Département d’État des États-Unis
Centre médiatique régional pour l’Afrique
Le 3 août 2023
EXTRAITS
Point presse avec Isobel Coleman, administratrice adjointe de l’USAID pour les politiques et la programmation et Erin Elizabeth McKee, administratrice adjointe de l’USAID, Bureau pour l’Europe et l’Eurasie
MODÉRATRICE : Bonjour à tous du Centre médiatique régional pour l’Afrique du département d’État des États-Unis. Je souhaite la bienvenue à nos participants de l’ensemble du continent et je vous remercie de prendre part à cette discussion. Aujourd’hui, nous avons le grand plaisir de nous trouver en compagnie de l’administratrice adjointe pour les politiques et la programmation de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), Isobel Coleman, et l’administratrice adjointe du Bureau pour l’Europe et l’Eurasie de l’USAID, Erin Elizabeth McKee.
Nos intervenantes nous parleront de l’Initiative céréalière de la mer Noire, de l’impact de son effondrement sur l’Afrique et des efforts des États-Unis pour renforcer les systèmes alimentaires sur le continent. Les administratrices adjointes Coleman et McKee nous parlent depuis Washington.
Nous commencerons l’appel d’aujourd’hui par les allocutions d’ouverture des administratrices adjointes Coleman et McKee, puis nous passerons à vos questions. Nous essaierons de répondre au plus grand nombre possible dans le temps qui nous est imparti.
Pour rappel, le point de presse d’aujourd’hui est officiel, et sur ce, je vais céder la parole à l’administratrice adjointe Coleman pour son allocution d’ouverture.
MADAME L’ADMINISTRATRICE ADJOINTE DE L’USAID ISOBEL COLEMAN : Merci. Merci, Tiffany, et merci à tous d’être avec nous ce matin ici à Washington pour parler des impacts sur la sécurité alimentaire mondiale de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, de sa récente décision d’abandonner l’Initiative céréalière de la mer Noire et de son intention manifeste d’anéantir les capacités agricoles de l’Ukraine.
La destruction délibérée par la Russie du grenier à blé de l’Ukraine a un impact non seulement sur les agriculteurs ukrainiens, mais aussi sur ceux du monde entier qui dépendent des exportations ukrainiennes. Le Kremlin continue de répandre des mensonges sur l’Initiative céréalière de la mer Noire tout en engrangeant des profits records grâce à l’exportation de produits agricoles. Les récits fallacieux diffusés par le Kremlin oublient commodément que les sanctions des États-Unis et de l’UE ne ciblent en aucune façon le commerce des produits agricoles et alimentaires entre les pays tiers et la Russie, et c’est l’agression militaire élargie du Kremlin contre l’Ukraine, et la dévastation subséquente des secteurs agricoles ukrainiens, qui a déclenché les sanctions en premier lieu.
Poutine a affirmé que les exportations ukrainiennes via la mer Noire profitaient aux pays les plus riches et non aux plus pauvres. C’est tout simplement un mensonge. En fait, près des deux tiers des exportations de blé de l’Ukraine par le biais de l’Initiative céréalière de la mer Noire sont allés aux pays en développement, et près de 20 % étaient destinées aux pays les moins avancés. Chaque flambée des prix mondiaux des céréales, chaque récolte perdue augmente le risque qu’un autre parent ne puisse pas nourrir son enfant.
Au cours des dernières semaines seulement, depuis le retrait de l’Initiative céréalière de la mer Noire, le gouvernement ukrainien estime que les attaques de missiles et de drones de Poutine ont détruit 180 000 tonnes de céréales ukrainiennes entreposées. Cela représente des rations de céréales suffisantes pour nourrir près de 12 millions de personnes pendant un mois. Depuis août 2022, lorsque le premier navire a pris la mer dans le cadre de l’Initiative céréalière de la mer Noire, jusqu’à sa résiliation le mois dernier, le 17 juillet, l’Ukraine a expédié près de 33 millions de tonnes de céréales et d’oléagineux cruellement nécessaires vers les marchés mondiaux par le biais de cette initiative, et le refus de Poutine de reconduire cet accord vital porte préjudice au monde entier, qui dépend des céréales ukrainiennes. Depuis le début de la guerre, il a utilisé les denrées alimentaires comme des armes, et maintenant il a clairement indiqué qu’il n’avait pas seulement l’intention d’essayer de provoquer une dévastation massive, mais aussi dans le monde entier, en Afrique et au Moyen-Orient et ailleurs où les gens dépendent des denrées ukrainiennes pour nourrir leur famille.
Nous devons nous rappeler que toute la nourriture exportée d’Ukraine joue un rôle essentiel pour les pauvres du monde, même si elle ne va pas directement dans les zones d’insécurité alimentaire, car elle calme les marchés et atténue les flambées de prix des produits de base clés.
