Département d’État des États-Unis
Centre médiatique régional pour l’Afrique
Le 26 octobre 2022
MODÉRATRICE : Bonjour à tous du Centre médiatique régional pour l’Afrique du département d’État des États-Unis. Je souhaite la bienvenue à nos participants et je vous remercie tous de prendre part à cette discussion. Nous avons le grand plaisir aujourd’hui de nous trouver en compagnie de l’ambassadrice Victoria Nuland, la sous-secrétaire d’État chargée des Affaires politiques au département d’État des États-Unis. La sous-secrétaire Nuland évoquera son voyage qui s’est tenu du 16 au 20 octobre en Mauritanie, au Mali, au Niger et au Burkina Faso. Elle nous parle depuis Washington.
Nous commencerons le point de presse d’aujourd’hui par l’allocution d’ouverture de la sous-secrétaire Nuland, puis nous passerons à vos questions. Nous essaierons de répondre au plus grand nombre possible d’entre elles dans le temps qui nous est imparti.
À titre de rappel, le point de presse d’aujourd’hui est officiel, et là-dessus, je cède la parole à Madame la sous-secrétaire Nuland.
MADAME L’AMBASSADRICE NULAND : Ouvrons le micro. Nous y voilà. Merci Tiffany. Bonjour ou bonsoir à tous ceux qui se joignent à nous d’Afrique et du monde entier, et merci de faire bon usage de notre formidable centre médiatique régional pour l’Afrique. Comme l’a dit Tiffany, je reviens tout juste de ma troisième visite en – visite de plusieurs pays en Afrique au cours de mes 18 mois en fonction à ce poste. Il s’agissait d’une visite interinstitutions dans des pays clés du Sahel – comme l’a dit Tiffany, la Mauritanie, le Mali, le Niger et le Burkina Faso – avant le Sommet des dirigeants États-Unis-Afrique du président Biden, prévu pour la mi-décembre.
J’ai eu la chance d’être accompagnée lors de cette visite par la secrétaire adjointe à la Défense, Celeste Wallander ; le général de division de l’AFRICOM Kenneth Ekman, notre stratège à AFRICOM ; le sous-secrétaire d’État adjoint Mike Heath, qui couvre la région du Sahel sous l’autorité de la sous-secrétaire Molly Phee ici au département d’État ; et Greg LoGerfo, qui est notre sous-secrétaire adjoint pour la lutte contre le terrorisme ; et Matt Petit, responsable du Sahel à la Maison-Blanche.
Nous nous nous sommes donc rendus dans la région en force. Nous nous sommes penchés en particulier sur les modalités de fonctionnement de la stratégie américaine au Sahel. C’est une stratégie que nous avons mise en place il y a environ un an pour essayer d’accroître la cohérence de nos actions en faveur de la sécurité, d’une gouvernance forte, dans les pays qui ont connu des coups d’État, pour un retour à la gouvernance démocratique, au développement, à la bonne santé, à l’éducation dans tous des pays de la région – de cette région difficile, difficile où les gens sont de plus en plus victimes de la terreur.
Nous voulons donc – il s’agit d’une région très importante avec une société civile dynamique, et nous voulions nous assurer que nous faisons tout ce que nous pouvons pour aider les populations du Sahel et accroître leur confiance dans la capacité de leurs gouvernements à relever les défis auxquels ils sont confrontés, qu’il s’agisse de la sécurité, de l’alimentation et du développement, de l’éducation, etc.
Je vais m’arrêter là, Tiffany, et nous pouvons passer aux questions.
MODÉRATRICE : Merci, Madame la sous-secrétaire Nuland. Nous allons maintenant passer à la partie questions-réponses de l’appel d’aujourd’hui. Nous vous demandons de vous limiter à une question liée au sujet du point de presse d’aujourd’hui : le récent déplacement de la sous-secrétaire Nuland en Mauritanie, au Mali, au Niger et au Burkina Faso.
