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Département d’État des États-Unis
Antony J. Blinken, secrétaire d’État
Le 6 mai 2021
Kiev, Ukraine
Entretien

QUESTION : Merci beaucoup, Monsieur le secrétaire.

MONSIEUR LE SECRÉTAIRE BLINKEN : C’est un plaisir d’être avec vous.

QUESTION : Merci d’être ici. Tout d’abord, Vladimir Poutine avait dit qu’il se retirerait. Il ne l’a pas fait.  Les responsables américains disent qu’il y a encore 80 000 soldats à la frontière. Il a laissé ses chars et son artillerie, une menace permanente pour l’Ukraine. Quel est votre message à Vladimir Poutine ?

MONSIEUR LE SECRÉTAIRE BLINKEN : Eh bien, Andrea, je suis ici en Ukraine avec un message pour le peuple ukrainien et pour nos partenaires ukrainiens. Et il concerne dans une large mesure notre attachement à l’indépendance de l’Ukraine, à son intégrité territoriale, à sa souveraineté. Nous sommes solidaires de l’Ukraine, notamment face à toute agression de la Russie. Il s’agit aussi d’un message fort : nous sommes à ses côtés dans ses efforts pour faire progresser la réforme de sa démocratie, la rendre plus forte, avoir réellement un gouvernement qui répond aux besoins du peuple ukrainien.

C’est le message dont je suis porteur. Le président Biden voulait que je vienne ici dès que possible pour transmettre ce message fort. Il avait déjà eu une conversation très fructueuse au téléphone avec le président Zelensky il y a quelques semaines, mais maintenant nous sommes ici, nous nous présentons en personne et portons le même message.

(Interruption.)

QUESTION : En ce qui concerne la menace militaire, cependant, les États-Unis défendront-ils l’Ukraine en cas d’invasion de Vladimir Poutine ?

MONSIEUR LE SECRÉTAIRE BLINKEN : Donc, ce que nous avons vu, Andrea, c’est une accumulation massive de forces à la frontière ukrainienne – plus de forces, de forces russes, déployées à la frontière qu’à tout moment depuis 2014, lorsque la Russie a envahi, a pris le contrôle de la Crimée et de l’est – de parties de l’est de l’Ukraine et du Donbass. Certaines de ces forces se sont retirées, mais des forces importantes subsistent. Une partie de l’équipement lourd a été retiré, mais d’autres équipements lourds restent en place, et ils peuvent les mettre en action assez rapidement. Ce que nous faisons, c’est exprimer clairement notre engagement à aider l’Ukraine à se défendre avec une assistance en matière de sécurité, avec des conseils, d’autres alliés et partenaires font de même, et aussi indiquer clairement que, comme cela a été le cas après 2014, la communauté internationale est résolument opposée à toute agression russe, à ses actions inconsidérées en Ukraine. Il y depuis longtemps des sanctions contre la Russie en raison de ses actions. Et j’espère qu’il n’y en aura pas d’autres.

QUESTION : Vous avez également souligné que la corruption est une menace pour la sécurité nationale de l’Ukraine. Pourtant, juste avant votre arrivée ici, le gouvernement a limogé le patron de la compagnie nationale de gaz. Cela ne montre-t-il pas que l’Ukraine n’a pas prouvé qu’elle pouvait se réformer ?

MONSIEUR LE SECRÉTAIRE BLINKEN : Eh bien, les deux choses vont en quelque sorte de pair. L’Ukraine fait face à une agression de l’extérieur, de la Russie, mais aussi de l’intérieur en termes de corruption qui ronge potentiellement sa démocratie, des oligarques qui privilégient leurs propres intérêts au lieu de ceux du peuple ukrainien. Et donc nous avons eu des conversations détaillées avec nos homologues ukrainiens sur leurs efforts de réforme. Ils ont pris des mesures positives, mais il y a d’autres domaines dans lesquels de réels progrès sont nécessaires, ce qu’ils reconnaissent. La gouvernance d’entreprise en est un. Il en va de même pour la réforme du système judiciaire. Donc, veiller à ce qu’il y ait un conseil anticorruption véritablement indépendant, ce que nous avons contribué à mettre en place il y a longtemps, en 2015.

Toutes ces choses sont vitales, mais la raison pour laquelle elles sont essentielles est qu’il s’agit du moyen de s’assurer que le gouvernement est réellement au service du peuple et non d’un intérêt particulier, également parce que la corruption est un outil de la Russie pour éroder la souveraineté ukrainienne de l’intérieur.

