière, près de 110 000 Américains sont morts d’une overdose. Les deux tiers de ces décès étaient dus à des opioïdes de synthèse, ce qui en fait la première cause de mortalité chez les Américains âgés de 18 à 49 ans. Cette crise a coûté aux États-Unis près de 1 500 milliards de dollars rien qu’en 2020, sans parler des souffrances qu’elle inflige aux familles et aux collectivités dans tout le pays.
Nous ne sommes pas les seuls. Toutes les régions connaissent une augmentation alarmante des drogues de synthèse, et aucun pays ne peut résoudre ce problème à lui seul.
C’est pourquoi nous avons formé une nouvelle coalition mondiale qui a pour objet de prévenir la fabrication et le trafic illicites de drogues de synthèse, de détecter les menaces émergentes et les habitudes de consommation, et de développer les interventions de santé publique. Plus de 100 gouvernements et une douzaine d’organisations internationales ont rejoint cette coalition. Ensemble, nous alignons des priorités communes, nous identifions des politiques efficaces, nous intégrons les prestataires de soins de santé, les fabricants de produits chimiques, les plateformes de médias sociaux et d’autres acteurs clés dans nos efforts. Nous nous réunirons la semaine prochaine à New York pour élargir nos activités.
Bien évidemment, ces domaines sont loin d’être les seuls dans lesquels nous forgeons ou maintenons des coalitions. Nous les utilisons également pour faire face aux menaces qui pèsent sur la sécurité, qu’il s’agisse de la force opérationnelle multinationale que nous avons mise en place pour protéger les navires qui traversent le détroit d’Ormuz ou de la coalition de longue date de pays que nous avons créée pour vaincre Daech.
Nous poursuivons notre partenariat avec les gouvernements, les organisations régionales et les citoyens pour trouver des solutions diplomatiques aux conflits nouveaux et anciens, que ce soit en Éthiopie ou dans l’est de la RDC, en Arménie, en Azerbaïdjan, au Yémen, où nous avons contribué à forger et à maintenir une trêve délicate.
Notre médiation a aidé Israël et le Liban à conclure un accord historique sur la délimitation d’une frontière maritime entre leurs deux pays, ce qui permet le développement d’importantes réserves d’énergie au profit des populations des deux pays et au-delà.
Plus nous regrouperons d’alliés et de partenaires pour réaliser des progrès réels sur des questions essentielles telles que les infrastructures, la sécurité alimentaire, l’intelligence artificielle, les drogues de synthèse et les conflits nouveaux et anciens, plus nous démontrerons la force de ce que nous avons à offrir.
Prenez n’importe quel défi récent pour lequel des nations du monde entier ont attendu des pays puissants qu’ils montrent la voie à suivre. Dans le meilleur des cas, nos concurrents sont restés sur la touche et ont fermé leur carnet de chèques. Au pire, ils ont aggravé les problèmes et profité de la souffrance des autres : ils ont arraché des concessions politiques pour vendre des vaccins aux pays ; ils ont déployé des mercenaires qui rendent les régions instables moins sûres, pillent les ressources locales et commettent des atrocités ; ils ont exploité les besoins fondamentaux des populations – chauffage, gaz, nourriture, technologie – pour en faire un moyen de chantage et de coercition.
En ce point d’inflexion critique, nous montrons aux pays qui nous sommes. Il en va de même pour nos concurrents.
Et finalement, nous rassemblons nos anciennes et nouvelles coalitions pour renforcer les institutions internationales qui sont essentielles face aux défis mondiaux.
Pour cela, il faut d’abord être présents. Lorsque les États-Unis sont assis à la table des négociations, ils peuvent façonner les institutions internationales et les normes qu’elles produisent afin qu’elles reflètent les intérêts et les valeurs du peuple américain et qu’elles fassent progresser notre vision de l’avenir.
Dès son entrée en fonction, le président Biden s’est empressé de réintégrer les accords de Paris sur le climat et l’Organisation mondiale de la santé. Nous avons regagné un siège au Conseil des droits de l’homme des Nations unies. Nous avons récemment réintégré l’UNESCO, l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture, qui jouera un rôle dans l’élaboration des normes destinées à définir l’intelligence artificielle.
Nous avons déployé des efforts intenses pour faire élire les dirigeants les plus qualifiés à la tête d’agences internationales de normalisation, telles que l’Union internationale des télécommunications des Nations unies et l’Organisation internationale pour les migrations. Non seulement les deux Américaines qui ont remporté ces élections étaient les meilleures candidates pour le poste, mais dans les deux cas, c’était également la première fois qu’une femme accédait à cette fonction.
Quand bien même ces institutions pourraient ne pas être parfaites, rien ne peut remplacer la légitimité et les capacités qu’elles apportent dans le traitement de questions importantes pour nos citoyens. Il est donc dans notre intérêt personnel permanent de travailler avec elles et d’améliorer leur fonctionnement – pas seulement pour les États-Unis, mais pour tout le monde.
Plus les peuples et les nations du monde entier verront l’ONU et les organisations similaires représenter leurs intérêts, leurs valeurs et leurs espoirs, plus ces institutions seront efficaces et plus nous pourrons compter sur elles.
C’est pourquoi nous avons présenté une conception constructive de l’élargissement du Conseil de sécurité des Nations unies et qui reflète l’intégration de perspectives plus diversifiées sur le plan géographique, notamment avec l’inclusion de nouveaux membres permanents et non permanents issus d’Afrique, d’Amérique latine et des Caraïbes.
Sous la direction de la secrétaire Yellen, nous faisons le maximum pour revitaliser et réformer les banques multilatérales de développement afin qu’elles puissent répondre aux besoins urgents des pays à faible et à moyen revenu qui sont confrontés au parfait désastre formé par les retombées croissantes de la crise climatique, les retombées économiques de la COVID, l’inflation et l’écrasant fardeau de la dette.