Notre première question est celle de Moussa Sayon du journal L’Indépendant au Mali, qui demande : « Vous venez de boucler votre visite au Mali. Avez-vous vu des signes allant dans le sens de la tenue des élections dans le délai. N’y a-t-il pas le risque d’une nouvelle prorogation de la transition ? »
MADAME L’AMBASSADRICE NULAND : Merci pour cette question. Nous avons rencontré des responsables électoraux au Mali. Nous avons également rencontré des militants de la société civile à ce sujet, et nous avons eu des conversations très intenses avec le Premier ministre et le gouvernement. Je vais répéter ce que j’ai dit au Mali, à savoir que jusqu’à présent, d’après ce que nous avons pu constater, le gouvernement intérimaire malien tient son engagement en vue du respect du calendrier convenu pour les élections en 2024. Il y aura toutefois un certain nombre de défis, principalement liés à la sécurité dans l’ensemble du pays, et la sécurité devient en fait plus difficile à assurer compte tenu de l’importance croissante du rôle des forces de Wagner et d’autres dans le pays et du fait qu’elles évincent les Casques bleus de l’ONU, et de l’accroissement des incidents terroristes d’environ 30 % au cours des six derniers mois.
Nous avons également exprimé notre préoccupation en ce qui concerne la garantie d’élections pleinement inclusives. Cette question est liée à la sécurité dans le pays, mais aussi au fait qu’il y a maintenant beaucoup de personnes déplacées à l’intérieur du pays. Elles vont devoir s’inscrire, etc. Il y a donc beaucoup de défis, mais au moins les civils responsables des élections semblent veiller à ce que les préparatifs restent en bonne voie.
MODÉRATRICE : Nous allons ensuite passer en direct à Julian Pecquet de Africa Report. Pouvez-vous ouvrir la ligne, s’il vous plaît, pour M. Pecquet ?
QUESTION : Bonjour, m’entendez-vous ?
MADAME L’AMBASSADRICE NULAND : Nous vous entendons.
MODÉRATRICE : Oui.
QUESTION : D’accord. Merci beaucoup. J’avais une question sur la Mauritanie. Le Mali, le Burkina et le Niger ont tous connu des coups d’État ou des tentatives de coup d’État ces derniers mois. La Mauritanie est un peu une exception ici. Je me demandais si vous pouviez nous faire part des raisons de votre visite dans ce pays en particulier, et aussi du rôle diplomatique qu’il joue dans certains d’entre eux – puisqu’il essaie de remettre certains de ces pays sur la bonne voie. Merci.
MADAME L’AMBASSADRICE NULAND : Eh bien, merci, Julian. Notre visite en Mauritanie s’est très bien passée. Nous y fournissons un soutien important en matière de sécurité et un soutien humanitaire, et l’une des raisons pour lesquelles nous voulions y aller était de parler au président Ghazouani, au Premier ministre et aux responsables de la défense de la réussite de leurs actions de lutte contre le terrorisme, en particulier à la frontière avec le Mali. Grâce à notre aide solide et à d’autres soutiens internationaux, ils ont largement réussi à gérer leurs frontières et leurs problèmes terroristes. Comme je l’ai dit quand j’y étais, il s’agit d’un îlot de stabilité de 10 ans dans une zone très, très difficile. Mais ils sont évidemment préoccupés par ce qui se passe au Mali et dans d’autres parties du Sahel, et ils étaient particulièrement préoccupés par l’entrée des forces de Wagner au Mali et certains des incidents frontaliers qu’ils ont constatés, et leur impact sur les droits humains, etc.
Nous avons donc évoqué ces problèmes, mais nous avons également parlé des possibilités en Mauritanie. Comme je l’ai dit, nous disposons d’un solide programme humanitaire. Nous étudions actuellement les possibilités d’une collaboration accrue en matière de sécurité énergétique. On a découvert un gisement de gaz, comme vous le savez, au large de la Mauritanie, un champ offshore qu’elle partage avec le Sénégal. Une entreprise américaine fait partie du consortium qui l’exploite. Nous pensons qu’il existe d’énormes opportunités pour l’éolien et le solaire en Mauritanie. Et nous avons également parlé de l’importance d’attirer des investissements supplémentaires et de fournir une aide supplémentaire pour l’éducation et d’autres objectifs de développement.
Les États-Unis financent actuellement les repas scolaires de quelque 600 000 Mauritaniens dans des régions clés du pays en dehors de la capitale, ce qui contribue au maintien de la scolarisation des enfants. Nous avons donc parlé de ce programme et d’autres choses que nous pouvons mettre en œuvre.