QUESTION : Les États-Unis ont maintenant décidé, sous la pression considérable du monde entier, de lever les brevets sur les vaccins, pour essayer d’améliorer l’accès aux vaccins dans les pays moins développés. S’agit-il pour vous d’une préoccupation ? Comme le disent les détracteurs de cette mesure, cela affectera les chaînes d’approvisionnement et nous pourrions faire face à des pénuries nous-mêmes aux États-Unis.

MONSIEUR LE SECRÉTAIRE BLINKEN : Andrea, nous voulions avant tout nous assurer de pouvoir vacciner le peuple américain. Et comme vous le savez, nous avons fait des progrès remarquables dans ce domaine. Mais nous savons aussi qu’aucun de nous ne sera totalement en sécurité tant que tout le monde ne le sera pas, c’est-à-dire que partout dans le monde, nous ferons vacciner autant de personnes que possible. Et voici pourquoi : si le virus se réplique n’importe où, il pourrait muter, et s’il mute avec un nouveau variant, il pourrait revenir ici et nous frapper même après que les gens ont été vaccinés. Nous devons donc prendre les devants, et nous devons le prendre de vitesse partout dans le monde.

C’est pourquoi nous nous penchons sur tout ce que nous pouvons faire pour mettre à disposition les vaccins excédentaires dont nous disposons. Le président a annoncé que nous commencerons à mettre à disposition les vaccins AstraZeneca que nous n’utilisons pas. Et la levée des brevets est également un moyen potentiel pour accroitre la fabrication et l’accès aux vaccins. Nous examinons également d’autres options.

Mais nous devons surtout aller plus vite. Sur la trajectoire actuelle, si nous ne faisons pas plus, si le monde entier n’en fait pas plus, le monde ne sera pas vacciné avant 2024. Nous pouvons accélérer la cadence et y parvenir, je pense, dans un délai beaucoup plus court. Si nous y parvenons, nous nous en tirerons beaucoup mieux.

QUESTION : Maintenant, vous avez dit que la Chine se comporte plus agressivement qu’à n’importe quel moment auparavant, tant dans son pays qu’à l’étranger. Qu’êtes-vous prêt à faire à ce sujet ?

MONSIEUR LE SECRÉTAIRE BLINKEN : Eh bien, en ce qui concerne la Chine, nous avons été très clairs sur le fait que nous n’essayons pas de contenir la Chine ou de la retenir, mais nous sommes déterminés à maintenir ce que nous appelons l’ordre international fondé sur des règles dans lequel nous avons tellement investi pendant des dizaines d’années, et cela a été une bonne chose pour nous, et cela s’est avéré positif pour le monde, et je pense même pour la Chine. Donc, quand quelqu’un prend des mesures en contradiction avec la parole qu’il a donnée, quand il ne respecte pas les règles, quand il renie ses engagements, que ce soit dans le domaine commercial, que ce soit sur les droits de l’homme ou tout ce qui affaiblit cet ordre, nous allons nous élever contre ces actions et le défendre. Et ce que j’ai entendu lors de conversations avec des pays du monde entier, c’est qu’ils sont déterminés à faire la même chose.

QUESTION : Qu’est-ce que vous êtes prêt – que pouvez-vous faire pour Taïwan, Hong Kong, les Ouïghours ?

MONSIEUR LE SECRÉTAIRE BLINKEN : Nous avons, je pense, déjà montré plusieurs choses. La première est que nous sommes beaucoup plus forts et plus efficaces lorsque nous travaillons avec des pays partageant les mêmes idées. Et je pense que nos voix ont été entendues beaucoup plus fortement et ensemble. Nous avons pris des mesures ensemble, y compris des sanctions. Nous prenons d’autres initiatives, notamment, par exemple, en ce qui concerne les atrocités commises contre les Ouïghours, en essayant de nous assurer que les pays ne fournissent aucun équipement ou aucune technologie susceptible être utilisé pour réprimer le peuple en Chine, ou que nous n’achetons pas de produits fabriqués avec le travail forcé. Il y a un certain nombre d’étapes très concrètes, mais la première et la plus importante consiste à prendre la parole, à faire entendre sa voix.

QUESTION : L’Afghanistan. La décision a été prise. Le président a pris la décision, même si les militaires s’y sont opposés ou l’ont déconseillé, devrais-je dire. Êtes-vous prêt à affronter les conséquences, le scénario le plus pessimiste, à l’égard duquel de nombreux conseillers du président mettent en garde, à savoir une prise de contrôle par les talibans ? Les Américains vont-ils rester les bras croisés en cas de retour en arrière par les talibans sur tous les droits des femmes et des filles acquis de haute lutte au fil des années ?

MONSIEUR LE SECRÉTAIRE BLINKEN : Eh bien, si un futur État afghan le fait, ce sera un paria et il n’aura aucun soutien de la communauté internationale. Et c’est quelque chose que toute personne qui réfléchit à votre question doit garder à l’esprit.