L’USAID s’emploie à résoudre la crise mondiale de la sécurité alimentaire qui a été exacerbée par la guerre brutale et non provoquée de Poutine contre l’Ukraine. Depuis février de l’année dernière, l’USAID a engagé plus de 14 milliards de dollars en aide humanitaire et au développement dans plus de 47 pays. Et aujourd’hui, au Conseil de sécurité de l’ONU, le secrétaire Blinken annoncera 362 millions de dollars d’aide humanitaire supplémentaire par l’intermédiaire de l’USAID pour les pays confrontés à une grave insécurité alimentaire exacerbée par la guerre de la Russie contre l’Ukraine et le retrait de la Russie de l’Initiative céréalière de la mer Noire.
Notre position a toujours été claire : nous voulons qu’autant de denrées alimentaires que possible soient mises sur le marché mondial et nous voulons qu’elles soient vendues au prix le plus bas possible. Et ce dont le monde a absolument besoin, c’est que la Russie mette fin à sa guerre illégale contre l’Ukraine, ce qui permettrait un retour à la normale de la production et du commerce agricoles.
Je tiens à souligner que les États-Unis sont déterminés à répondre aux besoins humanitaires et à fournir une aide vitale en réponse à la crise historique de la sécurité alimentaire tout en investissant également dans des systèmes alimentaires résilients. La sécurité alimentaire fait partie des questions importantes que le président Biden a mises en avant lors du Sommet des dirigeants États-Unis-Afrique et est au centre du travail de l’USAID en Afrique.
Je vais donc m’arrêter là et céder la parole à Erin McKee, qui dirige notre Bureau pour l’Europe et l’Eurasie. Alors Erin, à toi.
MADAME L’ADMINISTRATRICE ADJOINTE DE L’USAID ERIN McKEE : Merci, et merci à tous de vous être joints à nous aujourd’hui. Il y a un peu moins de deux semaines, je me trouvais dans le port d’Odessa pour accompagner l’administratrice de l’USAID, Samantha Power, lors de son deuxième voyage en Ukraine. Avant l’invasion à grande échelle de la Russie en février dernier, Odessa était très animée et vivante. C’était la porte d’entrée de l’Ukraine sur le monde, et chaque jour, on y sentait une trépidation lorsque l’or précieux de l’Ukraine, c’est-à-dire ses céréales, partait d’Odessa pour nourrir le monde.
Comme l’a mentionné l’administratrice adjointe Coleman, l’Initiative céréalière de la mer Noire a permis à l’Ukraine d’exporter près de 33 millions de tonnes métriques de céréales et d’oléagineux, ce qui a eu un impact vital sur les pays en proie à une insécurité alimentaire aiguë.
Début juillet, la Russie a commencé à empêcher les navires d’entrer dans ce port et, le 17 juillet, Poutine a pris la dangereuse décision de mettre fin à la participation de la Russie à l’Initiative céréalière de la mer Noire, et a supprimé ainsi une bouée de sauvetage vitale pour la sécurité alimentaire mondiale.
Dans la nuit du 18 juillet, quelques heures seulement après que l’administratrice Power et moi-même ayons quitté le port, la Russie a lancé d’intenses barrages de missiles sur Odessa et les ports environnants pour dégrader l’infrastructure critique d’exportation de céréales de l’Ukraine par la mer Noire, et alors que nous retournions à Kiev par le train de nuit, les alarmes de nos téléphones sonnaient bruyamment toutes les deux heures, un rappel constant de la menace physique de l’agression de la Russie en Ukraine. Mais au même moment, la Russie menaçait d’attaquer la navigation commerciale, et déclarait que tous les navires à destination des ports ukrainiens seraient désormais considérés comme des cibles militaires.
L’USAID s’est engagée à soutenir, à aider à soutenir l’Ukraine compte tenu de ce dernier acte d’agression russe. Nous nous efforçons d’accélérer la mise à disposition de denrées alimentaires de subsistance et de mettre en œuvre des méthodes alternatives pour acheminer les céréales ukrainiennes vers les marchés qui en ont besoin. Nous dialoguons également en permanence avec nos alliés et partenaires pour garantir que les exportations ukrainiennes de céréales et de produits alimentaires, qui sont si cruciales pour l’économie ukrainienne et la sécurité alimentaire mondiale, soient acheminées vers les marchés mondiaux.
Au cours de l’année passée, grâce à notre travail avec les Ukrainiens et les pays partenaires, nous avons vu ces itinéraires alternatifs, via le Danube, la route, le rail, passer d’environ 3 millions de tonnes de marchandises exportées chaque année à environ 3 millions de tonnes exportées chaque mois. Et malgré les progrès significatifs réalisés pour ouvrir et développer des routes d’exportation alternatives, il est essentiel que la nourriture ukrainienne puisse être expédiée depuis les ports de la mer Noire. Cette voie de sortie, cette fenêtre sur le monde ne sera jamais compensée par les routes terrestres sur lesquelles nous travaillons avec tant d’acharnement. Ces itinéraires alternatifs ne seront pas en mesure d’absorber la pleine capacité de l’Initiative céréalière de la mer Noire et pourraient générer des revenus inférieurs car les itinéraires d’exportation alternatifs peuvent en fait être plus coûteux.