MODÉRATRICE : Merci. Notre prochaine question nous viendra en direct de Nick Turse de The Intercept au Royaume-Uni. Pourriez-vous s’il vous plaît ouvrir la ligne ?
QUESTION : Bonjour, Madame l’ambassadrice Nuland. Merci de prendre le temps de parler aujourd’hui. Dans un passé récent, des responsables formés aux États-Unis ont renversé sept fois les pays que vous venez de visiter : le Burkina Faso trois fois, le Mali trois fois, la Mauritanie une fois. Pourquoi les officiers formés aux États-Unis continuent-ils de renverser les pays que les États-Unis essaient de soutenir, et que font les États-Unis pour essayer d’y mettre fin ?
MADAME L’AMBASSADRICE NULAND : Nick, c’est un commentaire assez tendancieux que vous venez de faire. Certaines personnes impliquées dans ces coups d’État ont reçu une formation aux Etats-Unis, mais c’est loin d’être le cas de toutes. Vous devez leur demander les raisons pour lesquelles ils renversent leurs gouvernements. Notre message, dans tous les cas, était que les citoyens de ces pays méritent de voir la démocratie rétablie et que, en particulier au Mali et au Burkina Faso, nous attendons de ces deux gouvernements intérimaires qu’ils respectent leur engagement d’organiser des élections avec pleine participation d’ici 2024, comme ils s’y sont engagés, et nous leur apportons un soutien solide à cet effet.
Comme vous le savez probablement, en vertu de la loi américaine notre capacité à fournir du matériel, militaire en particulier, est fortement limitée dans les pays qui ont connu des coups d’État, et nous étions là pour expliquer les restrictions correspondantes. Et malheureusement, dans le cas du Mali, cela a conduit ce gouvernement, ce gouvernement intérimaire, à faire de très mauvais choix en invitant les forces de Wagner à faire partie de leur dispositif de sécurité. Et nous voyons les résultats, comme je l’ai dit plus tôt, avec l’augmentation de la violence et de la terreur et l’expulsion des forces de l’ONU.
MODÉRATRICE : Notre prochaine – je vais lire une question envoyée à l’avance, avant de reprendre les questions en direct, de Georges Stanislas Ouapure Zeze du journal Le Tambourin en République centrafricaine, c’est la suivante : « Quel est – quel était l’enjeu de cette visite ? Ces pays traversent des moments de turbulences et de conflits, je veux dire par là le Mali, le Burkina Faso et le Niger, qui sont en proie à des attaques djihadistes. »
MADAME L’AMBASSADRICE NULAND : Eh bien, je pense que vous avez bien expliqué vous-même ce qui est en jeu. Ces trois pays, en fait ces quatre pays, luttent contre la violence terroriste croissante, qu’elle provienne d’Al-Qaïda ou des affiliés de Daech. Et ils ont – au Burkina, au Niger et en Mauritanie, nous travaillons très étroitement avec ces militaires, avec leur gendarmerie, avec leurs forces antiterroristes, pour les soutenir dans leurs efforts pour repousser ces terroristes et protéger leurs populations de ce poison au Mali.
Comme je l’ai dit, ils ont fait leurs propres choix, qui nous préoccupent considérablement, d’inviter les forces de Wagner. Donc, ce que nous voulions faire dans les pays avec lesquels nous travaillons bien, c’est parler de la façon dont nous renforçons notre soutien, de ce dont ils ont besoin, de la façon dont les choses se passent. Nous avons également parlé des modalités de renforcement de la coopération dans la région parce que, comme vous le savez, les terroristes ne connaissent pas de frontières, ils vont et viennent donc et il existe d’importants problèmes de sécurité aux frontières dans toute la région.
Et au Mali, nous étions là pour exprimer notre inquiétude à la fois en ce qui concerne le rétrécissement de l’espace de la MINUSMA et les contraintes que le gouvernement et les forces de Wagner ont imposées à sa capacité à opérer et s’acquitter de son mandat, mais aussi pour faire part de nos inquiétudes quant au fait que le terrorisme se renforce, au lieu de s’affaiblir, et du fait que nous sommes fermement convaincus que Wagner travaille pour son propre compte, pas pour les populations du pays dans lequel l’organisation s’implante. C’était donc la nature de notre conversation dans ce pays.