Mais revenez en arrière juste une seconde. Nous devons nous rappeler pourquoi nous y sommes allés en premier lieu, et c’était à cause du 11 septembre. Nous sommes allés là-bas pour poursuivre ceux qui nous ont attaqués le 11 septembre et pour nous assurer que cela ne pourrait plus se reproduire à partir de l’Afghanistan, et cet effort a porté ses fruits. Et en fait, Oussama Ben Laden a été traduit en justice il y a 10 ans. Nous y sommes depuis 20 ans.

Mais même si nous retirons nos forces, nous ne nous désengageons pas de l’Afghanistan. Nous allons continuer à contribuer fortement à l’aide au développement économique, l’aide humanitaire, à ses forces de sécurité. Nous avons formé au fil des ans plus de 300 000 membres des forces de sécurité afghanes. D’autres pays vont également continuer à s’impliquer.

Et enfin, tout le monde doit maintenant, je pense, faire de nouveaux calculs. Cela commence avec les talibans. Ils doivent décider s’ils veulent replonger le pays dans une guerre civile, ou s’ils veulent une reconnaissance quelconque et être un acteur accepté par la communauté internationale. Cette décision leur appartient. Les pays autour de l’Afghanistan doivent décider de ce qu’ils veulent et s’ils vont se servir de leur influence pour essayer de faire en sorte que l’Afghanistan continue d’avancer, ou s’ils ne vont rien faire et encore une fois, potentiellement permettre une guerre civile qui aura des conséquences dévastatrices pour eux ainsi que pour le peuple afghan.

Tout le monde est maintenant, je pense, concentré sur cette question. Nous nous focalisons également sur la diplomatie, et essayons de voir si les talibans dialogueront avec le gouvernement afghan pour essayer de parvenir à un règlement politique du conflit qui dure depuis si longtemps. C’est donc ce sur quoi nous portons essentiellement notre attention, et notamment sur le maintien des programmes que nous avons mis en place pour les femmes et les filles.

QUESTION : Le temps presse-t-il pour l’accord iranien avec les élections iraniennes qui s’approchent le mois prochain ? Et accepteriez-vous quelque chose, même un accord intérimaire, sans obtenir d’abord la libération des prisonniers américains ?

MONSIEUR LE SECRÉTAIRE BLINKEN : Eh bien nous participons à des pourparlers – comme vous le savez, des pourparlers indirects – à Vienne. Ils redémarrent maintenant à la fin de cette semaine. Et ce que nous ne savons pas, c’est si l’Iran est réellement prêt à prendre les décisions nécessaires pour revenir au plein respect de l’accord sur le nucléaire. Il a malheureusement continué à prendre des mesures qui relancent des parties dangereuses de son programme que l’accord sur le nucléaire a interrompues, et on ne sait pas encore s’il est prêt à faire le nécessaire.

Quoi qu’il en soit, notre priorité reste les Américains qui sont arbitrairement détenus ou retenus en otage en Iran ou ailleurs, donc –

QUESTION : Y a-t-il un nouvel espoir ?

MONSIEUR LE SECRÉTAIRE BLINKEN : Tout ce que je peux vous dire, c’est que j’y travaille, notre équipe y travaille pratiquement tous les jours, et malheureusement dans le monde entier, car il y a des cas dans un certain nombre d’endroits. Quand j’ai pris mes fonctions, l’une des premières choses que j’ai faites a été de rencontrer virtuellement les familles de chaque Américain à l’étranger qui est détenu arbitrairement ou est retenu en otage, et il s’agit d’un problème considérable et je pense l’on verra de plus en plus de pays prendre position contre ces actions. Le Canada, dont deux citoyens sont détenus arbitrairement en Chine, a aidé à diriger une action, et je pense que vous allez voir de plus en plus de pays s’unir pour faire comprendre que cette pratique est totalement inacceptable. Et les pays qui se livrent à ces actes en subiront les conséquences.

QUESTION : Votre grand-père était un réfugié. Il venait d’ici. (Inaudible) avait des racines, et pourtant le président [Biden] a initialement gardé le plafond de réfugiés de Trump, un chiffre historiquement bas. Cela a-t-il nui à la réputation du président [Biden] dans le monde ?

MONSIEUR LE SECRÉTAIRE BLINKEN : Non. Le président tient l’engagement qu’il a pris de faire de nouveau des États- le premier pays refuge au monde pour ceux qui fuient l’oppression.

QUESTION : Seulement après une levée de boucliers à Capitol Hill [au Congrès américain].