Le président Biden travaille avec le Congrès pour débloquer de nouvelles capacités de prêt pour la Banque mondiale et le Fonds monétaire international afin que ces institutions puissent fournir davantage de financements, et à des taux plus avantageux, pour les investissements dans l’atténuation des effets du changement climatique, la santé publique et d’autres questions cruciales dans ces pays.
Ensemble, ces initiatives menées par les États-Unis permettraient de générer près de 50 milliards de dollars de prêts pour les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire.
Et grâce à notre action déterminée, la Banque mondiale permettra bientôt aux pays de reporter le paiement de leur dette après des chocs climatiques et des catastrophes naturelles.
Lorsque nous renforçons les institutions internationales, et qu’elles tiennent leurs promesses fondamentales pour ce qui est d’assurer la sécurité, d’élargir les opportunités, de protéger les droits, nous construisons une coalition plus large de citoyens et de pays qui voient dans l’ordre international quelque chose capable d’améliorer concrètement leur vie et qui mérite d’être soutenu et défendu.
Alors, quand les Pékin et les Moscou du monde tenteront de réécrire – ou de démolir – les piliers du système multilatéral, quand ils prétendront à tort que l’ordre n’existe que pour promouvoir les intérêts de l’Occident aux dépens des autres, un nombre croissant de nations et de peuples se dresseront pour faire entendre leurs voix en chœur : « Non, le système que vous essayez de changer est le nôtre ; il sert nos intérêts. »
De même, et c’est tout aussi important, quand nos concitoyens américains demanderont ce que nous obtenons en retour de nos investissements à l’étranger, nous pourrons mettre en avant des avantages tangibles pour les familles et les collectivités américaines, alors que nous consacrons moins d’un pour cent de notre budget fédéral à la diplomatie et au développement mondial.
Parmi ces avantages figurent des marchés plus nombreux pour les travailleurs et les entreprises américains, des biens moins chers pour les consommateurs américains, des approvisionnements alimentaires et énergétiques plus fiables pour les ménages américains, avec à la clé une baisse des prix de l’essence et de la nourriture, des systèmes de santé plus robustes capables d’arrêter et de faire reculer les maladies mortelles avant qu’elles ne se propagent aux États-Unis, des alliés et des partenaires plus efficaces pour décourager les agressions et relever, avec nous, les défis mondiaux.
Pour toutes ces raisons et bien d’autres encore, ce que l’Amérique retire de l’ordre international dépasse largement l’investissement qu’elle lui consacre.
En cette période charnière, le leadership mondial de l’Amérique n’est pas un fardeau. C’est une nécessité pour sauvegarder notre liberté, notre démocratie et notre sécurité, pour créer des opportunités pour les travailleurs et les entreprises américains et pour améliorer la vie des citoyens américains.
Dean Acheson, qui a dirigé le département d’État après la Seconde Guerre mondiale, a fait remarquer dans son récit de cette période, Present at the Creation, que, je cite : « L’histoire est écrite à rebours, mais vécue en avançant .»
Acheson faisait référence à un point d’inflexion différent, bien sûr, mais ses paroles s’appliquent à toutes les périodes de profonde incertitude et d’inconnu, y compris celle que nous vivons actuellement.
Rétrospectivement, les bonnes décisions ont tendance à sembler évidentes, les résultats finaux presque inévitables.
Mais ce n’est jamais le cas.
En temps réel, c’est le brouillard. Les règles qui donnaient un sentiment d’ordre, de stabilité et de prévisibilité ne peuvent plus être considérées comme acquises. Il y a des risques inhérents à chaque action, des courants qui échappent à notre contrôle, d’innombrables vies en jeu.
Et pourtant, même en de telles périodes, en fait, surtout dans de telles périodes, les décideurs politiques n’ont pas le luxe d’attendre que le brouillard se dissipe avant de choisir une voie.
Nous devons agir, et agir de manière décisive.
Nous devons faire avancer l’histoire, comme l’ont fait Acheson, Brzezinski et tous les autres grands stratèges qui ont guidé l’Amérique dans ces moments charnières.
Nous devons mettre la main sur le gouvernail de l’histoire et tracer la voie à suivre, guidés par ce qui est certain même en période d’incertitude, à savoir nos principes, nos partenaires, notre vision de l’avenir, afin que le monde qui émergera lorsque le brouillard se lèvera penche vers la liberté, vers la paix, vers une communauté internationale capable de relever les défis de son époque.
Personne ne comprend mieux cela que le président Biden. L’Amérique occupe dans le monde une position nettement plus forte qu’il y a deux ans et demi, grâce aux mesures qu’il a prises.
Je suis convaincu que, dans plusieurs dizaine d’années, lorsque l’histoire de cette période sera écrite – peut-être par certains d’entre vous – elle montrera que par la manière dont nous avons agi, de manière décisive, stratégique, avec humilité et confiance, pour réimaginer la puissance et la mission de la diplomatie américaine, nous avons assuré l’avenir de l’Amérique, nous avons obtenu des résultats pour notre peuple, nous avons jeté les bases d’une ère plus libre, plus ouverte, plus prospère – au service du peuple américain et des peuples du monde entier.
Merci beaucoup de votre attention.
(Applaudissements.)
Merci.
Voir le contenu d’origine : https://www.state.gov/secretary-antony-j-blinken-remarks-to-the-johns-hopkins-school-of-advanced-international-studies-sais-the-power-and-purpose-of-american-diplomacy-in-a-new-era/
Nous vous proposons cette traduction à titre gracieux. Seul le texte original en anglais fait foi.