MODÉRATRICE : Merci. Notre prochaine question nous vient de Geoffrey York, qui est basé à Johannesburg, du Globe and Mail du Canada. Veuillez ouvrir la ligne.
QUESTION : Oui, j’ai tapé ma question. Mais fondamentalement, je demande quelle est votre évaluation de la force et de la présence des forces du groupe Wagner au Mali ? Voyez-vous des indications selon lesquelles le gouvernement du Burkina Faso envisage un accord avec le groupe Wagner, et quelles sont vos préoccupations exactes s’agissant du groupe Wagner dans les deux pays ?
MADAME L’AMBASSADRICE NULAND : Alors permettez-moi de commencer par le Burkina Faso. Nous avons eu l’opportunité de nous entretenir avec le capitaine, aujourd’hui président – président par intérim Traoré et son équipe de direction, en particulier son ministre de la Défense. Il a dit sans équivoque que ce sont les Burkinabés qui défendront la sécurité de leur nation et qu’ils n’ont aucune intention d’y inviter Wagner. Nous avons précisé, sur la base de l’expérience ailleurs dans la région, que ce soit au Mali ou en RCA, les risques auxquels ils s’exposent s’ils venaient à changer d’opinion sur cette question. Et nous avons discuté intensément, même dans les limites des contraintes qui sont les nôtres dans une situation dans laquelle un coup d’État s’est produit ou, dans ce cas, un coup d’État dans un coup d’État, des modalités de la poursuite de notre soutien aux efforts énergiques de l’armée burkinabé pour repousser le terrorisme en son sein sans soutien extérieur de la Russie ni de Wagner.
Au Mali, comme je l’ai dit un peu plus tôt, nous avons été très francs en ce qui concerne nos préoccupations selon lesquelles la junte malienne a invité Wagner dans son pays et le terrorisme s’est considérablement aggravé ; des forces de Wagner sont présentes en grand nombre sur le terrain ; elles donnent du matériel, mais ce matériel fonctionne mal. Nous les avons récemment vues mal se comporter dans l’un des avions qu’ils ont offerts avant un accident qui a fait des victimes civiles. De nombreux rapports font état de violations des droits humains dans la région où elles sont présentes.
Elles encouragent les forces maliennes à refuser à la MINUSMA l’accès à de larges pans du centre du Mali où la MINUSMA est investie d’un mandat très clair. Et nous craignons que ces forces ne s’intéressent pas à la sûreté et à la sécurité du peuple malien, mais qu’elles entendent plutôt s’enrichir et saigner le pays et aggravent la situation en termes de terrorisme.
Voilà donc la teneur de nos conversations. Les voisins sont également extrêmement inquiets et veulent travailler ensemble, en particulier aux frontières de leurs pays avec le Mali, pour faire en sorte que Wagner et le terrorisme demeurent tous deux du côté malien de la frontière.
MODÉRATRICE : Merci. Notre prochaine question en direct est celle de Portia Crowe de l’Agence France-Presse. Pourriez-vous ouvrir la ligne, s’il vous plaît ?
QUESTION : Bonjour. Pouvez-vous m’entendre ?
MADAME L’AMBASSADRICE NULAND : Oui, Portia.
QUESTION : D’accord, super. Merci pour votre temps. Diriez-vous que le partenariat renforcé du Mali avec la Russie risque d’interrompre les activités américaines ? Et en quelque sorte à l’inverse, avec le retrait de la France, le retrait du Mali, quel genre d’impact cela a-t-il eu sur les opérations américaines ? Et quels changements, le cas échéant, ont été apportés pour gérer cela ?