Le 18 juillet, lors de ce même déplacement à Odessa, nous avons annoncé un nouveau financement supplémentaire de 250 millions pour notre initiative phare de résilience agricole en Ukraine. Ce financement vient s’ajouter aux 100 millions annoncés par l’USAID en juillet 2022 pour lancer l’Initiative pour la résilience agricole. Ainsi, avec ces nouveaux fonds, nous poursuivrons le travail que nous avons effectué en partenariat avec le gouvernement ukrainien et nos alliés, avec l’industrie du transport et de la logistique, et avec les agriculteurs ukrainiens. Nous moderniserons les infrastructures essentielles pour le transport ferroviaire et routier, et il est de notre intérêt collectif de garantir l’accès du secteur agricole ukrainien aux intrants, aux semences, aux engrais et à d’autres éléments essentiels afin que les agriculteurs ukrainiens puissent rester en activité.
Nous aidons les agriculteurs à faire face aux conséquences urgentes de l’agression de Poutine, et il s’agit d’un investissement non seulement face à l’agression, mais aussi dans l’avenir à long terme de l’Ukraine, dans le grenier à blé qui aidera à nourrir les communautés affamées du monde entier, en particulier de nombreuses communautés en Afrique, pour les générations à venir.
La guerre d’agression non provoquée de Poutine est à l’origine d’un défi monumental mais il s’agit aussi d’une opportunité générationnelle en matière de sécurité alimentaire, mais pas seulement ; il s’agit d’un tournant historique que nous voulons saisir pour faire en sorte que l’Ukraine puisse non seulement rétablir son économie et sa souveraineté, mais aussi continuer à contribuer à nourrir le monde.
Merci encore pour votre temps aujourd’hui.
MODÉRATRICE : Merci beaucoup, Mesdames les administratrices adjointes Coleman et McKee. Nous allons maintenant passer à la partie questions-réponses de l’appel d’aujourd’hui. Nous vous demandons de vous limiter à une question liée au thème du point de presse d’aujourd’hui, à savoir la sécurité alimentaire en Afrique.
Notre première question nous vient de M. Joe Bavier de Reuters, basé ici en Afrique du Sud. C’est la suivante : « Bien que l’Initiative céréalière de la mer Noire semble avoir réussi à faire baisser les prix mondiaux des céréales, le président russe Poutine a raison lorsqu’il souligne le fait que seule une petite fraction des céréales exportées dans le cadre de l’accord a été expédiée vers des pays en développement, y compris en Afrique. En cas de reconduction, les États-Unis seraient-ils favorables à la création de mécanismes visant à garantir que davantage de céréales soient envoyées en Afrique ? Et dans l’affirmative, comment cela pourrait-il être fait ? »
MADAME L’ADMINISTRATRICE ADJOINTE DE L’USAID COLEMAN : M. Bavier, merci pour votre question, bien que je ne sache pas sur quelles informations vous vous basez pour affirmer que M. Poutine a raison. Les données de l’ONU indiquent que, comme je l’ai dit dans mon allocution d’ouverture, 65 % des céréales de l’Initiative céréalière de la mer Noir ont été distribuées aux pays en développement et 20 % sont allés directement aux pays les moins avancés. C’est tout simplement… il est juste inexact que les pays en développement n’ont pas bénéficié de l’Initiative céréalière de la mer Noire.
Et l’autre point que j’ai également soulevé dans mon allocution d’ouverture et qu’il est très, très important de garder à l’esprit, c’est que les pays qui importent des céréales, ces céréales sont des produits de base mondiaux et leur prix est fixé à l’échelle mondiale. Et en retirant du marché l’un des plus grands greniers du monde, l’Ukraine, la Russie provoque une augmentation des prix alimentaires mondiaux. Nous avons déjà vu que, lorsque l’accord de l’Initiative céréalière de la mer Noire est entré en vigueur, les prix mondiaux des denrées alimentaires ont graduellement baissé, et depuis que la Russie s’est retirée de l’accord, les prix des denrées alimentaires ont de nouveau augmenté. Et cela affecte tous les pays du monde, mais plus particulièrement les grands pays en développement importateurs qui doivent dépenser beaucoup plus de leurs précieuses ressources en devises pour acheter des denrées alimentaires pour nourrir leurs populations.
L’affirmation de Poutine selon laquelle cet accord n’a pas profité aux pays en développement, mais aux pays développés est donc tout simplement fausse. Il bénéficie vraiment le plus aux pays en développement parce qu’ils dépensent une plus grande part de leurs recettes en devises pour importer des aliments que les pays développés. Je suis donc désolée, mais je dirais que c’est l’un des récits fallacieux que Poutine a promu à plusieurs reprises, et ce n’est qu’un mensonge flagrant.
Voir le contenu d’origine : https://www.state.gov/digital-press-briefing-with-isobel-coleman-usaid-deputy-administrator-for-policy-and-programming-and-erin-elizabeth-mckee-usaid-assistant-administrator-bureau-for-europe-and-eurasia/
Nous vous proposons cette traduction à titre gracieux. Seul le texte original en anglais fait foi.