MONSIEUR LE SECRÉTAIRE BLINKEN : Non, ce qui s’est passé, c’est que nous avons fait – le président a pris l’engagement et ensuite, lorsque nous avons examiné ce qu’il fallait réellement faire, ce qui était nécessaire pour rectifier un système qui avait été brisé ces dernières années, il s’est avéré là que les dégâts étaient encore plus importants que nous le pensions. Et en plus de cela, bien sûr, nous avons eu des problèmes d’immigration à notre propre frontière, certains – le bureau qui s’occupe des réfugiés est également celui qui s’occupe en partie du problème de l’immigration, et le président voulait s’assurer qu’avant de donner suite à une promesse qu’il avait faite, que nous pourrions réellement la tenir. Nous avons donc dû faire une pause pour nous assurer que les ressources étaient en place, que l’on disposait du personnel, que les programmes étaient en place pour accueillir les réfugiés qui arrivaient. Et une fois qu’il s’est avéré que nous étions en mesure de le faire, nous sommes allés de l’avant en ce qui concerne notre engagement.

QUESTION :
Et j’ai parlé des gens ici en Ukraine. Les retombées de ce qui s’est passé avec Donald Trump et avec Giuliani avec la pression, avec la campagne de diffamation contre Joe Biden, avec la destitution de l’ambassadrice américaine, Marie Yovanovitch – ces retombées sont toujours très présentes à l’encontre des États-Unis, de notre réputation, du modèle que nous sommes censés représenter. Quelle est la mesure des dégâts causés ? Et comment remédier aux atteintes au moral au du département d’État et aussi dans le monde, à l’image de l’Amérique ?

MONSIEUR LE SECRÉTAIRE BLINKEN :
Andrea, nous sommes – nous sommes totalement focalisés sur maintenant et l’avenir. Et je pense que ce que vous voyez aujourd’hui par notre présence ici aujourd’hui, ce que vous voyez dans le dialogue du président [Biden] avec le président Zelensky est une redynamisation, une réaffirmation de notre soutien à l’Ukraine, notre partenariat avec l’Ukraine, notre détermination à veiller à sa sécurité et aussi à ce qu’elle continue d’aller de l’avant avec les réformes qui sont si nécessaires au bien-être de sa population. C’est donc ce sur quoi nous nous concentrons.

QUESTION : Et pas sur le fait qu’il y ait un département d’État parallèle et des acteurs malveillants ici dans ce pays ?

MONSIEUR LE SECRÉTAIRE BLINKEN : Je me concentre actuellement sur le département d’État que j’ai le privilège incroyable de diriger depuis déjà un certain temps, et je peux vous dire que ce que je vois, ce que je trouve dans le département lui-même et dans toutes les missions diplomatiques à travers le monde, c’est un personnel incroyablement mobilisé et résolu à réengager les États-Unis, à revitaliser nos partenariats, nos alliances, à reprendre le dialogue au sein de ces institutions multilatérales. Et il y a deux principales raisons à cela.

Premièrement, pratiquement tous les défis auxquels nous sommes confrontés et qui ont en fait un impact sur la vie du peuple américain – la pandémie, le changement climatique, l’impact perturbateur des nouvelles technologies qui changent la vie des gens de tant de façons – nous ne pouvons faire face à aucun d’entre eux si nous ne travaillons avec d’autres pays. Même les États-Unis – seuls, nous ne pouvons pas le faire aussi efficacement que lorsque nous travaillons avec d’autres. Il y a donc une réelle adhésion au principe de la diplomatie. C’est ainsi que nous travaillons avec les autres pays.

Et deuxièmement, nous savons et les gens du département [d’État] savent que si nous ne nous impliquons pas, quelqu’un d’autre le fera probablement à notre place, et peut-être pas d’une manière conforme aux intérêts du peuple américain. Ou peut-être que personne ne le fera, et alors ce sera avant tout le chaos.

Je constate donc que les hommes et les femmes du département d’État, les diplomates, les fonctionnaires, sont incroyablement motivés par l’engagement américain, la diplomatie américaine. Ils mènent la charge. Le président leur a demandé de diriger notre politique étrangère. La diplomatie d’abord. C’est ce que nous faisons, c’est ce qu’ils font et ils sont incroyablement mobilisés dans ce sens.

QUESTION : Eh bien, merci beaucoup Monsieur le secrétaire. Merci (inaudible).

MONSIEUR LE SECRÉTAIRE BLINKEN : C’est un grand plaisir d’être avec vous. Merci Andrea.


Voir le contenu d’origine : https://www.state.gov/secretary-antony-j-blinken-with-andrea-mitchell-of-msnbc-andrea-mitchell-reports-2/

Nous vous proposons cette traduction à titre gracieux. Seul le texte original en anglais fait foi.

U.S. Department of State

The Lessons of 1989: Freedom and Our Future