MADAME L’AMBASSADRICE NULAND : La capacité des États-Unis à aider le Mali sur le plan de la sécurité est aujourd’hui fortement limitée, d’abord et avant tout par le fait qu’il y a eu un coup d’État. Donc, en vertu de la loi américaine, il y a une limite à l’assistance que nous pouvons apporter aux forces gouvernementales, comme je l’ai dit, dans le contexte d’un coup d’État jusqu’à ce que la démocratie soit rétablie, donc jusqu’en 2024, mais encore plus par le choix que le gouvernement malien a fait de s’associer avec Wagner. Nous n’allons tout simplement pas opérer dans le même espace, même si nous y étions invités ou étions capables de le faire, à cause de la manière négative dont ils opèrent, de leurs violations des droits humains, de la façon dont ils traitent les gens.
Comme vous le savez, la France a déplacé au Niger une partie des forces qu’elle avait précédemment au Mali et y a renforcé sa présence. Nous avons appuyé cette mesure. Nous avons travaillé ensemble très, très étroitement. Les autorités nigériennes ont été positives sur le rôle que les forces françaises jouent maintenant dans le cadre du soutien à leurs opérations, en particulier le long de leurs frontières avec le Mali, comme je l’ai dit, pour essayer de contenir les terroristes et Wagner du côté malien de la frontière. Et nous travaillons très étroitement ensemble sur l’ensemble de la situation sécuritaire au Sahel, comme nous l’avons historiquement fait et comme nous le faisons avec d’autres pays européens avec les deux forces, un soutien à la sécurité et un soutien au développement.
Maintenant, au Mali, nous conservons une aide importante au développement, à la santé, en matière électorale, et nous essayons d’atteindre autant de personnes que possible au Mali. Nous avons eu une conversation avec les autorités maliennes pour faire en sorte que l’aide américaine puisse parvenir aux populations qui en ont le plus besoin, ainsi qu’avec la MINUSMA, qui est également frustrée. Nos contraintes de fonctionnement ont donc des conséquences réelles ; La France s’est repositionnée hors du Mali, donc nous essayons tous d’aider les populations, mais nous sommes limités par les mauvais choix sécuritaires de la junte.
MODÉRATRICE : Merci. Notre prochaine question est celle de Pearl Matibe de Power FM 98.7. Pouvez-vous ouvrir sa ligne, s’il vous plaît ? Il semble y avoir un problème technique avec Pearl et sa ligne. Nous prendrons alors la question de Simon Ateba de – oh, voici Pearl.
QUESTION : Bonjour, m’entendez-vous ? Madame l’ambassadrice Nuland, je suis vraiment ravie que vous soyez disponible pour nous parler aujourd’hui. Ma question est qu’il y a des rapports qui critiquent l’approche américaine vis-à-vis de ces quatre pays, et je voulais que vous ayez l’opportunité de répondre à cette croissance de l’anti-statu quo. Ma question pour vous va donc au-delà de ce qui se trouve à la surface, qu’est-ce qui se trouve selon vous au cœur des frustrations africaines là-bas dans ces pays, et quel était ou est maintenant votre sentiment au retour de votre visite dans ces quatre pays ? Merci beaucoup.
MADAME L’AMBASSADRICE NULAND : Eh bien, Pearl, j’aurais évidemment besoin de plus de détails sur ce à quoi vous faites allusion. Je dirais simplement qu’au Niger, par exemple, où nous sommes très fortement investis tant du côté sécuritaire, de la lutte contre le terrorisme, qu’en ce qui concerne le développement et l’action humanitaire, c’était mon deuxième voyage en un peu plus d’un an. Et je dois dire que cette fois-ci, nous avons été impressionnés par le fait que les forces nigériennes, avec notre soutien, avec le soutien d’autres participants internationaux, sont plus confiantes et plus efficaces dans leur lutte face à la menace terroriste. Je pense que ce qui les préoccupe maintenant, c’est ce qui se passe au Burkina, ce qui se passe au Mali. Elles étaient très favorables, tout comme les Mauritaniens, à ce que nous parlions à tous les gouvernements de la région.
L’une de nos conclusions est à mon avis que, alors qu’il existe des relations très solides entre Washington et Niamey, Washington et Nouakchott, il existe des échanges positifs entre Washington et Ouagadougou, avec le retrait malien du G5, nous n’avons pas pu développer le genre d’approche régionale de lutte contre le terrorisme, notamment dans le contexte d’un Mali qui fait bande à part, susceptible de protéger les autres pays et de leur permettre de travailler ensemble aussi efficacement que nécessaire.
Donc, nous travaillons en particulier au renforcement du dialogue intra-africain, du dialogue intra-sahélien sur ces questions et à l’offre d’une contribution plus efficace au soutien à la sécurité au niveau régional.
L’autre chose que je dirais ici, c’est que les besoins de développement sont criants partout. Nous sommes de fervents partisans, par exemple au Niger, de l’initiative du président Bazoum en faveur de l’éducation. Le fait que seulement 50 % des enfants nigériens soient scolarisés est un problème futur pour la sécurité. Et le président Bazoum est très focalisé sur cette question, et nous avons eu la chance de rencontrer des militants dans le domaine de l’éducation et de recueillir certaines de leurs idées sur les moyens de renforcer nos programmes.
En Mauritanie, comme je l’ai dit, je pense que nous pouvons faire beaucoup plus dans les domaines des investissements, de l’énergie, et lui apporter un soutien pour favoriser la prospérité de sa population. Et cela fournira également des emplois et préservera sa jeunesse de la tentation du terrorisme, etc.
Et puis nous étions très impatients de nous rendre au Burkina et à Ouagadougou à ce moment-là pour préciser que notre soutien humanitaire et au développement se poursuivra. Nous ferons tout notre possible, et nous faisons beaucoup, dans les domaines de la sécurité et de la lutte contre le terrorisme pour aider les forces armées, même si nous sommes quelque peu contraints par la loi américaine compte tenu du coup d’État, mais nous entendons également apporter un soutien dans le domaine électoral tant que le gouvernement y respectera l’échéance de 2024 de la CEDEAO. Nous voulions donc les entendre – qu’il nous rassurent sur cette question, et cela a été le cas. Et donc nous avons également rencontré des civils qui sont déterminés à mettre en œuvre ce calendrier, et ce sera également très, très important.
MODÉRATRICE : Merci. Malheureusement, c’est tout le temps dont nous disposons pour aujourd’hui. Madame la sous-secrétaire Nuland, voulez-vous dire un dernier mot ?
MADAME L’AMBASSADRICE NULAND : Juste pour dire qu’alors que le président Biden et notre équipe se préparent pour le Sommet des dirigeants États-Unis-Afrique, nous sommes fermement déterminés à travailler avec le continent pour relever les nombreux défis mondiaux auxquels nous sommes confrontés depuis un certain temps maintenant, qu’il s’agisse des risques climatiques, de la sortie de la pandémie de COVID, mais aussi de relever les nouveaux défis qui ont été exacerbés par la guerre violente de la Russie contre l’Ukraine – l’insécurité alimentaire, le prix de l’énergie, l’inflation, etc.
Nous avons très bien travaillé ensemble à New York lors de l’Assemblée générale des Nations unies pour rallier un soutien supplémentaire au Programme alimentaire mondial et à d’autres efforts internationaux pour obtenir de la nourriture – pour renforcer la sécurité alimentaire, en particulier en Afrique. Nous avons très bien travaillé ensemble pour renforcer la sécurité sanitaire sur l’ensemble du continent, et nous sommes impatients d’échanger des idées sur les modalités d’une collaboration possible entre les États-Unis et les pays d’Afrique pour répondre aux problèmes mondiaux. Et c’est de cela qu’il s’agira lors de ce sommet.
Merci beaucoup pour votre écoute.
MODÉRATRICE : Merci. Ceci conclut le point de presse d’aujourd’hui. Je tiens à remercier Madame l’ambassadrice Victoria Nuland, sous-secrétaire d’État chargée des Affaires politiques au département d’État des Etats-Unis, de nous avoir parlé aujourd’hui, ainsi que tous les journalistes participants. Si vous avez des questions au sujet du point de presse d’aujourd’hui, vous pouvez contacter le Centre médiatique régional pour l’Afrique du département d’État des États-Unis à AFMediaHub@state.gov. Merci.
Voir le contenu d’origine : https://www.state.gov/remarks-and-releases-africa-regional-media-hub/digital-press-briefing-with-ambassador-victoria-nuland-under-secretary-for-political-affairs-u-s-department-of-state/
Nous vous proposons cette traduction à titre gracieux. Seul le texte original en anglais fait foi.